Plaidoyer citoyen pour sauver des vies en mer
12 octobre 2022

Dans tous les événements auxquels SOS MEDITERRANEE participe, la question ressurgit systématiquement : « qu’est-ce qu’on peut faire à notre niveau pour que cela change ? ». La réponse est simple : tout.

C’est la mobilisation de la société civile, qui a permis l’affrètement de l’Aquarius et de l’Ocean Viking. C’est grâce aux citoyen.ne.s solidaires que nos deux navires de sauvetage ont secouru 36 789 personnes depuis 2016. Sans l’intervention de notre navire citoyen, elles auraient connu le même destin tragique que les 24 981 disparu.e.s en Méditerranée[1], dont l’immense majorité a sombré en Méditerranée centrale. C’est cette chaîne de solidarité de la mobilisation citoyenne à terre qui prolonge le geste de la main tendue des équipes de sauvetage en mer.

Crédits : Luciano Gallo / SOS MEDITERRANEE

Quand l’indignation devient action :  la société civile se mobilise

En 2015, ce sont des citoyennes et des citoyens indigné.e.s qui ont permis grâce à une opération de crowd funding d’affréter l’Aquarius. Depuis, bien des obstacles sont venus éprouver, en vain, cette détermination à agir.

« Notre force, c’est la conviction première qui nous anime, simple, inébranlable : impossible de ne pas tendre la main à quelqu’un qui se noie, aux portes de l’Europe, à portée de main » rappelle Sophie Beau, co-fondatrice et directrice de SOS MEDITERRANEE France.

Les États européens ne remplissant pas leur devoir de secours des personnes en danger en Méditerranée centrale, route migratoire maritime la plus meurtrière au monde, depuis 2014, il fallait agir. C’est ce qu’ont fait les premiers bénévoles de l’association.

Aujourd’hui, en France mais aussi en Italie, en Suisse et en Allemagne, plus d’un millier de bénévoles se mobilisent pour continuer de dénoncer une situation inacceptable, en portant le témoignage des rescapé.e.s et en organisant des événements pour sensibiliser le public. Ces dernières semaines par exemple, à Vienne, dans le cadre d’une pièce de théâtre autobiographique écrite par le journaliste Alpha Kaba, secouru par l’Aquarius, les bénévoles lyonnais prenaient la parole devant un public qui découvrait la situation en mer ; à Colombelles, les quatre ans de l’antenne de Caen ont rassemblé 500 personnes avec un diaporama sur les femmes rescapées, une fresque murale et des animations assurées par les étudiants des Beaux-arts ainsi qu’une prise de parole de  François Thomas, président de SOS MEDITERRANEE ; enfin sur les ondes de France Bleu, Jean-Pierre, bénévole de l’antenne héraultaise, racontait dans une série de podcasts « les nouvelles routes du désespoir » et d’autres histoires en Méditerranée, rappelant qu’ « il est temps que les États européens donnent des réponses appropriées aux drames méditerranéens… »

Bénévoles à la Fiesta des Suds le week end du 8 octobre 2022 à Marseille. L’opération Gobelets solidaire toujours aussi populaire. Crédits : Guillaume Madec / SOS MEDITERRANEE
Nombreuses animations à Caen dans le cadre des cinq ans de cette antenne bénévole.  Photo : Julie / SOS MEDITERRANEE

Chaque jour, les propositions de soutien nous arrivent de citoyen.ne.s, d’entreprises, de personnalités publiques – le dernier en date étant le groupe Feu ! Chaterton, qui se produira le 20 novembre à Bordeaux -, de donatrices et de donateurs, d’écoles, de collectivités territoriales… c’est la réaction spontanée de l’indignation contre l’indifférence qui s’exprime à travers SOS MEDITERRANEE.

Des revendications à porter collectivement : ressources maritimes et coordination

Depuis sept ans, nous assistons à l’érosion de principes fondamentaux du droit maritime et du droit international en Méditerranée. L’Union européenne (UE) et certains de ses États membres se sont désengagés du sauvetage en mer et participent depuis plusieurs années au financement, à l’entraînement et à l’équipement des garde-côtes libyens. Résultat : ces derniers interceptent les personnes en détresse en mer et les ramènent de force vers la Libye. Or, la Libye n’est pas un port sûr et les personnes interceptées y sont victimes de graves violences et de traitements inhumains dénoncés par les agences des Nations-Unies. Par ailleurs, nous constatons, lors de nos interventions en mer, que la coordination devant être assurée depuis 2018 par les autorités libyennes est défaillante voire inexistante.

Photo : Tara Lambourne / SOS MEDITERRANEE

Depuis sa création, SOS MEDITERRANEE demande que l’on place l’obligation de porter secours à toute personne en détresse en mer avant toute autre considération. Jusqu’à ce jour, nos demandes, adressées aux États européens de mettre un terme aux drames des naufrages à répétition en Méditerranée centrale, demeurent sans réponse.  Nos demandes sont  pour :

  1. une coordination effective et transparente des opérations de recherche et de sauvetage, via un centre de coordination des secours maritime opérationnel et efficace ;
  2. un nombre suffisant de ressources maritimes et aériennes étatiques dédiées aux opérations de recherche et de sauvetage opérant en Méditerranée centrale.

Pour avoir les détails de nos revendications, consultez notre page Plaidoyer.

L’appui de la société civile pour relayer les messages et le plaidoyer de l’association est essentiel. Il l’est tout autant pour financer les coûts importants que représente une opération de sauvetage. Un impératif d’autant plus fort en 2022 alors que nous subissons l’impact de la guerre en Ukraine avec le prix du carburant de marine multiplié par trois.  Il y a de nombreuses façons de se mobiliser pour SOS MEDITERRANEE…  

10 choses que vous pouvez faire pour sauver des vies !

1. Devenez bénévole à SOS MEDITERRANEE dans l’une de nos 19 antennes

2. Internautes : relayez nos actualités, témoignages et revendications (réseaux sociaux, web, bouche à oreille, presse, etc.)

3. Citoyen.ne.s : organisez une projection-débat ou un événement dans votre quartier

4. Artistes : organisez un événement en soutien à SOS MEDITERRANEE (musique, théâtre, expo…)

5. Tout.e.s : faites un don

6. Associations, institutions : réservez une de nos expositions photo, organisez un débat…

7. Enseignant.e.s ou élèves : organisez une séance de sensibilisation scolaire dans votre établissement

8. Salarié.e.s ou chef.fe.s d’entreprise : organisez un défi solidaire dans votre entreprise (RSE)

9. Personnalités publiques : rejoignez le comité de soutien

10. Collectivitités locales : rejoignez la plateforme des collectivités solidaires avec SOS MEDITERRANEE

Contactez-nous pour en savoir plus : mobilisation@sosmediterranee.org

[1] Ces chiffres, en date du 12 octobre 2022, sont recensés par l’OIM. Ils correspondent aux personnes officiellement décédées en Méditerranée. Mais cela ne compte pas les nombreux naufrages invisibles