Les sauvetages

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SAUVETAGES DEPUIS LA CRÉATION DE SOS MEDITERRANEE

*05/02/2024

39 767*

PERSONNES SECOURUES DEPUIS 2016

*05/02/2024

+120

MARINS-SAUVETEURS SONT INTERVENUS AVEC SOS MEDITERRANEE DEPUIS 2016

2299*

PERSONNES ONT ÉTÉ SECOURUES EN 2023

*08/01/2024

Zone d'intervention

L’Ocean Viking opère sur la route migratoire maritime la plus mortelle au monde, en Méditerranée centrale, dans les eaux internationales situées entre la Libye et l’Italie. Les conventions maritimes divisent la mer en plusieurs zones où le droit s’applique différemment. Le long des côtes, jusqu’à 12 milles nautiques (environ 22 km), se trouvent les eaux territoriales de l’État côtier : il est complètement souverain sur cette partie de la mer. L’Ocean Viking ne pénètre jamais dans les eaux territoriales libyennes.

Au-delà, dépassés 12 milles nautiques, se trouvent les eaux internationales où tout navire peut librement naviguer. Le navire patrouille le plus souvent à une cinquantaine de kilomètres au large des côtes libyennes, où la majorité des embarcations en détresse sont signalées.

Une zone SAR (“search and rescue”) est un espace maritime aux dimensions définies, où des services de recherche et de sauvetage sont assurés par un État côtier à proximité, à commencer par la coordination des opérations SAR. La zone SAR s’étend à la fois sur les eaux territoriales et internationales ; ce n’est pas une zone où l’État jouit d’une autorité ou de droits étendus, mais plutôt un espace de responsabilité. Au sein de sa zone SAR, l’État côtier doit assurer la prise en charge et la coordination des secours en mer et trouver un lieu sûr où débarquer les rescapé.e.s.

Aujourd’hui, la majorité des opérations de sauvetage menées par l’Ocean Viking ont lieu dans la zone SAR libyenne. Avant 2018, cette zone SAR n’existait pas : la coordination des opérations de sauvetage dans la région était, par défaut, prise en charge par les autorités maritimes italiennes. Depuis 2018, une zone SAR libyenne a été créée, et l’autorité a été transférée aux garde-côtes de ce pays.

Ce nouveau système est marqué par de nombreux dysfonctionnements qui affectent les opérations de SOS MEDITERRANEE et des autres navires ou avions engagés dans une opération de secours. Les garde-côtes libyens ne remplissent pas leur responsabilité de coordination des sauvetages au regard du droit maritime :

  1. Ils ne transmettent pas les appels des embarcations en détresse aux navires à proximité susceptibles de leur venir en aide ;
  2. Ils ne répondent presque jamais aux sollicitations des navires d’ONG ;
  3. Ils sont dans l’incapacité de désigner un port sûr où débarquer les rescapé.e.s, puisque la Libye ne peut pas être considérée comme un lieu sûr au regard du droit maritime.

Ainsi, depuis 2018, les équipes de SOS MEDITERRANEE ne reçoivent pratiquement aucune aide des autorités maritimes compétentes dans leur mission de sauvetage. Ce sont les différentes ONG présentes dans la zone qui collaborent pour repérer et secourir les embarcations en détresse.

Une carte interactive pour garantir la transparence des opérations

Si vous voulez savoir où s’est produit un sauvetage de l’Aquarius ou de l’Ocean Viking et à quelle date, combien de femmes et d’enfants étaient à bord, ou encore avoir une vue d’ensemble de l’évolution des lieux de sauvetage depuis 2016, voici la carte interactive développée par CartONG* pour SOS MEDITERRANEE.

Encore plus de transparence sur les opérations de l’Ocean Viking

Les instructions émanant du navire et celles reçues par les autorités maritimes, ainsi que leurs non-réponses, sont retranscrites dans les meilleurs délais dans le journal de bord en ligne. Les différentes informations relatives à une opération y sont aussi consignées, depuis la réception de l’alerte jusqu’au débarquement des rescapés.

Déroulement d'un sauvetage

Dès qu’une embarcation en détresse est localisée ou signalée, une véritable course contre la montre se déroule en mer. Deux à trois canots de sauvetage approchent l’embarcation en détresse. Le premier impératif est de calmer les occupants pour éviter les mouvements de panique qui pourraient faire chavirer l’embarcation. Un médiateur culturel multilingue les rassure puis leur donne des instructions. Les gilets de sauvetage sont distribués, les individus les plus vulnérables (personnes en situation d’urgence médicale, puis les femmes et les enfants) sont transférés vers le navire à l’aide des canots de sauvetage. S’ensuit une série de navettes pour ramener tou.te.s les rescapé.e.s en sécurité à bord. Dans certains cas, le sauvetage se conclut par le transfert des corps de personnes décédées pendant la traversée. Les embarcations pneumatiques sont ensuite détruites pour éviter qu’elles soient réutilisées. En fonction des conditions, chaque opération peut durer entre une et sept heures.

Les 6 temps d'un sauvetage :

La Convention internationale sur la recherche et le sauvetage maritime (Convention SAR) définit le sauvetage comme une "Opération destinée à repêcher des personnes en détresse, à leur prodiguer les premiers soins médicaux ou autres dont ils pourraient avoir besoin, et à les remettre en lieu sûr." De la recherche d'embarcations en détresse au débarquement dans un lieu sûr, découvrez en vidéo les six temps d'un sauvetage en mer opéré par les équipes de SOS MEDITERRANEE et la FICR.

L'équipement de nos équipes de recherche et de sauvetage :

Découvrez dans cette vidéo avec Justine, membre de l'équipe SAR, l'équipement de protection individuelle (EPI) que nos sauveteurs portent lors des sauvetages. Chaque article a un objectif spécifique comme l'explique Justine. L'EPI est conçu pour les protéger et permettre aux sauveteurs de faire face à tout type de situation en mer, ce qui est crucial pour sauver les vies des personnes en détresse.

RECHERCHE

L’Ocean Viking navigue dans les eaux internationales de la Méditerranée centrale, la route migratoire maritime la plus mortelle au monde.

COORDINATION

Lorsqu’une embarcation en détresse est repérée, le centre de coordination
des sauvetages compétent est informé : toute l’opération est coordonnée dans le strict respect du droit maritime international.

SAUVETAGE

Les marins-sauveteurs calment les naufragés et distribuent les gilets de
sauvetage. Ils les ramènent à bord (blessés, malades, enfants et femmes enceintes d’abord).

ACCUEIL A BORD

L’équipe met les rescapés à l’abri puis leur distribue des vêtements secs,
des couvertures, de l’eau et de la nourriture.

SOINS MEDICAUX

Le médecin, la sage-femme et les deux infirmiers reçoivent en consultation les malades, les blessés et les femmes enceintes. Une écoute psychologique est également disponible.

DEBARQUEMENT

L’Ocean Viking débarque les rescapés dans un port sûr où leurs droits et
besoins fondamentaux sont assurés.

RECHERCHE

L’Ocean Viking navigue dans les eaux internationales de la Méditerranée centrale, la route migratoire maritime la plus mortelle au monde.

COORDINATION

Lorsqu’une embarcation en détresse est repérée, le centre de coordination
des sauvetages compétent est informé : toute l’opération est coordonnée dans le strict respect du droit maritime international.

SAUVETAGE

Les marins-sauveteurs calment les naufragés et distribuent les gilets de
sauvetage. Ils les ramènent à bord (blessés, malades, enfants et femmes enceintes d’abord).

ACCUEIL A BORD

L’équipe met les rescapés à l’abri puis leur distribue des vêtements secs,
des couvertures, de l’eau et de la nourriture.

SOINS MEDICAUX

Le médecin, la sage-femme et les deux infirmiers reçoivent en consultation les malades, les blessés et les femmes enceintes. Une écoute psychologique est également disponible.

DEBARQUEMENT

L’Ocean Viking débarque les rescapés dans un port sûr où leurs droits et
besoins fondamentaux sont assurés.

Types d'embarcations rencontrées

Cinq types d’embarcations en détresse ont été secourues depuis le début des opérations en 2016. Aucune de ces embarcations de fortune n’est apte à la navigation en pleine mer, d’autant qu’elles sont surchargées : les chances de survie sont donc minimes. Les occupant.e.s ne disposent pas suffisamment d’eau, de nourriture et de carburant pour accomplir la traversée. Pourtant ni les interceptions par les garde-côtes libyens, ni l’hiver, ni le danger de périr en mer ne les découragent : dès qu’une fenêtre météo le permet, ces personnes prennent la mer pour fuir la Libye.

Les embarcations pneumatiques

Extrêmement dangereuses, elles mesurent une dizaine de mètres et sont constituées de planches et de boudins de caoutchouc grossièrement assemblés avec des clous. Elles menacent à tout moment de rompre, de se dégonfler sous le poids des occupant.e.s (environ 150 personnes sur quelques mètres carrés) ou de chavirer. L’Ocean Viking est arrivé à plusieurs reprises auprès d’embarcations pneumatiques dégonflées ou cassées, provoquant des situations dramatiques.

[TÉMOIGNAGE] Maïmouna, 17 ans SOS Méditerranée

Grands bateaux en bois

Longs d’une vingtaine de mètres, ils contiennent plusieurs centaines de personnes entassées sur le pont et dans la cale, parfois sur plusieurs niveaux. Le risque de chavirer lors d’un mouvement de foule est extrêmement élevé, ce qui rend les opérations de sauvetage particulièrement délicates.

« Si vous comptez me ramener en Libye, je saute du bateau » SOS Méditerranée

Bateaux en bois de taille moyenne

Ces embarcations intermédiaires, également instables, contiennent entre 50 et 100 personnes, voire plus.

Mardi 16 janvier : la plus longue journée de l’hiver au large de la Libye SOS Méditerranée

Petits bateaux en bois

Les anciens bateaux de pêche ou barques en bois, longs de quelques mètres, souvent en très mauvais état, contiennent entre 10 et 50 personnes.

Mardi 16 janvier : la plus longue journée de l’hiver au large de la Libye SOS Méditerranée

Barques en fibre de verre

Surchargés, ces petits bateaux de plaisance destinés aux balades sur la côte sont, comme les bateaux en bois, très vulnérables aux vagues et risquent à tout moment de se retourner.

Mardi 16 janvier : la plus longue journée de l’hiver au large de la Libye SOS Méditerranée

Embarcations en métal

Depuis juin 2023, des petites barques en métal ont fait leur apparition au nord de notre zone de patrouille habituelle, en provenance de la Tunisie. Il s’agit de plaques de métal soudées ensemble rapidement – parfois par les personnes rescapées elles-mêmes au moment du départ. Elles sont très instables et fragiles, et se remplissent d’eau à la première vague.

Mardi 16 janvier : la plus longue journée de l’hiver au large de la Libye SOS Méditerranée

Voiliers

Exceptionnellement, des voiliers sont également secourus, comme ce fut le cas le 3 novembre 2023 en mer Ionienne, avec 75 personnes entassées à bord.

Mardi 16 janvier : la plus longue journée de l’hiver au large de la Libye SOS Méditerranée

Les soins à bord

Depuis août 2021, ce sont les équipes de la Fédération Internationale des sociétés de la Croix Rouge et du Croissant Rouge qui apportent un soutien vital aux personnes secourues : premiers soins, nourriture et biens de premières nécessités.

[TÉMOIGNAGE] Maïmouna, 17 ans SOS Méditerranée
[FOCUS] Durant plus d'un an, les équipes de SOS MEDITERRANEE ont dispensé des soins médicaux à bord de l'Ocean Viking SOS Méditerranée

L'équipe médicale s’occupe de l'état de santé général des rescapés à bord dès le sauvetage et ce, jusqu'au débarquement. Après des mois, voire des années, passés en Libye, les personnes secourues en mer présentent souvent un état de santé précaire en raison de la violence extrême qu’ils y ont connue et des conditions de détention épouvantables en Libye. L’équipe médicale à bord rencontre notamment de nombreux cas de blessures par balle ou par couteau, de multiples fractures, des traces de torture, des maladies de peau et des infections respiratoires.

Le travail de l'équipe médicale commence dès que les rescapés sont mis en sécurité à bord de l'Ocean Viking : certains peuvent être en état d'urgence, nécessitant une réanimation cardio-pulmonaire ; souffrir d'hypothermie causée par un séjour de plusieurs heures dans l'eau ; ou présenter des brûlures cutanées causées par le mélange d'eau de mer et de carburant dans les embarcations de fortune. L'équipe médicale effectue un premier triage pour identifier les personnes nécessitant des soins immédiats. Les autres tâches de cette première phase aiguë de soins médicaux comprennent le traitement des blessures ainsi que des cas de déshydratation et d’insolation.

Lors d'une opération de sauvetage critique - caractérisée par la présence de plusieurs personnes tombées à l'eau ou de multiples urgences médicales simultanées, ou bien les deux à la fois –, toutes les personnes à bord de l’Ocean Viking sont mises à contribution pour dispenser les premiers secours. L'ensemble de l'équipage suit préalablement une formation approfondie pour pouvoir faire face à ce type de sauvetage appelé “plan d’afflux de blessés” (Mass Casualty Plan).

Au-delà des soins d'urgence dispensés immédiatement après un sauvetage, la fonction de l'équipe médicale à bord est de veiller à la santé (y compris la santé reproductive) des rescapés en général. Pendant les six premiers mois d’opérations avec l'Ocean Viking, 550 consultations médicales par mois ont été effectuées à bord en moyenne. Les trois affections les plus fréquemment traitées à bord de l'Ocean Viking sont le mal de mer, les douleurs corporelles généralisées et maux de tête, ainsi que les infections cutanées. Pour les cas médicaux plus graves qui doivent être pris en charge à terre, il appartient à l'équipe médicale de décider de la nécessité de demander une évacuation médicale en urgence, qui sera effectuée soit par hélicoptère, soit par bateau. Depuis août 2019, trois évacuations médicales (ou « Medevacs »), ont été facilitées par les autorités maritimes compétentes à partir de l'Ocean Viking.

Droit maritime

Toutes les actions menées par SOS MEDITERRANEE s’inscrivent dans le cadre légal des opérations de sauvetage et respectent le droit maritime international et ses principes :

Obligation de prêter assistance : les capitaines et les Etats ont l’obligation de prêter assistance sans délai à quiconque est en détresse en mer (1).

Secourir indépendamment de la nationalité, du statut ou des circonstances : l’obligation de prêter assistance s’applique quels que soient la nationalité et le statut des personnes en détresse, ou les circonstances dans lesquelles elles sont trouvées (2).

Humanité : à bord du navire, après un sauvetage, la dignité des survivants doit être respectée (3) et leurs besoins immédiats satisfaits (4).

Débarquement rapide : les survivants doivent être débarqués dans un lieu où leur sécurité n’est plus menacée (5), dès que raisonnablement possible (6), et avec une déviation minimum par rapport au parcours initialement prévu par le navire (7).

Lieu sûr : endroit où les opérations de sauvetage sont considérées comme terminées. C’est aussi un lieu où la vie des survivants n’est plus menacée et où leurs besoins élémentaires peuvent être satisfaits (nourriture, abri et soins médicaux… (8).

Liberté de navigation en haute mer : les navires de chaque Etat ont le droit de naviguer en haute mer (9).

1. UNCLOS Art. 98, SOLAS, Chapitre V, Reg.33-1, Directive IMO MSC.167(78), Convention internationale sur l’assistance, Art. 10(1).

2. SOLAS, Chapitre V, Rég. 33.

3. Règlement de l’UE n° 656/2014, Art. 6.

4. Directive IMO MSC.167(78), 5.1.2.

5. Directive IMO MSC.167(78), 5.1.6, Convention SAR 1.3.2.

6. SOLAS, Chapitre V, Rég. 33-4.

7. Directive IMO MSC.167(78), 2.4, SOLAS, Chapitre V, Rég. 33.

8. Annexe de la Convention SAR, 1.3.2.

9. UNCLOS, Art. 87.

Recherche et Sauvetage en mer : une obligation légale internationale pour les États et les capitaines de navires

SOS MEDITERRANEE est une association humanitaire maritime et européenne de sauvetage en mer. Depuis ses premières opérations en 2016, elle a toujours ancré ses actions de secours aux personnes en détresse en Méditerranée centrale dans le respect du droit maritime et la transparence.

 

Depuis sa création, SOS MEDITERRANEE garantit la transparence de toutes ses opérations en mer. Pour cela l’association documente chaque étape de chaque opération de recherche et de sauvetage sur un site web ouvert www.onboard.sosmediterranee.org. Ainsi, les communications avec les autorités et les observations du navire y sont enregistrées dans les 48 heures. Ces informations sur le cadre juridique des opérations de recherche et de sauvetage en mer y sont consultables. Par ailleurs, plus de 250 journalistes indépendants ont embarqué avec SOS MEDITERRANEE depuis 2016.

 

Le sauvetage en mer : une tradition et une obligation maritime ancienne

Nos opérations en mer sont fondées sur le droit maritime et les conventions internationales (telles que SOLAS 1974, SAR 1979, UNCLOS 1982). La Convention des Nations-Unies sur le droit de la mer du 10 novembre 1982 stipule que : « Tout État exige du capitaine d'un navire battant son pavillon, dans la mesure où il peut le faire sans danger grave pour le navire, l'équipage ou les passagers : (a) de prêter assistance à toute personne trouvée en mer en danger de disparaître ». (Article 98 (1)). Le devoir d'assistance en mer est une tradition maritime ancienne et une norme impérative qui a été traduite dans le droit international.

Lors de nos opérations en mer, SOS MEDITERRANEE recherche la coordination de toutes ses actions de recherche et de sauvetage auprès des autorités maritimes compétentes, en les tenant informées à chaque étape.

Coordination des opérations de recherche et de sauvetage : une obligation légale oubliée en Méditerranée centrale

Les centres de coordination des secours maritimes sont chargés de déterminer les acteurs avec lesquels nous devons coopérer lors d'une opération de sauvetage. Ils indiquent également si et quand transférer les personnes secourues depuis d'autres navires, et enfin dans quel port les débarquer. Depuis 2018, à la suite de la mise en place de la Région de recherche et de sauvetage libyenne sous la responsabilité du centre de coordination des secours de Tripoli, dans les eaux internationales, SOS MEDITERRANEE fait face à un manque de coordination et de partage d'informations de plus en plus préoccupant de la part des autorités maritimes.

Comme le Centre de coordination des secours libyen (JRCC), officiellement chargé de coordonner les opérations de recherche et de sauvetage dans la Région de recherche et de sauvetage (SRR) libyenne, ne répond pas aux demandes de coordination des ONG de recherche et de sauvetage, la passerelle de l'Ocean Viking tient informées de ses opérations les autorités maritimes les plus à même de les aider : les autorités italiennes et maltaises.

L'Ocean Viking participe à des opérations de recherche et de sauvetage non seulement dans la Région de recherche et de sauvetage libyenne, mais aussi dans toute la Méditerranée centrale, dont une partie dépend des régions de recherche et de sauvetage italienne et maltaise. Bien que la coordination ait fait défaut ces dernières années, il existe encore de rares cas dans lesquels l'Ocean Viking reçoit des instructions des autorités maritimes, y compris des garde-côtes italiens, de s'engager dans une recherche ou de se diriger vers un cas de détresse ou de se rendre dans un port de débarquement.

Pas de discrimination dans le sauvetage en mer

Comme le stipule la convention SOLAS, l'obligation de porter assistance aux personnes en détresse « s'applique quels que soient la nationalité ou le statut de ces personnes ou les circonstances dans lesquelles elles se trouvent ». (Règle 33 de la Convention SOLAS, 1974 (adoptée le 20 mai 2004)) Ainsi, SOS MEDITERRANEE porte secours aux personnes en détresse en mer parce que c'est une obligation légale ainsi qu'un impératif moral.

Désigner rapidement un lieu sûr pour les rescapé.e.s : une obligation pour les États côtiers

Selon les conventions maritimes, un sauvetage n'est terminé que lorsque les rescapé.e.s ont été débarqué.e.s dans un lieu sûr (SOLAS / chapitre 5 / règle 33). La Convention SOLAS de 1974 et les amendements à la Convention SAR de 2004 stipulent que « dans tous les cas », un lieu sûr doit être « fourni dans un délai raisonnable ». En outre, la « coopération et la coordination » au sein des gouvernements contractants sont prescrites pour garantir  « que les rescapé.e.s assisté.e.s soient débarqué.e.s » du navire qui leur porte assistance et conduit.e.s dans un lieu sûr ».

La Libye ne peut être considérée comme un lieu de sûr

Un lieu sûr est défini comme « un lieu où la sécurité de la vie des rescapé.e.s n'est plus menacée et où leurs besoins humains fondamentaux (tels que nourriture, abri et besoins médicaux) peuvent être satisfaits. (...) » (Annexe à la Convention SAR de 1979, 1.3.2.) Ces critères requis pour un lieu sûr ne sont pas respectés en Libye. Plusieurs rapports de Human Rights Watch, de la Mission d'appui des Nations-Unies en Libye et du Bureau des droits de l'Homme des Nations-Unies montrent que les « migrants » et les « réfugiés » sont exposés à des violations des droits de l'Homme à grande échelle en Libye, y compris la détention arbitraire, la torture, le travail forcé et l'exploitation sexuelle. En outre, le Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (HCR) répète sans cesse que la Libye ne peut être considérée comme un lieu sûr pour le débarquement après un sauvetage en mer.

La coopération entre les États est inscrite dans les exigences juridiques

La Convention SAR et la Convention SOLAS imposent aux États l'obligation de coopérer et de se coordonner afin que les capitaines de navire soient autorisés à débarquer les personnes secourues dans un lieu sûr. Afin d'atteindre cet objectif, elles imposent des obligations interdépendantes à trois catégories d'États : les États côtiers, les États de recherche et de sauvetage (SAR) et tous les États concernés. L'État SAR où s'est produit un sauvetage prend l'initiative d'assurer la coordination et la coopération entre les parties contractantes, afin que les marins qui ont prêté assistance soient rapidement relevé.e.s.

Les Conventions ont donc imposé à toutes les Parties contractantes l'obligation de coordonner et de coopérer afin que les capitaines des navires fournissant une assistance soient libéré.e.s de leurs obligations avec un minimum de déviation par rapport au voyage prévu du navire.

Lors de la recherche d’embarcations signalées en détresse, ainsi que lors des opérations de sauvetage, malgré toutes les tentatives de coordination, l'Ocean Viking reste quasi-systématiquement sans réponse de la part des autorités maritimes libyennes. Face à ce silence, l'Ocean Viking n'a d'autre solution que de demander de l'aide aux centres de coordination de sauvetage maritime les plus à même de l'aider, à savoir l'Italie et Malte.

 

Note : Cet article entend faire la lumière sur le cadre juridique maritime dans lequel SOS MEDITERRANEE mène des opérations de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale. Il n'a pas vocation à être exhaustif.