Obi Bora ou la migration positive d’un rappeur
29 septembre 2021

« Voilà un homme qui a quitté son fantôme de migrant pour devenir ce qu’il a toujours été : un artiste ! » C’est en ces termes qu’Olivier Boccond-Gibod, producteur pour Horizon musiques à l’origine du projet « Migrations positives », décrit Obi Bora. Après un parcours migratoire semé d’embuches, le musicien nigérian enchaîne les résidences et les concerts pour la première fois de sa vie. SOS MEDITERRANEE est de la partie avec un stand voire des animations durant les étapes de son tour de France, pour sensibiliser le public au son d’une musique résolument moderne qui panache rap, électro, afro trap et soul.
 

Photo ci-dessus : Obi Bora était à Marseille le 22 juin dernier pour une émission spéciale à Radio Grenouille et de nombreuses animations en compagnie de bénévoles de SOS MEDITERRANEE et de Imhotep (du groupe IAM), autre membre du comité de soutien de l’association.  (De g. à d. Obi Bora, son complice le musicien Cédric Lachapelle et Imhotep). Crédits : Sabine / SOS MEDITERRANEE

Quelque part dans le Sahara. Un homme est étendu sur le sable, désorienté, déshydraté, épuisé. Il sent que sa dernière heure est venue. Puis il se laisse envahir par un sommeil libérateur. « Dans mon rêve, je voyais de grandes lumières, peut-être celles d’une ville. Alors j’ai compris : je ne devais pas mourir ! Quand enfin je me suis réveillé, j’ai vu des chameaux. » Dans un ultime effort, le gaillard se lève et s’approche des bêtes, pour se rendre compte qu’elles sont en train de boire dans un puits. Après s’être désaltéré, Obi continue de marcher, sous le soleil, sous les étoiles, il marche encore. Dans son esprit, émergent les paroles de chansons qui lui parlent d’espoir, de courage, de persévérance malgré l’adversité, comme une méditation lancinante. « Never give up » fredonne-t-il.  (N’abandonne jamais).  Il atteindra le Maroc, traversera à la nage vers Ceuta. Il vivra. En dépit de tout, sa migration sera… positive !

Ces paroles qui lui sont venues « comme un flow » pour la première fois dans le désert, ce sont toujours celles que chante Obi Bora (Obina Igwe de son vrai nom), arrivé en Europe depuis maintenant 11 ans. « En réalité, Obi ne chante que ça : son histoire, les rencontres qui l’ont porté, la difficulté d’être un exilé, d’être relégué à la marge, mais aussi cette extraordinaire transformation qui a fait naître l’artiste en lui… » s’enthousiasme son producteur. « Turn around, turn around… I was raised in poverty but thank God he done change my dignity… (Je me suis retourné, je me suis retourné… J’ai grandi dans la pauvreté mais Dieu merci, il a changé ma dignité…) « Cette chanson parle encore d’Obi, du sort qui a enfin tourné en sa faveur ! »
 


Ci-dessus : Obi Bora en compagnie d’Olivier Boccond-Gibod, producteur de la tournée itinérante « Migrations positives ». Crédits : Julie / SOS MEDITERRANEE

Tendre colosse au large sourire, jamais ses yeux ne se dérobent derrière ses lunettes rondes, si ce n’est par pudeur.  Son histoire est celle de tant d’autres : la fuite des violences et de la misère dans son pays, la route en Afrique, le désert, la faim, les reconduites répétées à la frontière espagnole, cette traversée à la nage, de nuit, pour atteindre Ceuta. En Espagne, il vivra dans l’anonymat. Plus tard, il traversera l’Italie, enchaînera les squats et les galères… « Puis j’ai voulu aller en Suisse, car j’avais un voisin au Nigeria qui avait émigré là-bas et je croyais pouvoir le retrouver. (Rires) » En Suisse, toujours sans papiers, il sera jeté en prison. Mais comme toujours, il transformera l’adversité en opportunité. « En prison on pouvait travailler et on recevait un peu d’argent. » Il commence à écrire ses chansons, il les met en musique et fait des maquettes avec le petit ordinateur qu’il s’est offert avec son maigre salaire… De rencontre en rencontre, il est repéré par le musicien Cédric de la Chapelle puis rencontre Olivier. Cela aussi, il le met en musique : « Horizon Musiques is my big blessing (Horizon Musiques est ma grande bénédiction) ».
 

Aujourd’hui, Obi est toujours demandeur d’asile mais il a obtenu un permis de travail en France. Enfin. « Je suis tellement content de pouvoir faire ce que j’aime : c’est beaucoup plus facile pour moi maintenant que je peux suivre ma propre voie, ne pas être juste un migrant, mais être moi ! » Après des résidences d’artiste à Lyon, à Bordeaux et à Annemasse, il a entamé une tournée en juin avec ses premiers concerts, dont l’un au Printemps de Bourges… Ces années de difficultés et d’itinérance n’ont pas entaché sa générosité et ses valeurs profondes : « Je veux aider SOS MEDITERRANEE. Je veux à mon tour aider les personnes migrantes comme on m’a aidé ! Je ne peux pas rester à rien faire devant les naufrages : on fait monter de force des personnes sur des jouets en plastique qu’on appelle « rubber boats » (embarcations pneumatiques) et on les envoie à la mort ! ». Ainsi, au terme de sa Migration positive, Obi compte bien, avec le soutien d’Olivier, organiser un concert au profit de notre association de sauvetage en mer.
 

Prochains concerts

03/10/2021    CENON (33)    Le Rocher de Palmer
07/10/2021    SAINT-ÉTIENNE (42)    Le Fil
09/10/2021    VIENNE (38)    Le Manège 
13/10/2021     LYON (69)  Hôtel de ville dans le cadre de l’inauguration de l’exposition “Eclaireuses d’humanité, visages et parcours de femmes en Méditerranée” présentée par SOS MEDITERRANEE du 13 au 23 octobre.
15/10/2021    PARIS (75)    MaMa Festival
23/10/2021    LYON (69)    Les Subsistances / Festival Sens Interdits
29/10/2021    ANNEMASSE (74)    Château-Rouge
01/12/2021    NANTES (44)    Le Stéréolux
09/12/2021    LA ROCHELLE (17)    La Sirène

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Revoir la vidéo de la tournée « Migrations positives » de Obi Bora sur le site toussauveteurs.org

 

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