Un portrait

Une histoire

Shararah*

Afghanistan

Pays d'origine

25 ANS

Âge

12/12/2024

Date de sauvetage

Shararah* est une combattante. Cette jeune Afghane de 25 ans est médaillée de muay-thaï, ou boxe thaïlandaise. Femme libre et Hazara, une minorité persécutée par les Talibans, Shararah a quitté l’Afghanistan pour la Turquie, où elle est restée trois ans. La nuit du 8 décembre 2024, décidée à poursuivre sa carrière internationale, elle a pris la mer sur un rafiot de métal avec 128 autres personnes, dont 43 femmes et 43 enfants parmi lesquels sa petite fille de trois ans. Huit jours se sont écoulés avant leur sauvetage par l’Ocean Viking. 

 

Shararah* est née à Kaboul et a commencé la boxe à l’âge de dix ans. Les sports de combat sont visiblement une affaire de famille : « Mon frère est professeur de taekwondo et ma sœur est également championne de muay-thaï. J’aime ce sport parce qu’il est difficile et qu’il n’est pas destiné aux filles : en Afghanistan, les filles ne vont pas à l’école et ne font pas de sport. Ma mère a toujours soutenu ma passion et m’a dit qu’elle croyait en moi. » 

« Cette passion m’a permis de voyager en Thaïlande et aux États-Unis. Je me suis entraînée avec Shukria Bahmani, une combattante de muay-thaï médaillée d’or, et j’ai participé à une quarantaine de compétitions en boxe thaï. Je suis la première femme afghane à avoir remporté une médaille d’argent en 2016. J’en suis très fière.  

J’ai rencontré mon mari lors d’une de mes compétitions en Afghanistan. Il était venu me voir combattre. Nous sommes tombés amoureux et nous nous sommes mariés. Nous avons eu une fille, Adriana*, âgée de trois ans. Elle est née en Turquie en 2021. »  

 

Shararah* est Hazara, l’une des minorités ethniques les plus importantes d’Afghanistan, persécutée par les Talibans. Elle témoigne avoir beaucoup souffert de l’oppression subie par les femmes : « L’Afghanistan n’est pas un pays sûr pour les femmes, en raison de la présence des Talibans. » 

Elle a donc décidé de s’exiler avec son mari, qui a fini par trouver un emploi à Aksaray, en Turquie. Shararah* porte un tatouage sur la main. Lorsqu’on lui demande ce que représente ce tatouage, elle s’étrangle, les yeux pleins de larmes : « Nous avons passé trois ans en Turquie avant d’essayer de traverser la mer. J’ai perdu beaucoup de temps là-bas. Je ne pouvais pas m’entraîner ni faire de muay-thaï, l’essentiel dans ma vie. J’étais complètement déprimée. »   

 

Shararah* et son mari ont économisé suffisamment d’argent pour organiser le voyage en mer. C’est à Izmir, en Turquie, que le couple et leur enfant est monté à bord de ce bateau de pêche en métal, surchargé et impropre à la navigation. « J’avais l’impression que nous allions mourir sur ce bateau. Adriana* et moi avions constamment le mal de mer et nous vomissions sans cesse. » 

Lorsqu’on demande à Shararah quels sont ses projets, elle répond : « Je rêve de devenir médecin ou pilote. Mais je vais aussi continuer à faire du muay-thaï. »  

Shararah* et 162 autres rescapé.e.s ont été débarqué.e.s à Ravenne, en Italie, le 17 décembre 2024. 

 

Lire le récapitulatif de cette opération de sauvetage 

 

* Les prénoms de la rescapée et de sa fille ont été modifiés pour préserver leur anonymat.     

Crédits photos : Morgane Lescot / SOS MEDITERRANEE et Muriel Cravatte / SOS MEDITERRANEE 

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