Un portrait

Une histoire

Mercury*

Ethiopie

Pays d'origine

20 ANS

Âge

29/01/2024

Date de sauvetage

Mercury*, 20 ans, a dû quitter le Tigré à cause du conflit qui y sévit. Elle a décidé de fuir vers la Libye dans l’espoir de trouver un travail pour subvenir aux besoins de sa famille. Une fois en Libye, elle a été kidnappée et emprisonnée à plusieurs reprises.  

 

 

Je m’appelle Mercury*, j’ai 20 ans. Je viens du Tigré, où il y a beaucoup de conflits. C’est pour cette raison que je suis allée au Soudan avec ma famille dans l’espoir de pouvoir y travailler. Mais au Soudan, un autre conflit a commencé et nous sommes donc rentrés. Il était vraiment nécessaire que je travaille pour soutenir ma famille.  

J’ai décidé de partir pour la Libye, seule. Là-bas, les passeurs nous ont emmenés dans le désert du Sahara et nous ont demandé de l’argent. Une fois les passeurs payés, des soldats nous ont arrêtés dans la rue et nous ont d’abord emprisonnés un mois dans une prison** à Koufra. Puis, ils nous ont emmenés à Benghazi. De Benghazi, nous sommes allés dans une autre prison à Syrte où nous avons passé un mois. Après, ils nous ont emmenés à Tripoli.  

En prison**, la situation était horrible. Nous n’avions rien à manger, ils nous battaient tout le temps avec une poutre en bois. Ils nous jetaient de l’eau froide et de la poussière au visage. Même si vous leur disiez que vous étiez malade, ça leur était égal. Ils ne faisaient que vous battre. Ils le savaient que j’étais malade, mais ils continuaient à me battre. Il n’y avait pas de quoi se nourrir. Beaucoup de gens devenaient fous.

« Nous devions boire l’eau sale dans les toilettes. Si nous disions que nous avions faim, ils nous battaient.»

Beaucoup de femmes, de filles, sont tombées enceintes. Les femmes qui avaient des bébés n’avaient ni couches ni vêtements pour eux. Beaucoup de gens souffraient…  

Ma famille a dû m’envoyer de l’argent pour payer mon voyage. Ils ont dû vendre beaucoup de choses pour m’envoyer la somme nécessaire. Au début, les passeurs m’ont demandé 2000 dollars américains, 2200 dollars, pour être précise. C’était la somme demandée pour sortir de prison**. Les passeurs ont contacté ma famille, je leur avais donné leur numéro de téléphone. Quand ils ont appelé ma famille, ils leur ont dit que j’étais en prison** et qu’ils devaient payer cette somme pour que je puisse sortir.  

Une fois libérée, je n’osais plus sortir dans la rue, je craignais d’être à nouveau arrêtée. Je me suis cachée dans une maison où je suis restée presque un mois sans sortir. Puis j’ai réussi à venir ici, avec l’aide de plusieurs personnes. Quand j’ai pris la mer, je n’avais pas peur de mourir, je craignais seulement que les garde-côtes libyens nous trouvent. Quand nous avons vu l’avion, même si nous nous sommes dit que c’était un bon signe, nous avions encore peur. 

 

Lire le récapitulatif de cette opération de sauvetage  

 

* Le nom de la rescapée a été modifié pour préserver son anonymat. 

** Les personnes que nous secourons désignent habituellement les centres de détention libyens, qu’ils soient officiels ou clandestins, par le terme de « prison ». 

Crédit vidéo et photo : Tess Barthes /SOS MEDITERRANEE

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