Un portrait

Une histoire

Aisha*

Cameroun

Pays d'origine

39 ANS

Âge

21/01/2025

Date de sauvetage

Militante engagée dans la défense des droits des femmes, Aisha* a dû fuir son pays après avoir été arrêtée et torturée pour avoir dénoncé les violences faites aux femmes dans les régions anglophones en conflit au Cameroun. Son exil l’a menée en Russie avant qu’elle ne tente de reconstruire sa vie en Libye.  Elle a été secourue le 21 janvier 2025 avec sa fille d’un an dans la région de recherche et de sauvetage libyenne, dans une embarcation pneumatique surchargée.  

Je m’appelle Aisha, je viens de la ville de Douala au Cameroun. J’ai 39 ans et j’ai fui la Libye avec ma fille d’un an.  

J’ai dû m’enfuir de mon pays car j’ai été persécutée, torturée après avoir manifesté le jour du «8 mars en noir» contre les violences faites aux femmes lors du conflit dans les provinces anglophones du Cameroun. 

Je travaillais alors dans une petite boutique, tout en étant engagée dans une association qui venait en aide aux personnes touchées par ce conflit. J’ai vu des femmes et des enfants dormir à même le sol dans la brousse pour fuir les violences. Avec mon association, nous avons essayé de leur venir en aide.  

Le 8 mars, c’était la Journée internationale des droits des femmes. Avec d’autres femmes de mon association, j’ai manifesté en portant du noir dans la rue, parce que la femme du Président avait encouragé les femmes à porter des pagnes colorés le 8 mars. Pour moi et mes collègues de l’association, il était impossible de célébrer le pagne et de porter des couleurs dans ce climat de violence.  

Lors de la manifestation, j’ai été arrêtée, jetée en prison où j’ai été torturée. Au bout de quelques jours, j’ai été libérée mais, après ma libération, j’ai continué à subir des menaces. Ma photo et celles des autres femmes qui avaient manifesté étaient affichées dans le poste de police.  

Grâce à une connaissance, j’ai pu fuir en Russie pendant quelques mois. Je suis revenue par le Ghana, puis j’ai pris un bateau pour revenir au Cameroun… Mais, malheureusement, les persécutions ont continué. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de fuir mon pays. Je suis d’abord allée au Tchad, où j’ai rencontré des femmes qui m’ont dit qu’en Libye, je pourrais trouver du travail. J’y suis allée et j’ai commencé à travailler comme femme de ménage.  Je gardais aussi des enfants. J’y ai rencontré le père de ma fille. La vie là-bas était un enfer. J’ai subi énormément de violences, alors j’ai décidé de m’enfuir à nouveau par la Méditerranée. 

 

Voir l’opération de sauvetage du 21 janvier 2025 

 

Témoignage récolté par Lucille Guenier 

* Le prénom de la rescapée a été changé pour préserver son identité. 

Crédits photo : Max Cavallari/SOS MEDITERRANEE 

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