Depuis 2021, Rebecca a effectué plusieurs missions à bord de l’Ocean Viking comme cheffe de l’équipe médicale. En tant que sage-femme clinicienne de métier, celle qui a pourtant l’habitude des nouveau-nés raconte ce moment, l’hiver dernier, qui l’a marquée à tout jamais.
Il y a des bons et des mauvais jours à bord de l’Ocean Viking… Ce qui est positif dans ce « travail », c’est son utilité, le fait d’avoir un impact immédiat sur le monde, de prodiguer des soins à ces personnes qui ont frôlé la mort et de participer à une mission qui a pour but d’éviter des pertes de vies massives. De plus, comme me l’a dit un jour un rescapé, nous sommes souvent « la première personne à se soucier de [nous] depuis très longtemps ».
Ainsi, l’un des moments les plus mémorables que j’aie vécu à bord [de l’Ocean Viking] s’est produit au milieu de l’hiver dernier, lors d’un sauvetage difficile qui s’est déroulé en pleine nuit. Parmi les personnes rescapées [entassées sur une embarcation en détresse], se trouvait un bébé de 10 jours. C’était la première fois que je me retrouvais avec un véritable nouveau-né dans les bras au milieu de la mer. Il était si petit qu’il semblait englouti par les couvertures qui le protégeaient du froid glacial. Ce petit être si vulnérable m’a fait comprendre le niveau de désespoir de sa mère, pour qu’elle en vienne à monter sur une embarcation en si piètre état, surchargée, si peu de temps après un accouchement difficile, pour fuir la Libye… Mais paradoxalement, ce nouveau-né m’a aussi montré l’espoir d’une mère en l’avenir et sa détermination pour qu’il puisse avoir une vie exempte de la peur qu’elle fuyait.