Les premières Assises du droit de la mer et des solidarités maritimes se sont tenues le 17 octobre 2024 au Parc des expositions de Montpellier-Pérols. Coorganisé par SOS MEDITERRANEE, le Parlement de la mer – Région Occitanie, le Département de l’Hérault et Montpellier Méditerranée Métropole, ce grand événement de plaidoyer a réuni quelque 600 personnes venues assister aux riches débats sur les enjeux humanitaires et les politiques européennes en Méditerranée centrale avec une quinzaine d’intervenant.e.s de la recherche, du monde politique et du terrain.
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Dans un contexte marqué par la multiplication des entraves à l’action des organisations humanitaires en Méditerranée, cette première édition des Assises a permis de réaffirmer collectivement la primauté du droit de la mer dans les eaux internationales de la Méditerranée et l’inconditionnalité de la solidarité à l’égard de toute personne en situation de détresse en mer, sans distinction de statut ni d’origine.
« À l’heure où les naufrages se succèdent et les associations ne cessent d’être stigmatisées, ces Assises sont l’occasion de réaffirmer nos valeurs et d’envoyer un message de force et de détermination à la France mais aussi à l’Europe : n’abandonnons pas ces femmes, ces hommes et ces enfants qui tentent de rejoindre nos côtes », a déclaré Carole Delga, présidente de la Région Occitanie Midi-Pyrénées, en ouverture de cette journée de conférences.
Dans une séquence introductive à deux voix, Sophie Beau, co-fondatrice et directrice générale de SOS MEDITERRANEE, et Judith Sunderland, directrice adjointe de la division Europe et Asie centrale de Human Rights Watch, ont évoqué la détérioration du contexte d’intervention des ONG de sauvetage en mer depuis 2016. Elles ont décrit une situation de chaos en Méditerranée centrale depuis le transfert de responsabilité de la coordination des sauvetages aux autorités maritimes libyennes en 2018, rappelé les graves violations des droits des personnes migrantes en Libye ainsi qu’en Tunisie et dénoncé le harcèlement administratif qui vise les navires humanitaires pour limiter leur présence en mer.
Trois tables rondes et deux grands entretiens réunissant des spécialistes des migrations et du droit maritime, des humanitaires, des personnalités politiques française et européenne ainsi qu’une responsable de la Commission européenne ont ensuite rythmé la journée. Ces temps d’échanges et de débats ont permis de préciser le cadre juridique du sauvetage en haute mer, d’illustrer les difficultés et les obstacles rencontrés par les acteurs civils du secours en mer et d’aborder les relations entre l’Union européenne et les différentes organisations présentes en Méditerranée. Plusieurs pistes pour construire une réponse à cette crise humanitaire ont également été débattues.
Le témoignage poignant de Laouratou a constitué un moment fort de la journée. Originaire de Guinée-Conakry, elle a traversé plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et du Maghreb avant de monter avec son nourrisson sur une embarcation de fortune pour tenter de traverser la mer, avant d’être secourue. Elle a raconté un parcours marqué par les violences, les déplacements forcés et la précarité, jusqu’à son arrivée en Occitanie, où elle bénéficie désormais du statut de réfugiée et témoigne de son expérience. Son récit rappelle la résilience des femmes dans des parcours de migration souvent invisibilisés et l’importance de faire entendre la voix des personnes rescapées.
La journée s’est conclue par la lecture de l’Appel de Montpellier – Occitanie, co-signé par l’ensemble des responsables des structures organisatrices des Assises pour enjoindre les citoyen.ne.s, les États riverains et les institutions européennes à se mobiliser face aux drames qui se poursuivent en Méditerranée, l’une des routes migratoires les plus mortelles du monde, où plus de 30 000 personnes ont perdu la vie en dix ans.
Crédits photo : Michel Tudesq/SOS MEDITERRANEE
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