Chaque mission en mer comporte au moins une sage-femme, toujours très occupée. Six bébés sont d’ailleurs nés à bord de l’Aquarius. Pour Marina, sage-femme d’origine japonaise, l’un de ces accouchements en mer a été le plus marquant de sa carrière. 

Marina n’en est pas à sa première mission à bord du navire de SOS MEDITERRANEE, puisque dès 2016 elle embarquait sur l’Aquarius. Elle sait pertinemment que la clinique réservée à la sage-femme désemplit rarement : suivi des femmes enceintes, traitement des affections diverses présentées par les femmes et les jeunes filles à bord, soin des plus jeunes enfants… Il faut dire que 2 % des personnes secourues par SOS MEDITERRANEE ont moins de cinq ans, y compris des nourrissons de quelques semaines à peine. De là à penser qu’elle assisterait à un accouchement en pleine mer…  

Le 11 décembre 2016, après un sauvetage de plus de six cents personnes rescapées, Marina constate pendant son quart de nuit qu’une des femmes enceintes à bord ne se sent pas bien. Après un rapide examen, elle comprend qu’elle est sur le point d’accoucher. « C’était la première fois de ma vie que je devais mettre au monde un bébé au milieu de la mer. C’était l’hiver. Le temps était très mauvais. Il pleuvait et les vagues étaient très hautes. Il était impossible de procéder à une évacuation médicale. Le rythme cardiaque du bébé a commencé à baisser. Il n’y avait pas de temps à perdre. »  

Au milieu de la Méditerranée centrale, Marina a aidé cette femme à accoucher. Et à l’image d’une lumière scintillant dans l’obscurité, elle a finalement donné naissance à un bébé en bonne santé à bord de l’Aquarius. « Si SOS MEDITERRANEE n’avait pas été là pour la secourir et l’aider à accoucher, ce bébé serait mort ».  

Pendant des années, Marina a vu des femmes traverser la mer pour être libres. « Si vous êtes une femme, selon l’endroit où vous êtes née, votre vie sera complètement différente. Beaucoup de mères font ce dangereux voyage pour offrir un meilleur avenir à leurs enfants. Des jeunes filles fuient les mariages forcés ou les mutilations génitales féminines. Ces femmes n’ont rien à perdre. Je les ai trouvées incroyablement fortes. » 

Crédits : Anthony Jean / SOS MEDITERRANEE

Après avoir travaillé pendant des années avec Médecins sans frontières (MSF) dans des contextes variés, de la Syrie au Cameroun en passant par l’Irak, Marina a rejoint l’Aquarius en 2016. Depuis, elle a travaillé comme sage-femme pour de nombreuses autres ONG de recherche et de sauvetage, telles que Sea-Watch, Open Arms et dernièrement Sea Eye, avant de rejoindre à nouveau l’équipe de SOS MEDITERRANEE, cette fois sur l’Ocean Viking. 

Voir l’Interview de Constance, l’une des six femmes à avoir accouché en mer, cinq ans plus tard, sur BFM-TV “SOS Méditerranée a sauvé ma vie et celle de mon fils”: le témoignage d’une femme qui a accouché en Méditerranée (bfmtv.com) 

Crédits photo : Laurin Schmid / SOS MEDITERRANEE.