« Sauver des vies demande une chaîne de compétences, de volonté et de courage » Marc Levy
« Loin de l’action, il est très difficile de comprendre la complexité d’une opération de sauvetage en mer. Il faut d’abord réussir à repérer l’embarcation en péril, aller la chercher, faire monter les gens à bord sans qu’ils tombent à l’eau et se noient. Et lorsqu’ils sont à bord, il faut leur prodiguer des soins vitaux, car la plupart d’entre eux sont dans une condition physique et morale telle, que leur survie n’est pas encore assurée. Sauver des vies demande une chaine de compétences, de volontés et surtout de courages. » 

Romancier engagé, Marc Levy soutient SOS MEDITERRANEE depuis 2018. Son implication est née d’un choc face à la manière dont les personnes réfugiées sont traitées dans les discours publics. Une confusion de langage, une perte de repères, une déshumanisation : autant de raisons qui l’ont poussé à prendre la parole. Pour lui, ce combat est aussi personnel que politique.  

En avril 2025, il participait à une rencontre « Littérature et Humanité » entre plusieurs écrivains et SOS MEDITERRANEE organisée par le festival Quai du Polar à Lyon. « Si je devais décrire SOS MEDITERRANEE en trois mots, je dirais : empathie, courage et une extraordinaire technicité ». 

L’auteur n’a pas attendu que la crise s’aggrave pour s’indigner. Dès 2010, il prend position. Ce qui le révolte ? Le glissement de vocabulaire. 

« Il y a eu, dès le début des grandes crises migratoires des années 2010, une détestable confusion volontaire de vocabulaire qui s’est installée : le mot réfugié a été remplacé par le mot migrant, avec cette connotation que le migrant était un envahisseur. Cette confusion est absolument dévastatrice, elle reflète, d’une manière générale, la considération des sociétés occidentales à l’égard des réfugiés. » 

Ce changement de langage, selon lui, a effacé la réalité de ceux et celles qui fuient pour survivre : « La condition du réfugié, c’est-à-dire l’absolue légitimité de vouloir sauver sa vie et de vouloir sauver la vie de ses enfants et de sa famille, a été effacée du discours. » 

Il dénonce également la manière dont certains partis s’emparent du sujet.

« Derrière les chiffres, la théorie du grand remplacement et les discours haineux, ces partis instrumentalisent des populations marquées par la souffrance et une profonde dignité, cherchant à les déshumaniser. Ils les transforment en simples outils politiques. Cette manipulation résonne douloureusement avec l’histoire de ma famille. » 

Marc Levy  

Face à la multiplication des naufrages en Méditerranée, Marc Levy choisit de s’engager en prenant la parole à de nombreuses reprises dans les médias pour dénoncer ce drame humanitaire.  

S’il continue, c’est que le combat est toujours d’actualité. « Pourquoi je suis toujours là pour SOS MEDITERRANEE ? Parce qu’il y a toujours des gens qui meurent en Méditerranée. »  

Le romancier dénonce une forme d’aveuglement volontaire : « laisser des hommes, des femmes et des enfants se noyer en Méditerranée, en compliquant leur sauvetage, c’est un acte qui va à l’encontre du respect des droits humains et surtout des valeurs d’humanité. »  

Sa métaphore est parlante : « On ne peut pas regarder une maison qui brûle et ne pas appeler les pompiers parce qu’à l’intérieur de la maison, ils n’ont pas leurs papiers. On marche sur la tête. » Marc Levy s’insurge aussi contre les discours accusateurs. « J’ai entendu des gens qui disaient : “Oui, mais sauver les gens qui sont en Méditerranée, c’est inciter à plus d’immigration”. C’est comme dire que sauver des gens dans un incendie, c’est inciter à moins de prévention contre les incendies. Ça n’a pas de sens, c’est tellement absurde. »  

Il insiste, en outre, sur le manque de compréhension de ce que vivent les personnes exilées : « Il y a un déficit de communication terrible. Certains ne comprennent pas que ces personnes qui prennent la mer en connaissant les risques d’y perdre la vie, le font parce qu’elles nourrissent l’espoir de survire, là où les milices syriennes, libyennes, les trafiquants d’êtres humains, les bourreaux, les gangs organisés vont les assassiner, assassiner les leurs. »  

Son engagement, l’écrivain le vit sur la durée. Et avec l’espoir qu’un jour, son combat ne sera plus nécessaire. « J’espère qu’un jour, le navire de SOS MEDITERRANEE pourra être reconverti en bateau-musée pour raconter l’héroïque épopée de celles et ceux qui se sont préoccupé.e.s d’une crise qui a disparu depuis longtemps. » r l’héroïque épopée de celles et ceux qui se sont préoccupé.e.s d’une crise qui a disparu depuis longtemps. » 

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