Kariem*, rescapé à bord de l’Ocean Viking
La semaine du 18 novembre, ils étaient plus de 700 personnes recensées à avoir tenté de fuir la Libye par la mer. Kariem* étaient de ceux-là. Certains ont disparu à tout jamais, d’autres ont été interceptés par les garde-côtes libyens et ramenés dans les centres de détention qu’ils tentaient de fuir. Enfin, 215 personnes à bord de trois embarcations ont été secourues par l’Ocean Viking en trois jours. Près d’un tiers étaient des mineurs.
Kariem, lui, avait 27 ans. Soudanais d’origine, il avait d’abord fui les conflits dans son pays avant d’être capturé et emprisonné en Libye, où sévit la guerre et le chaos. Il raconte son parcours, jusqu’au moment de son sauvetage, le 20 novembre dernier.
« Il y a beaucoup de conflits tribaux dans mon pays, c’est pourquoi je suis parti en 2014 quand tout mon village a été dispersé par la violence. Je suis allé à Khartoum et après trois ans nous avons décidé de partir avec mon ami et d’aller en Libye pour trouver du travail. Quand nous sommes arrivés en Libye, nous avons été mis en prison. Mon ami n’avait pas d’argent : il a été battu puis tué par balle.
J’ai essayé de travailler en Libye après ça, mais c’est très dur pour nous [les Africains subsahariens]. Dès que vous allez acheter quelque chose dans un magasin, ils vous arrêtent et vous demandent de l’argent. Et puis, vous êtes jetés en prison plusieurs fois.
J’ai essayé de fuir la Libye six fois en bateau, mais ils m’ont toujours repris. Hier soir, j’ai réussi à m’évader de la prison et j’ai eu la chance d’être secouru par l’Ocean Viking. Peu m’importe où sera mon avenir. Je suis en sécurité maintenant ! »
Témoignage recueilli à bord de l’Ocean Viking par Avra Fialas, chargée de communication.
*Le nom et la photo ont été modifiés afin de préserver l’anonymat et la sécurité du rescapé.
Crédit photo : Kevin Mc Elvaney / SOS MEDITERRANEE