Arrivé en Libye à 14 ans à peine, Omar* avait déjà traversé beaucoup d’épreuves. Mais en tant qu’aîné de sa fratrie, il se sentait responsable de pourvoir aux besoins de sa famille. Il fait de nombreuses tentatives pour fuir la Libye par la mer avant d’être secouru par l’équipe de l’Ocean Viking avec 47 autres personnes présentes dans une embarcation pneumatique surchargée. Omar a 16 ans. 

Après avoir traversé seul le Sénégal, le Mali et l’Algérie, Omar est arrivé en Libye à l’âge de 14 ans et il y est resté un an et demi. Cinq fois, il a tenté la périlleuse traversée de la Méditerranée mais son embarcation a été interceptée, à chaque fois, par les garde-côtes libyens. À trois reprises, l’adolescent a été placé dans un centre de détention. « En Libye, ils te forcent à travailler et ne te paient pas, raconte-t-il, ils te battent à la place. Chaque jour il y avait des violences. L’un de mes amis proches, qui a le même âge que moi, est toujours en prison là-bas**».    

« Certains de mes amis en Gambie étaient partis à la recherche d’un emploi pour aider leur famille. Ils m’avaient dit que le voyage ne serait pas facile. »

Omar est l’aîné de sa famille, qui compte quatre frères et trois sœurs. Son frère le plus jeune a un an et demi. Resté seul avec son père après le décès de sa mère, Omar* a lui aussi quitté la Gambie en raison de la difficulté à trouver un emploi. « Ma famille est pauvre et je ne pouvais pas l’aider en restant en Gambie. Une fois en Italie, je pourrai faire quelque chose. »  

En Gambie, tout est cher : nous ne pouvons même pas nous payer un sac de riz, et même l’eau est difficile à trouver. » 

Omar n’a pas pu aller à l’école en Gambie. « L’école est loin de notre village et il était difficile de trouver des livres, des vêtements et des chaussures. Comme je suis l’aîné, je préférais que mes frères et sœurs y aillent à ma place pour qu’ils aient une éducation. »   

Lorsqu’il arrivera en Italie, Omar aimerait d’abord aller à l’école pour ensuite pouvoir trouver un emploi. « Si je trouve une terre là-bas en Italie, je veux cultiver des légumes pour pouvoir aider d’autres personnes qui, comme moi, pourront aussi aider leur famille. 

Dans ses plus grands rêves, Omar envisage aussi d’autres solutions pour subvenir aux besoins de sa famille. « Je voudrais être cuisinier dans un hôtel. Lorsque ma mère est décédée, j’ai aidé mon père à cuisiner à la maison. Je veillais à ce que mes frères et sœurs puissent manger de bons petits plats, comme le Domoda, un ragoût de cacahuètes, plat traditionnel gambien, ou le Benachin, la version gambienne du riz Jollof. » 

Lire le récapitulatif de cette opération de sauvetage  

* Le nom du rescapé a été modifié pour préserver son anonymat.   

** Le terme de « prison » est fréquemment utilisé par les personnes que nous secourons pour désigner les centres de détention libyens, qu’ils soient officiels ou clandestins.  

 Crédits photo : Morgane Lescot / SOS MEDITERRANEE