Un portrait

Une histoire

« J’ai dû coudre mes plaies avec une aiguille que j’ai trouvée »

Egypte

Pays d'origine

26 ANS

Âge

30/10/2024

Date de sauvetage

Avertissement 

Les éléments établis dans ces témoignages sont exclusivement tirés des propos tenus par les personnes rescapées secourues par nos équipes depuis 2016 et de nos observations en mer.

Certains récits de vie relatés ici comprennent des scènes d’une rare violence - torture, viol, extorsion, mise à mort et naufrage – qui sont très explicites. Nous préférons vous en avertir.

Les prénoms des personnes qui témoignent ont été modifiés pour préserver leur anonymat et leur sécurité.

De nombreuses organisations intergouvernementales comme le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) ou l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) ont amplement documenté et corroboré ces récits, notamment en ce qui concerne les violences – y compris sexuelles – subies lors du parcours migratoire, en Libye et en mer.

En cette fin octobre, la Méditerranée était soumise à une météo capricieuse. Bassel* et 24 autres personnes étaient à bord d’une embarcation de fortune depuis quatre jours sans eau ni nourriture lorsque l’Ocean Viking les a trouvé.e.s puis secouru.e.s. Le jeune homme avait quitté l’Égypte, son pays d’origine, dans l’espoir de trouver du travail pour aider sa famille. Mais, arrivé en Libye, il a été soumis aux pires exactions et a dû fuir par la mer.   

Les conditions de vie n’y étaient pas faciles, alors je suis rentré en Égypte. Toutefois, les difficultés économiques de ma famille m’ont poussé à repartir en Libye avec comme projet de me rendre en Europe en traversant la mer, dans l’espoir de trouver un bon travail pour pouvoir les aider.  

Lorsque j’ai rejoint les passeurs, en Libye, ils m’ont enfermé dans un entrepôt avec 30 autres personnes. Ils nous donnaient très peu d’eau et de nourriture, nous étions réduits à nous battre entre nous pour avoir une portion. Je m’en suis plaint et l’un des passeurs a versé de l’acide sur ma jambe. Je voyais la fumée qui sortait de ma peau. Ensuite, je pouvais voir l’os. Il ne restait presque plus de peau, je pouvais passer la moitié d’un doigt dans le trou que l’acide avait laissé. Ils m’ont également coupé la main à deux endroits. J’ai dû moi-même coudre les plaies avec une aiguille que j’ai trouvée. 

Un jour, le passeur a décidé qu’il était temps de partir. Il a dit que tout irait bien, qu’il y aurait un pilote et des gilets de sauvetage. On nous a emmenés sur un bateau et on nous a donné 12 croissants, quelques dattes à partager entre les 25 personnes à bord et des petites bouteilles d’eau pour chacun. Comme nous avions à peine été nourris dans l’entrepôt, nous étions affamés. Nous avons tout mangé dès le départ en mer.  

« Nous avons essayé d’utiliser la boussole de notre téléphone, mais avec les vagues, le bateau n’allait même pas droit » 

Au bout d’un moment, un bateau est venu chercher le pilote et nous a laissés seuls, en nous disant de « continuer tout droit ». Nous n’avions aucune idée de l’endroit où nous nous trouvions, ni de la direction à prendre. Nous avons essayé d’utiliser la boussole de notre téléphone, mais avec les vagues, le bateau n’allait même pas droit. Plus tard, l’un des deux moteurs est tombé en panne. Nous avions un téléphone satellite et nous avons appelé plusieurs fois un numéro qui nous avait été donné. Mais nous n’avions pas beaucoup d’espoir. Nous avons vu plusieurs bateaux, mais personne n’est venu nous aider. Nous avons fait une prière, celle que les musulmans font avant de mourir. Nous avions l’impression d’être déjà morts. 

Après quatre longues journées sans eau ni nourriture, nous avons vu votre navire à l’horizon. Quand nous avons vu les sourires des gens sur les canots orange, nous avons compris que vous étiez là pour nous secourir. Nous avons eu l’impression de naître à nouveau.  

 

Lire le récapitulatif de cette opération de sauvetage  

* Le nom du rescapé a été modifié pour préserver son anonymat.  

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