Il n’était qu’un adolescent quand Alex* a perdu toute sa famille et a fui seul la ville de Bor, déchirée par la guerre, au Soudan du Sud. Après un périple difficile à travers le Soudan et la Libye, il a tenté de traverser la Méditerranée centrale sur un bateau en bois surchargé, avant d’être secouru par les équipes de l’Ocean Viking. Son histoire témoigne d’une résilience incroyable.
Je m’appelle Alex, j’ai 17 ans. Je viens du Soudan du Sud. Je voyage seul, sans ma famille.
Alors, pourquoi je me bats ? Pour mon avenir.
J’ai quitté le Soudan du Sud pour fuir la guerre. J’avais monté une petite entreprise là-bas mais la guerre a tout détruit, y compris ma famille. Je ne sais pas où elle est actuellement. J’ai donc décidé de partir pour rejoindre le Soudan. J’y suis resté deux ans. Quand la guerre a éclaté au Soudan, j’ai de nouveau dû partir et suis allé en Libye. J’ai passé deux jours dans le désert. Sans nourriture, ni eau.
On avançait dans des conditions difficiles. Les voitures étaient petites, les gens étaient assis les uns sur les autres par manque de place. Des personnes pleuraient, certaines mouraient… C’était très dur.
J’ai passé un an en Libye. Je faisais des petits boulots dans la rue. Lorsque la police te voit dehors, elle t’arrête et te met en prison*. En prison, tu restes tout seul et si tu n’as pas d’argent, personne ne te parle. Personne ne se soucie de toi. Tu y restes très longtemps ou jusqu’à ce que tu meures.
On souffre là-bas parce que notre pays est en guerre. On n’a pas de travail, on n’a rien. Quand on va chercher un travail, on se fait arrêter par la police. La vie est très difficile en Libye.
« J’étais au centre de détention de Bir al-Ghanam. C‘est un endroit très, très dangereux en Libye. Ils viennent te voir pour te frapper. Ils ne te donnent même pas d’eau. Tu bois de l’eau de mer. Ils t’arrêtent sans raison. »
Ils ne veulent pas de Noirs là-bas. Ils disent même : « Nous tuons des Noirs et nous serons bénis par Dieu. Tu ferais mieux de te convertir à l’islam. Tu n’es pas bon, tu es un chrétien. Tu devrais te convertir à l’islam ».
Dans cette vie, il y a deux options : soit tu gagnes, soit tu perds. Tu perds, tu meurs. Tu gagnes, tu t’assures un avenir prometteur.
J’ai donc décidé de traverser la mer. Je sais que la mer est très dangereuse, mais j’avais en tête d’aller en Europe pour me construire un avenir meilleur. Un jour, j’aimerais retourner au Soudan du Sud.
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Crédit vidéo : Camille Martin/SOS MEDITERRANEE
* Le prénom du rescapé a été modifié pour préserver son identité
* Les personnes rescapées nomment « prisons » les centres de détention où elles sont enfermées et rançonnées, qu’il s’agisse de centres officiels ou clandestins.



