#TogetherForRescue
13 mars 2017

C’est un exercice grandeur nature comme il en existe souvent sur l’Aquarius. Ensemble, les équipes de SOS MEDITERRANEE et de Médecins Sans Frontières répètent inlassablement les gestes qui sauvent.

13h02, la radio résonne dans le ventre du navire. Au bout du fil, la voix de Mark brise le silence d’un début d’après midi calme. Le logisticien de MSF annonce un sauvetage de masse.  La mission s’annonce périlleuse.  La mer est agitée, les vagues se fracassent contre la coque de l’Aquarius. Personne ne sait encore combien de victimes potentielles, une seule certitude, des vies sont en jeu.

Les pas des bénévoles de SOS MEDITERRANEE et des membres de l’équipe médicale se font de plus en plus pressants. C’est une marée humaine qui déferle dans les couloirs.  En quelques secondes, chacun trouve sa place dans ce scénario catastrophe. La mer est démontée, impossible de mettre à l’eau les RHIBs pour la simulation. Qu’importe. Les sauveteurs s’improvisent victimes. Ils crient de douleur, gisent inconscients sur le sol, tremblent de tout leur être, agrippent une peluche et se glissent dans la peau d’un enfant apeuré. L’eau est glacée et le vent n’arrange rien sur le pont. Plus l’exercice est réel, plus il a de sens.

Heidi commence le triage. Cette infirmière aguerrie distribue les couleurs comme un peintre colorie sa toile. Rouge pour les cas médicaux les plus urgents, jaune pour ceux qui nécessitent des soins de moindre importance, vert pour les patients capables de tenir debout. Et puis il y a ceux dont le poignet est ponctué au marqueur noir, ceux  avalés par la mer qui sont pleurés par leurs proches, pour qui la traversée de la Méditerranée a été fatale. Toujours trop nombreux.

Répéter pour progresser

La simulation a démarré depuis plus de 40 minutes. Les victimes s’enchaînent à un rythme effréné. Treize au total dont quatre transportées sur des brancards. Les sauveteurs les déplacent avec le plus grand soin mais parfois l’accès est compliqué par l’étroitesse des couloirs et la raideur des escaliers. Habituellement, Stéphane est en charge du RHIB2. Aujourd’hui il joue le rôle d’une mère éplorée et d’un adolescent en hyperthermie sévère. Il se prête volontiers à l’exercice dont il connaît l’importance. Au débriefing, ce marin a à cœur de perfectionner les gestes « J’ai été secoué, balloté de droite à gauche, de haut en bas». C’est là tout le sens d’un entrainement, corriger les imperfections.  Pour Conor, le médecin,  « C’est comme sur un terrain de sport, plus on répète les gestes techniques, meilleurs sont les joueurs 

Un travail d’équipe

« All hands needed », tout le monde prête main forte, un principe fondamental à bord de l’Aquarius. Le cuisinier troque son tablier contre un ciré, les journalistes posent leur crayon pour empoigner un kit de survie et le distribuer aux migrants épuisés. Klaus Merkel coordonne la SAR Team: « Ces exercices témoignent de l’importance du collectif. L’équipe médicale ne peut pas opérer seule ». Les sauveteurs interviennent sur l’eau, mais pas seulement. Ils secondent chaque membre de Médecins Sans Frontières, sont leurs ombres, leur soutien, marchent dans leur pas. Jamais la devise de SOS MEDITERRANEE n’a autant de sens que dans ces moments intenses d’entraide: « TogetherForRescue »

Par Perrine Baglan

Crédits photos : Patrick Bar