Le 24 août, l’Ocean Viking a été délibérément pris pour cible par les garde-côtes libyens alors qu’il menait une opération de sauvetage en Méditerranée. Après cette attaque, si les 87 rescapé·es et les membres d’équipage ont finalement pu débarquer à Augusta, en Sicile, le navire et ses équipes ont toutefois été maintenus bloqués plusieurs jours au mouillage, privés d’assistance essentielle.
Samedi 23 août 2025
Suite à une alerte d’Alarm Phone, l’Ocean Viking a secouru 47 personnes dont 9 mineurs non accompagnés, depuis un canot pneumatique en détresse dans les eaux internationales au large de la Libye. La plupart des personnes rescapées ont fui le Soudan déchiré par la guerre, où plus de 12 millions de personnes sont déplacées par un conflit brutal. Les autorités italiennes ont désigné Marina di Carrara, à plus de 1 300 km, comme port sûr. 3,5 longs jours de navigation. Une fois de plus, ce port éloigné nous détourne de la Méditerranée centrale, où les opérations de secours sont désespérément nécessaires. Cette pratique coûte des vies chaque jour.
Dimanche 24 août 2025
Après avoir intercepté un appel de détresse (« Mayday ») lancé par un avion non identifié, l’équipe de l’Ocean Viking a secouru 40 personnes à bord d’un canot pneumatique. Les 40 rescapés sont tous originaires du Soudan, principalement de la région du Darfour. Le sauvetage a eu lieu dans la zone de recherche et de sauvetage (SRR) libyenne.
A 15 heure, l’Ocean Viking a été délibérément et violemment attaqué dans les eaux internationales par les garde-côtes libyens qui ont tiré des centaines de coups de feu sur notre navire. Les 87 survivants et membres d’équipage à bord n’ont pas été blessés. Le navire et les équipements essentiels de sauvetage ont subi d’importants dégâts. Un acte inacceptable.
SOS MEDITERRANEE demande :
- une enquête complète sur les événements
- que les responsables de ces attaques mettant nos vies en danger soient traduits en justice
- la fin immédiate de toute collaboration européenne avec la Libye
- de mettre fin à la criminalisation du sauvetage en mer qui ne fait que créer un terrain favorable à ces attaques d’une brutalité inouïe.
Suite à un changement de dernière minute, c’est finalement à Augusta, près de Syracuse, qu’ont débarqué les 87 personnes rescapées qui étaient à bord de l’Ocean Viking. Principalement originaires du Soudan, elles ont fui la guerre et les persécutions. Après tout ce qu’elles ont enduré lors de leur parcours, elles ont encore dû faire face aux attaques armées contre notre navire de sauvetage par les garde-côtes libyens. Désormais, même notre navire humanitaire n’est plus un lieu sûr.
“Il est inacceptable que l’Union européenne finance et collabore avec des partenaires d’une extrême violence qui violent de manière répétée les droits humains, attaquent des travailleur.euses humanitaires et des rescapé.es, menaçant directement leur vie.”
Ayla, coordinatrice adjointe des opérations de recherche et sauvetage, depuis le pont où des dizaines de balles ont été retrouvées après l’attaque des garde-côtes libyens.
Jeudi 28 août 2025
Quatre jours après l’attaque des garde-côtes libyens, notre équipage est bloqué à bord de l’Ocean Viking. A la suite du débarquement des 87 rescapé.es à Augusta, le navire a reçu l’instruction de rester au mouillage à l’extérieur du port. En cause, de longs protocoles sanitaires qui sont flous et incohérents avec les normes médicales internationales. Leur débarquement rapide est impératif pour permettre aux personnes à bord de retrouver la terre ferme, de s’éloigner du lieu du traumatisme et de recevoir le soutien psychologique nécessaire.
Vendredi 29 août 2025
Après avoir été bloqués plusieurs jours au mouillage à l’extérieur du port d’Augusta, les membres de l’équipage de l’Ocean Viking peuvent enfin débarquer. Les autorités sanitaires ont levé la mesure d’isolement qu’elles avaient imposée. Les 34 personnes qui étaient encore à bord vont pouvoir se reposer et se remettre du traumatisme de l’attaque de l’Ocean Viking par les garde-côtes libyens, financés par l’Europe.
Crédit photos: Max Cavallari / SOS MEDITERRANEE
