Alors que l’hiver fait de nombreuses victimes en Méditerranée, l’Ocean Viking a secouru 34 personnes en détresse le 12 décembre dans les eaux internationales au large de la Libye. Le surlendemain, il a effectué un deuxième sauvetage complexe de 129 personnes en mer Ionienne, dont 43 femmes (l’une enceinte) et 43 enfants, à bord d’un bateau de pêche en acier. Malgré de nombreuses demandes pour obtenir un port plus proche, les autorités italiennes ont maintenu Ravenne comme lieu de débarquement et ce n’est que le 17 décembre que les 163 personnes secourues ont enfin pu débarquer.
Dernière mise à jour le 17/12/2024
Le 12 décembre 2024
Alors que l’Ocean Viking patrouillait dans les eaux internationales au large de la Libye, les équipes ont entendu plusieurs appels de détresse à la radio VHF indiquant qu’une embarcation pneumatique en détresse nécessitait une assistance immédiate. L’Ocean Viking a pu porter secours aux 34 personnes à son bord, qui venaient principalement de Syrie et de Gambie.
Une heure après la fin du sauvetage, un navire des garde-côtes libyens s’est approché à grande vitesse et a coupé la route de l’Ocean Viking, nous ordonnant de quitter la zone, malgré notre présence dans les eaux internationales. Interrompant brusquement notre échange radio, ils sont ensuite repartis. Toutes les personnes secourues sont maintenant saines et sauves.
Alors que nous sommes soulagés d’avoir pu secourir ces personnes, nous sommes profondément attristés et indignés par la tragédie survenue il y a quelques jours, au cours de laquelle 44 personnes ont disparu après avoir quitté Sfax à bord d’une embarcation. Le seul survivant, un enfant de 11 ans, a été sauvé grâce à l’ONG allemande Boat Spotting.
En 2024, 1 536 personnes ont perdu la vie en Méditerranée centrale. Les politiques européennes qui entravent nos missions vitales et la conduite dangereuse des garde-côtes libyenne conduisent à de telles tragédies.
Les autorités ont désigné Ravenne comme port sûr pour débarquer les 34 personnes secourues aujourd’hui. Un port situé à plus de quatre jours de navigation de la zone de sauvetage. En plein hiver, avec des conditions météorologiques difficiles, cette politique d’attribution de ports éloignés est une mesure encore plus intolérable pour les ONG de sauvetage en mer et inhumaine pour les rescapé.e.s.
Le 13 décembre
Alors qu’il se dirigeait vers le port sûr de débarquement désigné, l’Ocean Viking a repéré une embarcation en fibre de verre chavirée. En coordination avec les autorités maritimes italiennes, les trois canots de sauvetage ont été mis à l’eau afin de poursuivre les recherches. Après avoir cherché jusqu’au crépuscule, aucun survivant n’a été retrouvé.
Comme l’observe souvent SOS MEDITERRANEE, les acteurs libyens récupèrent généralement les moteurs des embarcations interceptées : le fait que le bateau chaviré ait encore ses deux moteurs et qu’aucun signe n’indique que les personnes à son bord aient été secourues ou interceptées nous fait craindre le pire, sans avoir de certitude.
Le 14 décembre
L’Ocean Viking a secouru 129 personnes, dont 43 femmes, l’une d’elles enceinte, et 43 enfants. Elles prenaient place dans un bateau de pêche en acier de 15 mètres qui se trouvait en mer Ionienne à 76 milles nautiques des côtes italiennes, dans la région de recherche et de sauvetage italienne, dans les eaux internationales.
Cette opération complexe a duré deux heures et a impliqué les garde-côtes italiens. Les personnes rescapées ont indiqué à nos équipes qu’elles avaient quitté la Turquie six jours plus tôt. Le plus jeune survivant est un bébé d’un mois qui voyage avec sa mère. Deux femmes souffrant d’hypothermie se sont effondrées en arrivant sur notre navire et ont dû être amenées sur des civières. Tout le monde est maintenant en sécurité à bord de l’Ocean Viking.
Après plusieurs demandes pour obtenir un port de débarquement moins éloigné, nous avons reçu la confirmation des autorités italiennes qu’elles maintenaient Ravenne comme lieu sûr de débarquement, bien qu’elles aient coordonné cette opération de sauvetage. Elles n’ont pas davantage tenu compte de la présence de cas médicaux urgents à bord et du fait que la plupart des survivant.e.s sont des femmes et des enfants. Un total de 163 personnes rescapées sont maintenant à bord et doivent être débarquées sans plus tarder.
Le 17 décembre
Les 162 rescapé.e.s et un bébé d’un mois ont débarqué dans le brouillard de Ravenne par -2°. Le premier sauvetage a eu lieu il y a cinq jours à 870 milles nautiques, soit 1611 km de Ravenne. Cette pratique honteuse de port éloigné est contraire au droit maritime et aggrave la condition fragile des rescapé.e.s.
Alors que l’Ocean Viking se dirigeait vers Ravenne, les équipes à bord ont reçu l’alerte de plusieurs cas de détresse et ont vu une embarcation retournée. Nous reprendrons la route dès que possible, sachant que nous aurons besoin de quatre jours pour rejoindre la zone d’opérations. L’obstruction des opérations vitales de sauvetage en mer doit cesser.
Crédits photo : Muriel Cravatte / SOS MEDITERRANEE
