Après une attente éprouvante au terme de six opérations de sauvetage difficiles, les 573 personnes à bord ont pu débarquer en Sicile les 9 et 10 juillet dernier. C’est un immense soulagement de savoir leur épreuve en mer terminée.
Photo ci-dessus : Parmi les personnes rescapées secourues entre le 1er et le 5 juillet, 150 étaient mineures et 18 éataient des femmes dont une enceinte.
1er juillet en Méditerranée centrale. À peine arrivé en zone de sauvetage, l’Ocean Viking a déjà repéré une embarcation, mais elle est vide, sans traces de ses occupants. Quelques heures plus tard, six opérations de secours se succèdent en quelques jours :
- Jeudi 1er juillet, en zone de recherche et de sauvetage maltaise, nos équipes portent secours à 44 personnes à bord de deux embarcations. Parmi elles, deux enfants en situation de handicap.
- Vendredi, 2 juillet, deux embarcations sont signalées mais interceptées par les garde-côtes libyens. Ces derniers les incendient après avoir fait monter les naufragé.e.s à bord de leur vedette, pour les ramener en Libye, bien que ce pays n’offre pas de port sûr selon le droit maritime international.
- Samedi 3 juillet, nous repérons de nouvelles embarcations en détresse. Deux sont retrouvées vides, dont une interceptée par les garde-côtes libyens ; nous portons secours à une troisième : 21 personnes sont ramenées saines et sauves à bord de l’Ocean Viking.
- Dimanche 4 juillet, à l’aube, 67 personnes sont secourues d’une barque surchargée menaçant de chavirer. Quelques heures plus tard, 71 personnes sont mises en sécurité à bord de l’Ocean Viking. Après quatre jours en mer sans eau, ni nourriture, elles sont extrêmement faibles : quatre d’entre elles doivent être évacuées par civière.
- Dans la nuit du 5 juillet, nos équipes procèdent au sauvetage de 369 personnes entassées sur une embarcation en bois dangereusement surchargée. L’opération très délicate, de nuit, dure près de 5h.
- Vendredi 9 juillet : après une attente éprouvante les premières personnes secourues -mineurs non accompagnés, et personnes ayant des besoins médicaux particuliers, débarquent enfin au port d’Augusta en Sicile.
Il aura fallu six demandes répétées auprès des autorités maritimes pour obtenir l’attribution d’un port de débarquement sûr pour les 573 personnes à bord. Une ultime épreuve pour tous ces rescapés épuisés par une traversée périlleuse sur de frêles embarcations, déshydratés, angoissés, déjà accablés par leur détention en Libye et le périple entrepris pour atteindre ce pays.
En mer, les ONG sont seules face à l’urgence
En mer, les ONG sont seules face à l’urgence, toujours en attente de moyens de recherche et de sauvetage européens. Leurs navires de sauvetages subissent de surcroît des blocages administratifs : cinq d’entre eux sont actuellement détenus par les autorités italiennes.
Exposées aux dangers de la mer, les personnes qui tentent la traversée au péril de leur vie subissent par ailleurs les interceptions menées par les garde-côtes libyens, en dépit du droit maritime qui proscrit le débarquement des personnes rescapées dans un port qui n’est pas sûr. Les retours forcés atteignent un triste record – 14 000 personnes depuis le début de l’année 2021 – le tout sur fond de violences extrêmes envers les personnes migrantes détenues en Libye.
792 disparitions en Méditerranée centrale ont été reportées en 2021, presque trois fois plus que pour tout 2020
Pour fuir ces violences, les départs se multiplient pourtant, dans des conditions dramatiques. De janvier à juillet 2021, 792 disparitions en mer ont été reportées (sources : Organisation internationale pour les migrations – OIM). C’est presque trois fois plus qu’en 2020, où l’on avait dénombré 264 décès pour la seule Méditerranée centrale.
Face à cette hécatombe, nos équipes sont plus que jamais mobilisées. Depuis l’été 2020, l’équipe médicale de SOS MEDITERRANEE a assisté 1941 personnes au cours de cinq missions en mer.