Cette publication de SOS MEDITERRANEE a pour but de faire le point sur les évènements qui se sont déroulés en Méditerranée centrale au cours des deux dernières semaines. Il ne s’agit pas de livrer une revue exhaustive des faits, mais plutôt de fournir des informations sur l’actualité de la recherche et du sauvetage dans la zone où nous opérons depuis 2016, sur la base de rapports publiés par différentes ONG et organisations internationales ainsi que par la presse internationale.
Un naufrage mortel emporte la vie d’un nouveau-né alors qu’aucun navire humanitaire ne patrouille en Méditerranée centrale.
Ces deux dernières semaines, jusqu’au 18 janvier, aucun navire de recherche et sauvetage (SAR) d’ONG ne patrouillait en Méditerranée centrale. Depuis plusieurs mois, cinq bateaux d’ONG humanitaires ne peuvent toujours pas intervenir à cause de blocages administratifs.
Le 11 janvier, l’Ocean Viking a pu quitter Marseille en direction de la Méditerranée centrale, pour sa première mission de l’année après 5 mois de blocage imposé et plusieurs semaines de préparation. Les équipes de SOS MEDITERRANEE et l’équipage à bord du navire ont respecté un auto-isolement de 10 jours et ont été testés négatifs au COVID-19 à plusieurs reprises avant d’embarquer.
La période de quarantaine de l’équipe de l’Open Arms s’est terminée le 18 janvier. L’équipe est restée en auto-isolement pendant 14 jours après une mission de sauvetage en mer au début de l’année, au cours de laquelle 265 personnes ont été secourues. L’Open Arms a repris la mer vers Barcelone afin de changer d’équipe et se réapprovisionner avant de reprendre ses opérations en Méditerranée centrale.
Le 11 janvier, environ 44 personnes dont onze femmes, la plupart venant de pays subsahariens, ont été secourues par la Marine tunisienne au large des côtes tunisiennes, après cinq jours en mer. Ils ont été retrouvés “flottant près de leur bateau qui s’était désintégré au cours de la traversée”, selon Infomigrants. Un nouveau-né a été retrouvé mort.
Au moins 19 personnes ont péri en Méditerranée centrale depuis le début de l’année, selon le Projet “Migrants Disparus” de l’Organisation Internationale des Migrations (OIM), alors que 340 personnes sont arrivées de manière autonome sur la côte italienne, selon le Ministère italien de l’Intérieur.
Audience préliminaire dans le procès de l’Open Arms
Le 9 janvier, Matteo Salvini a assisté à une audience préliminaire devant un juge de Palerme. L’ancien ministre de l’Intérieur répondait à des accusations de séquestration et d’abus de pouvoir après son refus de laisser accoster dans un port italien l’Open Arms et 147 rescapés à bord, en 2019. Sept des personnes secourues qui se trouvaient à bord du navire participeront au procès, qui a été repoussé au 20 mars. Le juge des audiences préliminaires (GUP) a admis toutes les requêtes présentées par les plaignants.
Le 12 janvier, l’UNHCR a appelé le Portugal et la Slovénie à “mettre à profit leurs présidences 2021 de l’Union Européenne (UE) pour faire avancer les négociations sur le Pacte européen sur la migration et l’asile”. Au sujet des opérations SAR, les recommandations de l’UNHCR pour la présidence 2021 de l’UE soulignent “l’important engagement [mentionné dans le Pacte] en vue de développer la recherche et le sauvetage et d’assurer un débarquement prévisible, que l’UNHCR espère voir rapidement adopté” (communiqué de presse de l’UNHCR).
Confirmation de près de 1 000 décès en Méditerranée centrale en 2020
Environ 36 400 personnes auraient traversé la Méditerranée centrale entre l’Afrique du Nord et l’Europe en 2020, selon le New Humanitarian. L’organe de presse indépendant sans but lucratif créé par les Nations Unies a récemment publié une enquête sur la tragédie qui s’est déroulée sur la route migratoire maritime la plus meurtrière entre 2013 et 2020.
Le 14 janvier, l’ONG qui gère une hotline téléphonique pour les personnes en détresse en mer, Alarm Phone, a publié un rapport revenant sur la situation en Méditerranée centrale au cours des six derniers mois, de juillet à décembre 2020. Cet organisme civil estime à 27 435 le nombre de personnes ayant tenté de fuir la Libye en 2020. Parmi elles, près de 3 700 ont été secourues par des navires d’ONG en Italie et 2 281 sont arrivées à Malte, selon Alarm Phone. D’après l’Organisation internationale des migrations (OIM), 11 891 personnes ont été interceptées par les garde-côtes libyens et ramenées de force en Libye en 2020.
Le Projet “Migrants Disparus” de l’Organisation Internationale des Migrations (OIM) a récemment confirmé le chiffre de 977 décès et disparitions sur la route migratoire de la Méditerranée centrale en 2020. Ces chiffres restent une estimation minimum, et ne tiennent pas compte de tous ceux qui ont péri dans des naufrages invisibles.
Crédit photo : Fabian Mondl / SOS MEDITERRANEE