Cette publication de SOS MEDITERRANEE a pour but de faire le point sur les évènements qui se sont déroulés en Méditerranée centrale au cours des deux* dernières semaines. Il ne s’agit pas de livrer une revue exhaustive des faits, mais plutôt de fournir des informations sur l’actualité de la recherche et du sauvetage dans la zone où nous intervenons depuis 2016, sur la base de rapports publiés par différentes ONG et organisations internationales ainsi que par la presse internationale.
De nombreuses embarcations en détresse aidées par des navires humanitaires ces deux dernières semaines, le Sea Eye 4 libéré
Le 18 août, le Sea Eye 4 a été libéré par les autorités maritimes italiennes, à l’issue de dix semaines de détention administrative, après avoir effectué les ajustements techniques exigés par les autorités. Le 27 août, le navire a quitté Palerme pour rallier la Méditerranée centrale.
Le 21 août, après avoir subi une quarantaine et présenté des tests PCR négatifs, le Sea-Watch 3 a quitté Trapani pour faire escale à Burriana, en Espagne.
Le 23 août, le voilier Astral de l’ONG Open Arms a quitté le port de Baladona, en Espagne, en direction de la Méditerranée centrale. Le 28 août, au cours de six opérations, l’Astral a porté assistance à un total de 121 personnes. Toutes ont ensuite été secourues par les garde-côtes italiens. Le 30 août, l’Astral a également porté assistance à d’autres embarcations en détresse.
Entre le 22 août et le 24 août, le voilier Nadir de l’ONG Resqship a porté assistance à plusieurs embarcations en détresse et secouru 17 personnes à bord d’une barque en bois qui menaçait de couler. Elles ont toutes fini par être secourues, certaines ont été transférées par les garde-côtes italiens.
Le 24 août, le navire de recherche et de sauvetage Geo Barents de Médecins Sans Frontières (MSF) a enfin été autorisé à débarquer les 322 personnes secourues entre le 5 et le 17 août à Augusta, en Sicile.
Les retours forcés et les naufrages se multiplient en mer
Ces deux dernières semaines ont encore été dramatiques en Méditerranée centrale ; plusieurs naufrages ont été documentés alors que d’autres se produisaient loin des regards, comme en témoignent des corps sans vie rejetés sur le rivage ou repêchés en mer. Pendant ce temps, le nombre de retours forcés bat tous les records.
Le 22 août, au moins 16 femmes, enfants et hommes ont été portés disparus après un naufrage au large des côtes libyennes, comme l’a révélé le Projet de l’OIM sur les Migrants Disparus, alors que 279 personnes étaient ramenées de force à Tripoli à l’issue de trois débarquements, selon l’UNHCR.
Le 24 août, l’avion Moonbird de Sea-Watch a repéré plusieurs embarcations vides et constaté des interceptions effectuées par des garde-côtes libyens. Le 26 août, selon l’ONG Alarm Phone, huit corps sans vie se sont échoués sur le rivage près de Sabratha.
Le 27 août, l’avion Seabird de Sea-Watch a localisé une embarcation en bois qui avait chaviré dans les eaux internationales. Onze personnes auraient grimpé sur l’embarcation qui s’était retournée, alors que cinq autres étaient à la mer. Le Seabird a vu le navire de ravitaillement offshore Asso Venticinque se porter au secours des rescapé.e.s avant de les transférer sur un navire patrouilleur libyen, méthode classique pour effectuer des retours forcés en Libye, en violation du droit maritime. Le Seabird a repéré au moins un corps sans vie, alors que le nombre de personnes décédées reste inconnu.
Le 28 août, 130 personnes sur deux embarcations ayant chaviré ont été ramenées de force à Tripoli. Quatre personnes sont portées disparues, d’après l’UNHCR.
Selon l’OIM, au moins 23 550 personnes ont été ramenées de force en Libye en 2021. Alors que près de 6 000 personnes se trouvent dans des centres de détention officiels, les disparitions se multiplient. « Nous craignons que beaucoup finissent par se retrouver aux mains des trafiquants », a déclaré Safa Msehli, porte-parole de l’OIM.
Les forces armées maltaises et les garde-côtes italiens au secours d’embarcations en détresse
Le 19 août, sept personnes, dont des enfants, qui se trouvaient sur une embarcation en train de dériver, ont été secourues par les forces armées de Malte. Le 28 août, des navires de garde-côtes italiens ont secouru 539 personnes sur une barque en bois complètement surchargée, au large de Lampedusa. Au moins 20 rescapé.e.s portaient des cicatrices de tortures infligées en Libye, comme l’a révélé à la presse un médecin de MSF. « Ces traces de coups, de brûlures, ces cicatrices et marques de torture sont injustifiables et inacceptables », a ajouté Flavio Di Giacomo, porte-parole de l’OIM. Selon la presse, le parquet italien a ouvert une enquête sur le sort de ces personnes qui fuyaient la Libye.
Le nombre de morts en Méditerranée centrale est quatre fois plus élevé que l’an dernier à la même période
Un rapport régional trimestriel publié par le Projet de l’OIM sur les Migrants Disparus montre que le nombre de morts comptabilisés sur la route de Méditerranée centrale au cours du deuxième trimestre de 2021 a été pratiquement multiplié par quatre par rapport à la même période en 2020. Une hausse qui confirme que la Méditerranée centrale constitue la route migratoire la plus meurtrière du monde. Le rapport souligne que, en plus des décès documentés, les cas de « naufrages invisibles » se multiplient, et rappelle que les chiffres sont probablement en-deçà de la réalité.
Crédit photo : Fabian Mondl /SOS MEDITERRANEE