Cette publication de SOS MEDITERRANEE a pour but de faire le point sur les évènements qui se sont déroulés en Méditerranée centrale au cours des deux dernières semaines. Il ne s’agit pas de livrer une revue exhaustive des faits, mais plutôt de fournir des informations sur l’actualité de la recherche et du sauvetage dans la zone où nous intervenons depuis 2016, sur la base de rapports publiés par différentes ONG et organisations internationales ainsi que par la presse internationale.
Les navires civils continuent de combler le vide laissé en Méditerranée centrale par les pays européens et les États associés
Entre le 7 et le 19 octobre, le voilier Nadir de l’ONG ResQship a porté assistance à huit embarcations en détresse et à plus de 240 femmes, hommes et enfants dans les eaux internationales au large de la Libye. Les naufragé.e.s ont tou.te.s été finalement secouru.e.s par les garde-côtes italiens, certains ont dû attendre plus de 12 heures après le premier appel de détresse.
Le 8 octobre, le navire de sauvetage Louise-Michel a porté assistance à 29 personnes en détresse qui ont ensuite été secourues par les garde-côtes italiens. Alors que le patrouilleur italien s’approchait de l’embarcation pour évacuer les naufragé.e.s, trois personnes bloquées sur le pont du Louise-Michel depuis cinq jours en attendant l’autorisation de débarquer dans un lieu sûr ont sauté par-dessus bord. L’équipage a déclaré l’état de nécessité à la suite de cet événement, alors que la situation à bord empirait. Le 9 octobre, le Louise-Michel a finalement été autorisé à débarquer à Lampedusa les 48 personnes secourues le 4 octobre.
Entre le 12 et le 17 octobre, le navire Geo Barents de Médecins Sans Frontières (MSF) a effectué cinq sauvetages dans les eaux internationales au large de la Libye. Les alertes de détresse ont été relayées soit par la hotline civile Alarm Phone, soit par l’avion civil de Pilotes Volontaires. Au total, 293 rescapé.e.s se trouvent actuellement à bord, en attente d’une autorisation pour débarquer dans un lieu sûr.
Le 15 octobre, selon le journaliste italien Sergio Scandura, le cargo MscMaritinaF a secouru 47 personnes en détresse dans les eaux internationales au large des côtes libyennes et a été autorisé à les débarquer peu après à Messine, en Italie.
Des tragédies incessantes : depuis 2014, plus de 20 000 femmes, enfants et hommes ont trouvé la mort en Méditerranée centrale, alors que les retours forcés vers la Libye restent une pratique courante
Le 7 octobre, les corps de 15 personnes ont été retrouvés à l’intérieur d’une embarcation calcinée sur une plage près de la ville de Sabratha en Libye. Selon le Croissant-Rouge libyen et la mission des Nations Unies en Libye (MANUL), la plupart d’entre eux ont été brûlés dans l’embarcation . La MANUL a publié une déclaration condamnant ce qu’elle a décrit comme le « meurtre odieux » des 15 victimes, « apparemment provoqué par des affrontements armés entre trafiquants rivaux ».
Le 10 octobre, des pêcheurs tunisiens ont récupéré les corps de huit personnes portées disparues après leur départ de Zarzis, en Tunisie, le 21 septembre. Selon les familles, dix-huit personnes se trouvaient sur l’embarcation, et dix sont toujours portées disparues. Des femmes et des enfants figurent parmi les personnes disparues. L’absence de recherche de la part de l’État a déclenché des manifestations et une mobilisation citoyenne à Zarzis. « Les pêcheurs qui ont pris la mer pour rechercher les personnes noyées dans cette embarcation ont retrouvé huit corps attendant d’être identifiés », a déclaré à Reuters un responsable du Croissant-Rouge, Mongi Slim.
Le 14 octobre, les garde-côtes tunisiens ont récupéré 11 corps dans les eaux internationales au large de Mahdia. Le porte-parole de la Garde nationale, Houcem Eddine Jebabli, a déclaré à l’AFP que des échantillons d’ADN avaient été prélevés afin d’établir leur identité, car les corps étaient partiellement décomposés.
Le 10 octobre, à 40 miles au sud-ouest de Trapani, en Sicile, un navire marchand a repéré des corps sans vie dans la mer. Les garde-côtes italiens ont récupéré trois corps.
On sait qu’au moins 1 220 femmes, enfants et hommes ont perdu la vie en Méditerranée centrale en 2022. Le seuil morbide de 25 000 décès en Méditerranée depuis 2014 a été franchi, avec plus de 20 000 décès en Méditerranée centrale.
Le 8 octobre, l’avion Seabird de l’ONG Sea-Watch a été témoin d’une interception menée par les garde-côtes libyens dans la zone maltaise de recherche et de sauvetage. Près de 40 personnes ont été renvoyées de force en Libye par un patrouilleur en dehors de sa zone de coordination.