#45 – Des tragédies évitées de justesse

Cette publication de SOS MEDITERRANEE a pour but de faire le point sur les évènements qui se sont déroulés en Méditerranée centrale au cours des deux dernières semaines. Il ne s’agit pas de livrer une revue exhaustive des faits, mais plutôt de fournir des informations sur l’actualité de la recherche et du sauvetage dans la zone où nous intervenons depuis 2016, sur la base de rapports publiés par différentes ONG et organisations internationales ainsi que par la presse internationale.

De nombreux sauvetages effectués par des navires civils et les garde-côtes italiens

Le 11 août, une embarcation surchargée transportant une quarantaine de personnes a chaviré au large des côtes de Lampedusa, alors qu’une opération de sauvetage par le voilier Astral de l’ONG espagnole Open Arms était en cours. Selon l’ONG et les garde-côtes italiens, qui sont arrivés sur place alors que l’embarcation avait déjà chaviré, il n’y aurait pas de victimes. Les personnes rescapées ont été transférées sur le patrouilleur des garde-côtes italiens et débarquées à Lampedusa.

Le même jour, le voilier Nadir de l’ONG allemande ResQship a porté assistance à 121 personnes retrouvées sur une barque surchargée, exposées à des conditions météorologiques difficiles avec des vagues d’un mètre. L’équipage du Nadir a distribué des gilets de sauvetage et escorté l’embarcation jusqu’à ce que toutes les personnes en détresse soient secourues par les garde-côtes italiens et débarquées à Lampedusa.

Les deux embarcations en détresse avaient été repérées par le Colibri, l’avion de surveillance en Méditerranée centrale exploité par l’ONG française Pilotes Volontaires, qui a également rapporté avoir repéré huit embarcations vides en Méditerranée centrale ce même jour.

Le 12 août, après une très longue période de blocage en mer, le Sea-Eye 4 affrété par l’ONG allemande Sea-Eye a finalement été autorisé à débarquer les 87 personnes secourues le 29 juillet dans un port sûr. Les rescapé.e.s ont passé 14 jours en mer, dont onze à bord du navire de l’ONG.

Le 17 août, l’Open Arms Uno, affrété par l’ONG espagnole Open Arms, a secouru 101 personnes lors de sa toute première opération de sauvetage en Méditerranée centrale. Deux jours plus tard, dans l’attente d’une autorisation de débarquer dans un lieu sûr, l’une des personnes secourues a dû subir une évacuation médicale d’urgence. À l’heure où nous écrivons cet article, le navire est toujours bloqué en mer, avec à son bord 99 personnes rescapées dans l’attente d’une autorisation pour débarquer dans un lieu sûr.

Entre le 17 et le 20 août, l’avion Colibri de Pilotes Volontaires a repéré 20 embarcations vides et signalé deux embarcations en détresse qui ont été secourues par des garde-côtes italiens et tunisiens.

Le 21 août, alors qu’il naviguait en direction du sud de la Méditerranée centrale, le navire Geo Barents de MSF (Médecins sans frontières) a reçu l’ordre des garde-côtes italiens de rechercher et de secourir une embarcation en détresse. À bord se trouvaient 106 personnes, dont 26 femmes et 42 mineur.e.s, qui étaient partis de Turquie. Le port de Tarente, en Sicile, a été désigné comme lieu sûr pour débarquer les rescapé.e.s le lendemain.

Deux grandes embarcation en bois surchargées trouvées en mer

Le 16 août, près de 500 personnes ont été secourues par les garde-côtes italiens à bord d’une grande embarcation en bois qui, selon le journaliste italien Sergio Scandura de Radio Radicale, serait partie de Libye. Les rescapé.e.s ont été débarqué.e.s dans deux ports italiens différents : Messine et Roccella Ionica.

Le 21 août, Sergio Scandura a rapporté l’arrivée d’une grande embarcation en bois transportant près de 600 personnes, dont des femmes et des enfants, le plus jeune ayant moins de 2 mois. L’embarcation serait partie de Libye. Au moins six personnes ont été hospitalisées.

Un naufrage sans victimes signalées

Le porte-parole du ministère tunisien de la Défense, Mohamed Zekri, a déclaré à l’Agence France Presse (AFP) que « les autorités tunisiennes avaient aidé à secourir 42 personnes en détresse au large des îles Kerkennah, en Tunisie centrale », après leur départ de Libye. Selon l’AFP, leur embarcation a coulé et les personnes rescapées se sont réfugiées sur une plate-forme pétrolière offshore à proximité.

Poursuite des retours forcés en Libye

Ces deux dernières semaines, 878 personnes ont été interceptées et renvoyées de force en Libye par les autorités maritimes libyennes. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 738 personnes ont été interceptées entre le 7 et le 13 août, et 140 entre le 14 et le 20 août.

Selon l’Agence européenne de garde-frontières et garde-côtes Frontex, cette dernière a contribué à l’interception de 794 personnes lors de 17 opérations en Méditerranée centrale.

Augmentation des départs depuis les côtes tunisiennes

Le 15 août, les autorités tunisiennes ont signalé avoir évacué 657 personnes en détresse en mer lors de 46 événements distincts entre le 12 et le 15 août. La semaine dernière, plus de 250 personnes en détresse ont été localisées par les autorités maritimes tunisiennes.