Coordinatrice de la communication et équipière à bord de l’Ocean Viking, Claire a commencé chez SOS MEDITERRANEE Suisse à la mobilisation citoyenne, avant d’intégrer deux ans plus tard l’équipe des opérations en mer où elle a appris le métier «geste après geste».
Calme et concentrée, Claire a peu à peu trouvé sa place sur les canots de sauvetage comme équipière, mais aussi sur le navire, après le transfert des personnes secourues sur l’Ocean Viking. « Le travail de marin-sauveteuse, ce n’est pas que sortir les gens de l’eau. C’est aussi toute la prise en charge des personnes rescapées » explique-t-elle. Une fois les personnes amenées en sécurité à bord, chaque membre de l’équipe « doit faire des quarts sur le pont et s’assurer que tout le monde se porte bien. »
Traductrice lors des consultations
Claire donne aussi volontiers un coup de main à l’équipe médicale. « Je suis souvent sollicitée comme interprète anglais-français lors des consultations, et particulièrement auprès des sages-femmes anglophones qui doivent discuter avec des rescapées francophones, y compris à propos des violences sexuelles » qu’elles ont subies en Libye ou sur leur parcours migratoire.
Comme elle a également accès à l’abri des femmes, où aucun membre d’équipage ni rescapé masculin de plus de douze ans ne peut pénétrer, elle s’occupe souvent des tout petits lorsque les mamans se reposent. Elle gagne ainsi rapidement la confiance des rescapées par sa gentillesse et sa douceur. Là, elle enfile sa casquette de coordinatrice de la communication et recueille le témoignage des femmes qui veulent bien se confier à elle. Viols, torture, enfermement, meurtres en Libye…
Six très jeunes enfants secourus lors d’un seul sauvetage
Mais pour elle, ce qui est « le plus difficile – et je n’aurais pas pensé que ça aurait pu autant me toucher – c’est vraiment de trouver de très très jeunes enfants, voire des bébés, perdus comme cela en pleine mer. »
« Le plus petit que j’ai secouru avait deux semaines » se souvient-elle. « Sur une de mes premières opérations, quand j’étais photographe, je me suis retrouvée avec deux bébés dans les bras sur le canot de sauvetage, quatre autres tout petits enfants assis par terre, calés entre mes jambes, parce qu’on avait dû évacuer très rapidement une embarcation en détresse. » Dans ces cas-là, ça peut être la photographe, voire un.e journaliste à qui on confie les bébés, ce qui permet aux autres équipiers de poursuivre le sauvetage. « Heureusement ce jour-là, on a pu rapidement secourir les adultes, qui nous ont rejoints sur le canot de sauvetage. » Dès leur installation, Claire leur confie chacun un bébé afin d’avoir les mains libres pour aider les autres personnes à monter. « Cette fois-là, il y en avait un qui était totalement déshydraté, c’était un bébé de deux mois à peine. Ça reste des événements très marquants » avoue Claire.