Giannis, responsable de l’équipe de recherche et de sauvetage (SAR) à bord de l’Ocean Viking, partage son expérience en Méditerranée. Entre préparation rigoureuse, défis techniques et moments d’émotion intense, il raconte les réalités d’un travail où chaque opération peut faire la différence entre la vie et la mort.
Mon nom est Giannis et j’ai 35 ans. Je suis le responsable de l’équipe de recherche et de sauvetage à bord de l’Ocean Viking. Je suis originaire de Grèce où j’ai commencé à travailler sur un bateau de sauvetage il y a sept ans, à Lesbos. Après quatre ans durant lesquels j’habitais à Lesbos, j’ai décidé de m’installer en Méditerranée et c’est ainsi que j’ai rejoint l’Ocean Viking, le navire sur lequel je travaille depuis trois ans.
La préparation est extrêmement importante. Comme nous ne pouvons jamais savoir ce à quoi nous allons être confronté.e.s, nous devons toujours nous préparer au pire afin de tout faire pour limiter au maximum les risques de perte de vies humaines en mer. Le contexte est vraiment difficile, dangereux et hostile avec de nombreuses opérations de sauvetage nécessaires dans une zone très étendue, avec une présence insuffisante, voire inexistante, de ressources de sauvetage.
La formation, le confort et la synergie sont très importants pour les membres de l’équipage dans un environnement de travail où de nombreux éléments ne sont pas contrôlables. La météo, l’état de l’embarcation, le nombre de personnes à bord rendent le sauvetage plus ou moins difficile.
Les embarcations surchargées et impropres à la navigation auxquelles nous sommes confrontés, sans équipement de sauvetage, requièrent des compétences très techniques, de la coordination, de la stratégie et du travail d’équipe.
Giannis, responsable SAR
De plus, la présence des garde-côtes libyens peut créer de la panique à cause de la peur [qu’éprouvent les personnes naufragées à l’idée d’être ramenées de force en Libye]. Il est très facile de communiquer avec les personnes rescapées, mais c’est éprouvant sur le plan émotionnel. Elles sont reconnaissantes, mais aussi désespérées, et racontent des histoires bouleversantes. La guerre, la pauvreté, les abus physiques et sexuels et les traitements inhumains ont traumatisé ces personnes qui sont comme vous et moi.
Il y a beaucoup de beaux moments et d’images qui restent gravés dans nos esprits. En mer, la nature nous apporte beaucoup, les personnes que nous secourons encore plus. Les dauphins, les baleines, les tortues de mer et ce bleu infini, c’est superbe, mais voir les personnes rescapées qui rient et se réjouissent de cet espoir et de cette liberté retrouvée, c’est unique.
Crédits photos: Anthony Jean / SOS MEDITERRANEE
