9 juillet
Sur la route pour rejoindre les bureaux de SOS MEDITERRANEE, je reçois un message de Laura qui me donne des nouvelles de mon futur départ sur la prochaine rotation de l’Ocean Viking, bloqué en quatorzaine en Sicile après 11 jours d’attente pour débarquer les 180 migrants sauvés en mer.
«Ce ne sera pas avant le 23, pour le début de votre quatorzaine. En Sicile. Je ne sais pas si ça te va, ça va être long.»
Je n’ai pas le choix, sinon celui de profiter de Marseille et de raconter le travail des équipes ici à terre.
En bas des bureaux, je croise Léa, en service civique pour 8 mois à SOS, qui fume une clope avant le rush de la conférence Facebook live, organisée en cette fin de journée.
Je lui annonce la nouvelle que je viens d’apprendre.
– Oui… ça va faire un gros vide en mer, là y a plus de bateaux de secours…
– Le Sea Watch devait pas repartir de Sicile?
– On vient d’apprendre qu’il est détenu là-bas depuis aujourd’hui, à cause du Covid, quatorzaine aussi.
Présente depuis 5 mois au sein de SOS, Léa semble presque malheureusement habituée à ces stratagèmes surprises.
– Mais il n’y a pas d’autres bateaux là?
– Non je crois qu’ils sont tous plus ou moins bloqués, il reste peut-être le Méditerranéa, faut vérifier, Laura te le dira mieux que moi.
– C’est pas comme si c’était la haute saison hein…
Nous terminons notre pause clope, avec cette vision d’une mer à nouveau confisquée à tous les bateaux de secours, pendant que des navires de croisière hauts comme des immeubles inondent à nouveau la mer, déversant leur flux de touristes dans les ports de Méditerranée, ouverts au tourisme de masse mais fermés à l’humanitaire.