6 juillet.
Dans le train pour Marseille.
Le billet pour 15h, pourtant réservé avec mon billet d’avion depuis La Réunion, n’avait pas été pris en compte.
« Il est complet. Ça vous dérange de prendre celui de 11H25, départ dans 20 minutes? Il reste de la place »
J’arriverai donc en avance à Marseille.
« SCNF, c’est possible »
Depuis hier, l’Ocean Viking a enfin reçu l’accord de l’Italie pour débarquer les 180 migrants à son bord.
Après 9 jours d’attente interminables en mer.
Face au silence de l’Europe.
Face à ce mur invisible.
Pour la première fois, l’état d’urgence a été décrété à bord d’un bateau de SOS MEDITERRANEE.
Deux rescapés s’étaient jetés par-dessus bord, d’autres avaient tenté de se suicider.
La tension et la fatigue psychologique de tout l’équipage était à leur comble, au bord de l’implosion, de l’accident.
Et les appels à l’aide, incessants.
Sans réponse positive durant 9 jours.
En-dehors du droit international.
En-dehors de toute forme de compassion.
(…)
Un océan de silence.
Ce silence qui invisibilise toujours plus ces personnes en quête de survie.
Pas de réponse.
Pas de regard.
Pas notre problème.
180 personnes à qui donner escale en Europe.
180 histoires terribles qui cherchent du répit.
180 humains qui veulent simplement vivre.
Dont c’est le droit.
Toujours le même scénario.
Toujours la même attente.
Des jours perdus.
De l’énergie volée.
Une conscience voilée.
Durant ces 9 jours, d’autres embarcations sont parties de Libye.
D’autres migrants ont sans doute pris la mer.
D’autres histoires se sont noyées dans l’indifférence.
Aux portes de l’Europe.
Loin de notre regard.
Loin de notre conscience.
L’attente est à ce prix.
Pour gagner quoi ?