Raphaële Lannadère, « L » de son nom d’artiste, a imaginé un spectacle où sa voix s’entrelace avec celles de Camélia Jordana, Jeanne Added et Sandra Nkaké dans une polyphonie envoûtante et militante, « Protest songs ». Le 9 décembre, elle chantera aussi dans le cadre des Escales solidaires au Châtelet à Paris pour SOS MEDITERRANEE. C’est sa façon à elle de nous « donner du courage, de l’amour, de la joie ». Et c’est réussi !
La chanson, pour moi, est un univers très vaste qui recouvre de nombreuses fonctions depuis la nuit des temps de l’humanité : prier, pleurer, rire, se réjouir ensemble et aussi parfois prendre les armes ou protester.
En 2017, lorsque la Maison de la poésie m’a offert une carte blanche, j’ai eu l’idée d’appeler les filles [Camélia Jordana, Jeanne Added et Sandra Nkaké] pour partager ce moment avec moi et on a créé « Protest songs », un spectacle qu’on a chanté à plusieurs reprises pour soutenir SOS MEDITERRANEE. J’aime tant leur voix et leur engagement en tant qu’artistes, en tant que femmes, en tant que citoyennes. Et puis il me semblait que pour chanter en polyphonie a cappella, il fallait quand même des sacrées musiciennes, ce qu’elles sont toutes infiniment.
Je suivais les actions de SOS MEDITERRANEE depuis déjà longtemps et j’ai été particulièrement heureuse d’imaginer que l’on pouvait devenir un peu comme des compagnonnes de route pour l’association.
Ce qu’on fait subir aux personnes que l’Ocean Viking secourt ensuite en mer est d’une telle violence ! On est d’abord venus les coloniser et exploiter les richesses de l’Afrique pendant des centaines d’années et maintenant, on leur fait subir des violences aussi effroyables et on les laisse mourir en mer sans témoin ni cercueil ! C’est une telle aberration ! On sait qu’ils sont plus de 40 0001 à avoir péri en mer, inconnus pour la plupart. C’est terrifiant, et c’est injuste.
Je crois que la Méditerranée fait partie des endroits où l’inhumanité s’exprime le plus fort sur cette terre. En tant qu’êtres humains, tous les gestes qui peuvent concourir à éviter des drames, des catastrophes, des humiliations, des sévices effroyables sont les bienvenus. Et c’est vrai que nous – à travers notre métier – on a la chance de pouvoir transmettre des émotions, de les partager et peut-être d’initier un réveil, de susciter l’attention sur ces choses.
Malgré des forces très puissantes qui nous accablent, on n’a pas d’autre choix que d’essayer de se donner du courage, de l’amour, de la joie, parce que ça vaut le coup. Et qu’on ne peut pas de toute façon abandonner des gens à la noyade.
Crédits vidéo et photo : Guillaume Bernhard / SOS MEDITERRANEE