Gébriel a parcouru 6 000 Km à vélo, a traversé la Méditerranée de la Sicile vers la Tunisie, a sillonné une douzaine de pays… Un parcours à rebours de celui des personnes secourues par SOS MEDITERRANEE, pour qui il vient de rallier Copenhague à Alger à vélo avec l’objectif de collecter des fonds.
Au terme d’un périple de plusieurs mois dont il a relayé les péripéties sur son compte Instagram en incitant à faire un don pour l’association, l’étudiant de 21 ans en M1 à Paris fera sa rentrée dans quelques jours : « ça va me faire drôle » s’amuse-t-il.
Gébriel dit ne pas encore se rendre compte de ce qu’il a vécu durant cette aventure. « J’ai fait des rencontres formidables sur ma route. Les gens ont fait preuve d’une immense générosité et cela m’a beaucoup touché. Maintenant j’ai envie de redonner tout ce qu’on a pu me donner. Je pense que mon retour à une ‘’vie normale’’ me fera peut-être réaliser tout ce que j’ai traversé ! »
Né d’une mère franco-danoise et d’un père algérien, Gébriel est un enfant du monde. Au-delà de l’envie de se « surpasser physiquement pendant plusieurs mois » il souhaitait « pouvoir rencontrer de nouvelles personnes dans différents pays, s’ouvrir à d’autres cultures et découvrir de nouveaux paysages. »
Et c’est précisément cet intérêt pour l’autre, cette empathie qui va le pousser à mettre en place une cagnotte pour SOS MEDITERANEE. « La situation en Méditerranée centrale est très préoccupante et manque cruellement de visibilité. Ce n’est pas normal que des personnes perdent la vie en tentant la traversée. Je suis révolté quand je vois comment l’Union européenne gère cette crise migratoire » et particulièrement « la violence inhumaine à laquelle sont exposées les personnes qui traversent ». En plus de sa collecte, qui lui a permis de reverser 1790€ à l’association, le jeune homme s’est fait un devoir de sensibiliser quiconque croisait sa route à la situation en Méditerranée. « Beaucoup de gens avec qui je discutais étaient sensibles à la situation migratoire en Méditerranée et ne trouvaient pas normal que des personnes perdent la vie en mer et voyagent dans des conditions aussi inhumaines. »
Plusieurs rencontres ont profondément marqué Gébriel durant ce voyage. « Mais je voudrais évoquer un sourire qui m’a vraiment touché. C’était à Jijel en Algérie. J’étais attablé à un café où je prenais une pause. Un petit garçon entre 7 et 10 ans est venu me voir pour me vendre des mouchoirs et je lui ai tendu un billet en lui disant ‘’je ne veux rien du tout, juste que tu gardes le billet. De là son visage s’est illuminé et son sourire a rayonné. J’ai son sourire gravé dans ma mémoire. À son âge on ne devrait pas avoir besoin de vendre dans la rue mais profiter de la plage et de l’été. »
Si le jeune homme arbore en permanence ce sourire, et ce malgré les kilomètres qu’il a parcourus chaque jour par beau temps ou mauvais temps, sa force et son dynamisme viennent de sa capacité à imaginer le meilleur pour l’avenir. « Je rêve d’un monde où les médias cesseront de nous opposer mais chercheront à nous rassembler. Où on arrêtera de passer sous silence les souffrances (…) des populations civiles qui subissent la guerre, la famine, le nettoyage ethnique et toutes les atrocités dont l’Homme est capable. Je rêve de beaucoup de choses mais je vis dans une réalité qui est tout autre et c’est à nous de la changer. »
Crédits photo et vidéo : Gébriel