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« Toutes les vies se valent » 
21 mars 2025

Vous êtes en détresse en mer. En danger de mort. Selon votre pays d’origine, votre situation financière, votre couleur de peau ou votre statut administratif, vos chances d’obtenir une assistance ne sont pas les mêmes. C’est l’amer constat que pose François Thomas, président de SOS MEDITERRANEE, qui continue de défendre l’inconditionnalité du sauvetage en mer. Pour lui, « toutes les vies se valent, et la discrimination n’a pas sa place en mer ».   

Lorsque vous naviguez, que ce soit à bord d’un navire de plaisance, d’un navire de pêche, d’un navire de commerce ou militaire, voire d’un sous-marin pour explorer l’épave du Titanic, dès que vous envoyez un appel de détresse aux autorités maritimes compétentes, tout doit être mis en œuvre pour vous secourir, et le contraire serait révoltant. 

Or, il y a tout juste un an, en Méditerranée centrale, une embarcation se trouvait en difficulté en pleine mer. Entassées les unes sur les autres dans un pneumatique de fortune, sans eau ni nourriture, les personnes naufragées étaient soumises aux intempéries. Thérèse était parmi l’équipage le jour où l’Ocean Viking a repéré cette embarcation qui dérivait depuis une semaine, avec 25 seulement survivant.e.s à son bord. Les 60 autres personnes embarquées en Libye, dont des femmes et des enfants, avaient peu à peu succombé sous leurs yeux. « Il semblerait que les personnes à bord aient réussi à appeler les secours avant que leurs téléphones ne soient endommagés par l’eau et qu’elles perdent aussi leur GPS, mais la trace de ce bateau a été perdue par les autorités et personne n’a cherché à savoir ce qui s’était passé. Les personnes survivantes racontent qu’elles ont vu des drones et des hélicoptères les survoler, que des bateaux les ont abordées et qu’ils sont repartis. Cela signifie que des gens savaient exactement dans quelle situation ces personnes se trouvaient, parce qu’il ne peut pas y avoir d’ambiguïté quand on rencontre ce genre de petit bateau avec des gens en train de mourir dessus. » Dans cette vidéo, elle dit son indignation et sa colère. 

« Ce qui paraît fou, c’est que faire du sauvetage devient un acte de résistance ! » 

Thérèse, marin-sauveteuse 

SOS MEDITERRANEE continue à demander qu’une enquête transparente soit menée afin de déterminer les mesures prises pour coordonner une opération de sauvetage dans le but de sauver la vie de ces 85 personnes. Depuis sa création, en 2015, l’association réclame que les États européens prennent leurs responsabilités en matière de recherche et de sauvetage en mer et mettent en œuvre tous les moyens possibles pour sauver les personnes qui continuent de se noyer en mer dans l’indifférence quasi générale. 

Avant de prendre la présidence de SOS MEDITERRANEE, en 2019, François Thomas a mené une longue carrière dans la marine marchande. Comme tout capitaine, il reprend volontiers à son compte les principes d’inconditionnalité du sauvetage chers à l’association. Il souligne que « chaque vie humaine doit être protégée sans distinction » et met un point d’honneur à rappeler que « le sauvetage en mer est un devoir moral et légal qui ne se discute pas. En mer, une personne en détresse n’a pas d’autre statut que celui de naufragée. Ce n’est ni un.e migrant.e, ni un.e marin de commerce, ni un.e pêcheur.se ».   

Le président de SOS MEDITERRANEE compte sur les quelque 900 bénévoles de l’association pour relayer ce message crucial lors de projections-débats, d’expositions et d’autres événements, partout en France. « Parler des centaines de naufrages qui se produisent chaque année, faire entendre la voix des personnes qui n’ont pas eu droit à une assistance alors qu’elles étaient en danger, simplement parce qu’elles n’étaient pas nées au bon endroit, c’est déjà agir, c’est résister au cynisme ambiant, et c’est très important. »   

« Un tombeau à ciel ouvert » 

François Thomas continue de s’insurger que la mer Méditerranée, qu’il aime tant, soit devenue « un tombeau à ciel ouvert » et que les autorités italiennes, plutôt que de collaborer pour secourir les personnes en danger, « nous empêchent d’accomplir notre devoir d’assistance par des mesures discriminatoires qui visent les ONG ». Ainsi, dénonce-t-il, le gouvernement italien a introduit la pratique consistant à assigner des ports très éloignés pour le débarquement des personnes secourues, ce qui oblige les navires de sauvetage humanitaires à parcourir de longues distances avant d’atteindre le port désigné par les autorités. Pendant ce temps, d’autres embarcations attendent en vain qu’on leur porte assistance.  

Ces nouvelles réglementations italiennes contredisent les textes fondateurs du droit maritime, qui doivent pourtant avoir préséance, notamment la Convention internationale de 1979 sur la recherche et le sauvetage maritimes (Convention SAR) de l’Organisation maritime internationale, selon laquelle « les États Parties s’assurent qu’une assistance est fournie à toute personne en détresse en mer (…) sans tenir compte de la nationalité ou du statut de cette personne, ni des circonstances dans lesquelles celle-ci a été trouvée ». (Chapitre 2, paragraphe 2.1.10). 

Crédits photo en haut de page : Stefano Belacchi/SOS MEDITERRANEE 

Crédit vidéo : Charles Thiefaine et Johanne de Tessières / SOS MEDITERRANEE 

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