Chaque personne reçue en consultation dans la clinique médicale de l’Ocean Viking porte sur elle et en elle les marques physiques et psychologiques d’un parcours d’une violence extrême, de privations et d’un manque d’accès aux soins et à l’hygiène. Depuis leur exil d’’Afrique ou d’Asie jusqu’aux aux côtes libyennes, ces femmes, hommes et enfants, qui ont survécu à la traversée du désert et à la détention en Libye, démontrent une force et une volonté admirables. Premier volet de la série consacrée à notre dossier médical « Soigner l’humanité qui nous rassemble ».
Des corps marqués par l’exil
Dans la clinique de l’Ocean Viking, les équipes médicales de SOS MEDITERRANEE sont les premiers témoins des séquelles physiques et psychologiques liées à la migration. Infections respiratoires, maladies dermatologiques, maladies chroniques non traitées, maladies diarrhéiques, dénutrition : ces pathologies racontent les conditions de détention insalubres, en Libye notamment, où l’accès aux soins est inexistant pour les personnes en migration, particulièrement celles originaires d’Afrique subsaharienne, stigmatisées et discriminées.
La santé, victime collatérale des centres de détention
« Nous devions uriner et nous soulager là où nous dormions. L’odeur rendait les gens malades. Impossible de se laver, nous devions boire de l’eau salée », témoigne Inoussa, 26 ans, secouru en avril 2022. Dans ces lieux de détention où s’entassent souvent des centaines de personnes, l’absence d’hygiène provoque des pathologies graves, particulièrement chez les enfants.
Violences sexuelles : les femmes doublement vulnérables
Pour les jeunes filles et les femmes, mais aussi pour les hommes et les enfants, les violences sexuelles sont fréquentes et la sage-femme à bord de l’Ocean Viking en constate les conséquences quotidiennement : maladies sexuellement transmissibles, grossesses, blessures, psychotraumatisme… En outre, l’accès aux produits d’hygiène menstruelle relève souvent de l’impossible. « Les risques de violences sexuelles conduisent certaines à éviter d’aller aux toilettes, provoquant des infections urinaires », explique Ayla, cheffe de l’équipe médicale de SOS MEDITERRANEE à bord. Une situation particulièrement alarmante pour les femmes enceintes, privées de tout suivi médical durant leur parcours migratoire.
Des traumatismes qui dépassent le physique
Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations, « la mobilité affecte non seulement la vulnérabilité physique des personnes, mais aussi leur bien-être mental et social. » Les violences subies, la torture, le travail forcé laissent des traces profondes. À bord de l’Ocean Viking, les équipes de SOS MEDITERRANEE constatent une prévalence importante de cas d’anxiété, de dépression et de stress post-traumatique chez les personnes rescapées.
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Crédits photo : Laurence Bondard/SOS MEDITERRANEE
