Plus grand, plus rapide, entièrement équipé et plus robuste, son ergonomie a été entièrement dessinée pour augmenter notre capacité de sauvetage et résister aux conditions extrêmes de nos opérations en mer. Livré le 7 décembre 2022, voici notre nouveau canot de sauvetage Easy 1, qui effectue actuellement ses premières missions en mer.
Max, qui a pu tester ce nouvel atout avant le départ de l’Ocean Viking de Marseille mi-décembre, nous explique les nombreuses spécificités de ce nouveau canot pneumatique à coque rigide (Rhib) unique, un condensé d’innovation dans le domaine du sauvetage maritime.
Max fait partie des premiers marins-sauveteurs montés à bord de l’Aquarius en 2016 : il connaît bien les risques auxquels sont confrontées les équipes de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale. Des embarcations « percées en train de couler avec des dizaines de personnes tombées à l’eau en pleine nuit s’agrippant à tout ce qu’elles peuvent », le moment fatidique de l’approche où « tout mouvements de foule risque de faire chavirer leur embarcation », le difficile transfert des rescapé.e.s depuis le canot de sauvetage vers le navire-mère alors que « les vagues font plusieurs mètres de haut »… Ces moments, il s’en souvient avec précision.
Aujourd’hui responsable des opérations maritimes au siège de SOS MEDITERRANEE, Max a contribué à l’amélioration continue de l’expertise des équipes en mer et de son équipement. Avec les conseils de plusieurs membres de l’équipe de recherche et de sauvetage, il a établi le cahier des charges et piloté la fabrication de ce nouveau canot de sauvetage qui mesure 9,35 mètres de long, soit 3 mètres de plus que son prédécesseur.
« Dans le cahier des charges, nous avions indiqué 107 exigences spécifiques… et certaines d’entre elles sont critiques. »
Max
233 850€ ont été nécessaires pour financer ce nouveau canot rapide et ses deux moteurs. Outre un crowdfunding en Italie, les dons de nombreux individus et un apport de notre partenaire le groupe Léa Nature, son achat a également été financé par plusieurs collectivités locales françaises : la Région Bretagne, la Région Occitanie ainsi que les Villes de Marseille, Brest et Montpellier.
L’innovation est au cœur même de nos opérations puisque les équipes de SOS MEDITERRANEE améliorent sans cesse leurs protocoles et leurs techniques pour porter secours à des dizaines, voire à des centaines de personnes entassées sur une embarcation en détresse dans un temps très court : ces techniques liées aux sauvetages « de masse » sont tout à fait inédites. Ainsi sur le marché, il n’existe actuellement aucun canot de sauvetage adapté à de telles opérations. « Il nous fallait un outil sur mesure, dont la fonction principale est d’évacuer des personnes d’une situation de danger imminent pour les amener vers un lieu où elles sont en sécurité » explique Max. Et chaque élément a sa raison d’être, du moindre appareil électronique jusqu’à la lumière sur les embarcations qui ne doit pas aveugler les personnes secourues tout en nous conférant une visibilité à 360° la nuit, au cas où l’une d’elle devait tomber à la mer.
« Ce que nous essayons vraiment de faire, c’est de réduire les risques, c’est-à-dire d’empêcher les gens de mourir en Méditerranée centrale. Or ces personnes meurent d’abord parce qu’elles se noient. Et en second lieu, parce qu’elles suffoquent écrasées durant le naufrage. Pour empêcher la noyade, nous devons être en mesure de déployer très rapidement de nombreux gilets de sauvetage et moyens de flottaison de masse. Sur ce nouveau canot, nous avons donc prévu un espace plus conséquent sur le pont pour les sacs de gilets de sauvetage et des points d’attache où les fixer. Pour hisser les personnes tombées à la mer plus rapidement, nous avons réduit le diamètre de la section centrale du flotteur, mais pas trop non plus pour éviter que les gens ne tombent par-dessus bord une fois qu’ils sont à l’intérieur. »
Le canot de sauvetage devait également :
- être suffisamment robuste pour supporter le grutage, la mise à l’eau, puis la sortie, ainsi que l’exposition constante aux rayons ultraviolets et aux fumées de diesel ;
- être assez puissant pour atteindre la vitesse de navigation avec plusieurs dizaines de personnes à bord – il dispose de deux fois plus de place que le précédent canot de sauvetage – et permettre un transfert plus rapide des personnes rescapées vers l’Ocean Viking ;
- être assez grand pour pouvoir transporter un radeau de sauvetage à déployer si des personnes tombent à l’eau ou si l’embarcation en détresse menace de se briser pendant l’opération d’évacuation ;
- avoir deux moteurs, pour être plus facilement manœuvrable – ainsi lorsque plusieurs personnes sont tombées à l’eau, des vêtements peuvent flotter à la surface et se prendre dans les hélices de l’un des moteurs, le rendant inutilisable, et ce deuxième moteur devient donc indispensable pour poursuivre la mission ;
- inclure une grande plate-forme ouverte à l’avant pour faciliter l’évacuation des personnes en détresse et pour placer des civières si nécessaire…
« Je n’aime pas trop être ‘’romantique’’ à propos de nos canots de sauvetage, après tout ce sont d’abord des outils de travail. Mais pour moi ils font presque partie de l’équipe des marins-sauveteurs ! Ce sont eux qui assurent la sécurité des personnes en détresse et de nos équipes ; c’est presque une extension de nos corps : sans eux, nous ne pourrions jamais accomplir tout ce que nous faisons pour secourir ces gens… »