Mondialement reconnu pour son rôle dans la protection des personnes « qui sont à risque de persécutions ou qui fuient des guerres, des situations de violences, des violations des droits humains et qui sont donc contraintes de quitter leur pays », le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) œuvre également « auprès de personnes qui se déplacent à travers les voies maritimes, un contexte qui les expose à un grand nombre de risques et de violations ». Des pirogues africaines tentant de joindre les Canaries aux Rohingyas qui fuient à travers la mer des Andaman en passant par le dangereux passage des îles Comores vers Mayotte ou, bien sûr, la Méditerranée centrale où opère l’Ocean Viking, Jacopo Giorgi explique les enjeux de cette mission qu’il dirige avec conviction.
Jacopo Giorgi est conseiller juridique principal de la Division de Protection Internationale du Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR) depuis 2021. À ce titre, il est le point focal de l’Organisation pour la protection en mer. Dans le passé, il a travaillé avec d’autres organisations internationales et ONG, aux sièges mais également dans le cadre d’opérations, notamment en Italie, en Bosnie-Herzégovine, aux Philippines, au Soudan et en Iran. Il connaît bien le cadre du droit international des réfugiés et des droits humains, mais aussi du droit de la mer, et observe avec inquiétude les multiples manquements au respect de ces principes et textes fondateurs. Son expertise a été très applaudie lors des Premières Assises du droit de la mer et des solidarités maritimes, lors desquelles il a rappelé que « les politiques de fermeture et d’externalisation des frontières provoquent un phénomène de vases communicants et un déplacement des migrations » sans toutefois offrir de garanties que cela se traduise par une réduction des flux migratoires vers les pays les plus riches. Selon l’expert de l’ONU, « le long de nombreuses routes maritimes, le faible nombre de témoins et l’absence de chiffres fiables rendent difficiles les actions de plaidoyer ».
Des moyens étatiques et une collaboration renforcée
Les actions de plaidoyer du HCR visent à « un renforcement des capacités de sauvetage en mer de la part des États, auxquels incombent principalement la protection des personnes réfugiées et migrantes » mais aussi « la protection des personnes une fois qu’elles ont été secourues afin qu’elles soient débarquées dans un port sûr où leurs droits fondamentaux et leurs besoins essentiels sont assurés. »
Citant un ouvrage co-édité par le HCR et l’Organisation maritime internationale, Sauvetage en mer : Guide des principes et des mesures qui s’appliquent aux migrants et aux réfugiés, Jacopo Giorgi souligne que le droit de la mer n’a pas été écrit en tenant compte des situations dramatiques que nous vivons aujourd’hui et est sujet à interprétation de la part des acteurs en mer selon les objectifs qu’ils poursuivent. Il insiste sur l’importance de lire les textes du droit maritime à la lumière des cadres législatifs relativement aux droits humains et aux droits des réfugiés.
« Il faut que les États coopèrent entre eux mais aussi qu’ils coopèrent avec les acteurs humanitaires sans aucune criminalisation de leur action. »
Rappelant l’obligation de tout capitaine de porter assistance aux personnes en détresse en mer, il insiste aussi sur celle de protéger les personnes rescapées. Le responsable du HCR évoque « le rôle fondamental des navires privés pour le sauvetage des personnes en danger » et appelle à la collaboration de tous les acteurs en mer. « Il faut que les États coopèrent entre eux mais aussi qu’ils coopèrent avec les acteurs humanitaires sans aucune criminalisation de leur action ». Il souligne enfin l’importance de sensibiliser les marins de la flotte marchande aux opérations de recherche et de sauvetage en mer : « on essaye de travailler avec tous les acteurs maritimes qui ont des responsabilités quand il s’agit d’offrir la protection aux personnes en détresse en mer, et la marine marchande y joue un rôle majeur. » Jacopo Giorgi explique que leur collaboration dans la mise à jour du Guide sur le sauvetage en mer est précieuse et qu’ils travaillent également ensemble « à la formation de tous les acteurs maritimes en matière de sauvetage. »
Crédit photo en haut de page : Jérémie Lusseau / SOS MEDITERRANEE
Crédit vidéo : Valentin Williet, Célestin Monteil et Antonio Gonzales
Musique : « Irréductible », Coma studio, Pixabay

