Méditerranée : les choix politiques des États européens provoquent plus de morts en mer 

Marseille, le 16 mars 2023 – Trente personnes ont péri dimanche dernier en Méditerranée centrale, alors qu’elles auraient pu être secourues. Leur mort, comme celle de plus de 20 000 autres personnes, survenue dans la même zone depuis 2014, est le résultat de choix politiques délibérés de l’Europe. SOS MEDITERRANEE appelle au rétablissement urgent de services efficaces pour la coordination de la recherche et du sauvetage en conformité avec le droit international. Nous demandons également le déploiement immédiat de moyens consacrés au sauvetage dans cette région maritime abandonnée. 

En quatre semaines à peine, les Nations-Unies ont enregistré 248 décès par noyade en Méditerranée centrale. Le naufrage tragique survenu au large de Cutro, en Calabre, a choqué le monde entier. La plupart des autres naufrages ont eu lieu dans un silence assourdissant. Dans bien des cas, ces vies auraient pu être sauvées si la coordination des opérations de recherche et de sauvetage en mer avait été efficace en Méditerranée et si les eaux internationales de la Méditerranée centrale n’avaient pas été vidées des moyens étatiques européens de secours en mer.   

Depuis la fin de l’opération italienne Mare Nostrum en 2014 et depuis l’attribution officielle d’une région de recherche et de sauvetage aux autorités maritimes libyennes en 2018, la tragédie qui se déroule en Méditerranée centrale n’a fait que s’aggraver. SOS MEDITERRANEE est témoin de retards critiques répétés, voire d’une absence totale de coordination pour la recherche et le sauvetage depuis de nombreuses années.  

L’un des événements les plus tragiques pour les équipes de SOS MEDITERRANEE s’est produit en avril 2021, lorsque l’Ocean Viking a été confronté à une absence totale de coordination alors qu’elle recherchait une embarcation signalée en détresse. Ce défaut de coordination a entraîné un naufrage tragique qui a coûté la vie à quelque 130 personnes.1 Une fois de plus, les leçons de ces événements n’ont pas été tirées et les personnes en détresse en mer continuent d’être abandonnées à leur sort.  

Depuis le début de nos opérations en mer, en 2016, nous ne pouvons que constater qu’en dépit des risques de mourir en mer, de nombreuses personnes continuent de fuir les graves violations des droits humains et les souffrances dont elles sont victimes sur des embarcations surchargées et impropres à la navigation. Les États européens ont répondu à cette tragédie humanitaire par une politique de dissuasion meurtrière en retirant les services de sauvetage, puis en finançant et en formant des forces extérieures pour opérer des interceptions et des retours forcés. De plus, ces mêmes États criminalisent les navires des ONG qui se consacrent à la recherche et au sauvetage en entravant leur action. 

Nous ne pouvons que redouter que d’autres personnes se noient en Méditerranée centrale tant que les États membres de l’Union européenne continueront à fuir leurs responsabilités. Il est crucial et urgent de remettre en place des services réactifs et efficaces pour la coordination de la recherche et du sauvetage en mer, en conformité avec le droit maritime, et de déployer de toute urgence des moyens européens dédiés en Méditerranée. 

[1] Communiqué du 22 avril 2021 « L’Ocean Viking témoin des conséquences d’un naufrage meurtrier au large de la Libye »
https://sosmediterranee.fr/communiques-et-declarations/declaration-2021-04-22/

Crédit photo : Anthony Jean / SOS MEDITERRANEE

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