SOS MEDITERRANEE déçue du manque de clarté concernant un mécanisme européen de débarquement

Conseil Justice et Affaires intérieures au Luxembourg “Où allons-nous débarquer à l’avenir?”

Marseille, le 8 octobre 2019 – Aujourd’hui, le Conseil Justice et Affaires intérieures des Etats européens a annoncé que ses Etats membres ont discuté d’un “projet pilote” concernant un mécanisme de débarquement en lieux sûrs en Méditerranée centrale. Cependant, aucune modalité n’a été indiquée. Bien que SOS MEDITERRANEE salue la volonté de plusieurs pays européens de trouver des solutions pour éviter que des navires de sauvetage ne se retrouvent à nouveau bloqués en mer, l’ONG est déçue qu’aucun élément plus concret et pratique, nécessaire à la mise en œuvre immédiate d’un tel mécanisme, n’ait été clairement exposé.

Où allons-nous débarquer à l’avenir ? 16 mois après le premier blocage de l’Aquarius, nous regrettons qu’aucun moyen concret pour un mécanisme de débarquement coordonné, prévisible et rapide n’ait été mis en place aujourd’hui ” explique Frédéric Penard, directeur des opérations à SOS MEDITERRANEE. “Il est absolument essentiel de mettre fin aux accords ad hoc concernant les navires de sauvetage humanitaires, inutilement bloqués en mer pendant des jours avec des survivants à leur bord” ajoute Frédéric Penard. 

SOS MEDITERRANEE rappelle également que les Etats européens doivent agir davantage afin d’éviter que des tragédies humaines ne se reproduisent en Méditerranée centrale, en amont de la phase de débarquement. La situation en Méditerranée centrale est en effet actuellement catastrophique, en raison du manque total de coordination dans la zone de recherche et de sauvetage libyenne et du manque de capacités dans cette zone, qui mènent à de plus en plus de morts en mer.

Au cours des deux premières missions de l’Ocean Viking, à chaque fois que nous avons cherché à informer les autorités maritimes libyennes et européennes de bateaux en détresse, les réponses étaient soit inexistantes soit très tardives. Les autorités maritimes libyennes ont à plusieurs reprises assigné un port libyen à l’Ocean Viking pour procéder au débarquement des survivants – ce que nous ne pouvons pas accepter selon le droit maritime, ces ports ne pouvant pas être considérés comme des lieux sûrs” ajoute Frédéric Penard. “Faudra-t-il à nouveau faire face à de longs blocages ajoutant encore plus de souffrance aux personnes secourues, dans l’attente qu’un lieu sûr soit assigné ?”

Nous apprenons que la mission Sophia reprend pour six mois, sans pour autant qu’elle soit équipée de navires pour patrouiller. Les garde-côtes libyens, financés par l’Union européenne, continuent quant à eux à ramener systématiquement en Libye les personnes qu’ils interceptent sur des embarcations en détresse. Renvoyer ces êtres humains dans l’enfer libyen qu’ils ont tenté de fuir est tout simplement inadmissible”, s’exclame Sophie Beau, directrice générale de SOS MEDITERRANEE France. “Nous exhortons les États membres européens à mener à bien des discussions qui ont déjà pris beaucoup trop de temps au prix de vies humaines ».

Crédit photo : Stefan Dold / MSF

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