Attaque du siège de SOS MEDITERRANEE à Marseille : la justice condamne les agresseurs

Marseille, 20 octobre 2022 – Le tribunal correctionnel de Marseille a rendu aujourd’hui son jugement en condamnant les 23 prévenus pour l’intrusion violente dans les locaux de SOS MEDITERRANEE, le 5 octobre 2018. L’association civile européenne de sauvetage en mer et ses sept salariés ont été reconnus victimes de cette attaque, l’audience ayant démontré l’ampleur des préjudices quatre ans après les faits.

Le procès des 23 militants ex-membres de Génération identitaire a permis d’établir l’ensemble des faits précisément, de l’irruption violente du groupe dans les locaux de l’association jusqu’à l’éjection manu militari de certains de ses salariés, d’autres se réfugiant dans leurs bureaux paniqués jusqu’à l’arrivée de la police. Les agresseurs avaient également déployé une banderole sur la façade des locaux de l’association, colportant un message haineux.


L’audience a également permis d’attester de l’ampleur des douleurs et du traumatisme subis par les victimes. Plusieurs d’entre elles ont exprimé des troubles anxieux persistants et un fort sentiment d’insécurité liés à cette intrusion. L’association avait quant à elle dû déménager à la suite des faits et mettre en place toute une série de mesures de sécurité.  

Le tribunal correctionnel de Marseille a souligné la gravité de ces faits qualifiés de violence volontaire en réunion, de participation à un groupement en vue de la préparation de violences et de diffusion d’images de violence. Le tribunal a également reconnu les préjudices pour chacune des sept victimes de cette violente attaque, ainsi que plusieurs préjudices pour l’association SOS MEDITERRANEE qui s’était également constituée partie civile.

« Cette attaque a porté une atteinte grave à la réputation de l’association et à sa mission. Le tribunal a reconnu l’importance des préjudices subis »  affirme Maître Sébastien Mabile, avocat de l’association et membre du cabinet Seattle avocats.

« La justice a fait preuve d’une grande fermeté. Cette escalade de la violence doit être stoppée. On ne peut pas tirer impunément sur une ambulance. Aujourd’hui le tribunal, en ordonnant des peines d’inéligibilité et d’interdiction de séjour à Marseille, affirme qu’une revendication politique ne justifie en rien de tels faits », ajoute François de Cambiaire, également avocat de l’association et membre du cabinet Seattle avocats.

Pour François Thomas, président de SOS MEDITERRANEE, « Les sept personnes salariées de SOS MEDITERRANEE qui étaient présentes dans les locaux de l’association le jour de cette attaque ont été entendues et reconnues en tant que victimes. Nous sommes soulagés que justice soit faite : ce n’est ni une victoire, ni une vengeance mais il était crucial que les assaillants soient reconnus coupables de ces violences. Quatre ans plus tard, les victimes sont toujours profondément choquées. Elles vont désormais pouvoir entamer un processus de reconstruction ».

Si les victimes ont pu témoigner durant les huit jours d’audience, la majorité des prévenus, elle, ne s’est pas présentée à la barre.

« C’est particulièrement surprenant que la plupart des prévenus ne soient pas venus répondre de leurs actes devant le tribunal, alors qu’ils revendiquent une « action politique ». Cela démontre leur mépris de la justice et leur refus d’assumer leurs responsabilités face à des victimes encore traumatisées. » relève Maître Vincent Schneegans, l’un des trois conseils de l’association SOS MEDITERRANEE.


SOS MEDITERRANEE, qui opère en Méditerranée centrale, route maritime migratoire la plus meurtrière au monde[1], a secouru 36 789 hommes, femmes et enfants depuis le début de son activité en 2016. « Le sauvetage en mer n’est pas une opinion. C’est une obligation légale et morale. Alors que l’urgence humanitaire en mer continue, nous sommes toujours aussi déterminés à poursuivre notre mission et nous continuerons de tendre la main à chaque personne en danger de mort en Méditerranée » conclut François Thomas, président de l’association.


[1] La Méditerranée centrale est la route maritime migratoire la plus meurtrière au monde depuis 2014, selon l’Organisation internationale pour les migrations : https://missingmigrants.iom.int/fr  

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