Impossible de rester insensible à cette grande voix du jazz et de la soul, qui vient de remporter la victoire de l’artiste vocale lors des Victoires du Jazz 2024. Préoccupée par le sort des personnes qui quittent l’Afrique et se noient en mer dans l’espoir d’une vie meilleure, Sandra Nkaké réaffirme son soutien à SOS MEDITERRANEE.
Artiste compositrice et chanteuse franco-camerounaise, Sandra Nkaké se définit comme une artiste féministe : « Je suis un être humain qui se sent concerné par les autres et je soutiens SOS MEDITERRANEE parce que son action est nécessaire » explique-t-elle. « Les personnes qui traversent la Méditerranée au péril de leur vie pour chercher un avenir meilleur font écho avec ma propre vie, mais aussi avec la mémoire de toutes mes cellules. »
Si Sandra a pu émigrer avec un visa en suivant sa famille en France à l’âge de 11 ans, elle reconnaît qu’elle a eu la chance d’être née à un endroit où elle avait le bon passeport. « Mais mes frères et sœurs, qui n’ont pas cette chance-là, sont tout autant des êtres humains ». Elle ne connaît que trop bien l’histoire de l’esclavage sur son continent d’origine, « parce que je suis petite fille et arrière-petite-fille de personnes dont on a arraché des membres de la famille pour la traite transatlantique. Et en fait cette histoire, elle se répète ! » se désole-t-elle.
Lorsqu’elle a entendu parler de la condition des personnes migrantes détenues en Libye – mise en esclavage, violences sexuelles, extorsion, torture… – et de leur fuite en Méditerranée au péril de leur vie, la chanteuse engagée n’a pas hésité à rejoindre Raphaèle Lannadère, Jeanne Added et Camélia Jordana pour une tournée de concerts de soutien à SOS MEDITERRANEE en juin 2024. Le projet « Protest Songs », ce sont « quatre femmes, quatre sœurs de cœur, quatre amies, quatre artistes qui avons voulu soutenir SOS MEDITERRANEE de manière plus proactive ».
Sandra Nkaké et ses complices entremêlent leurs voix dans différentes œuvres, dont sa propre chanson intitulée « Nuit », composée en hommage aux disparu.e.s en mer.
Les nuages se déchirent.
La brûlure du fouet.
Du fond des cales,
Les âmes ont pleuré.
Il n’y a plus d’étoiles.
La beauté s’est fanée.
Il y a du sang sur les voiles.
L’ancre rouge est mouillée.
Mais au loin, j’entends ces voix qui m’appellent.
La brume se dessine sur ton visage.
J’ai vu le diable dans tes yeux.
Il a voulu mon âme, mais je l’ai chassé.
Il n’est plus rien pour moi. Son nom n’existe pas.
Non.
Dans sa chanson, l’artiste a « voulu transformer cette histoire en musique » parce que c’est l’endroit où elle se sent « la plus juste dans le monde. Elle parle de ces corps d’aujourd’hui qui vont retrouver les corps d’hier, montrant qu’on n’a toujours pas appris les leçons de l’histoire. »
Aujourd’hui, Sandra poursuit son engagement lors des Escales solidaires lors d’un des dix événements organisés en décembre 2024 et janvier 2025 en soutient à SOS MEDITERRANEE en région parisienne.
Crédits vidéo et photo : Guillaume Bernhard/SOS MEDITERRANEE