Vivi, comme tout le monde l’appelle, est née en 1979 sur la côte sud de la Sicile. Elle y habite toujours avec ses deux enfants de 11 et 13 ans, du moins lorsqu’elle n’est pas en mer. Elle a étudié la communication et les droits de l’Homme, s’est spécialisée en droit international de la mer, et a soutenu une thèse sur le sauvetage en mer.
Pendant ses études, elle travaillait déjà comme « life guard ». En 2015, elle a été recrutée comme coopérante dans le cadre d’actions humanitaires, d’abord dans un camp de réfugiés en Sicile et plus tard dans un hotspot à Bologne.
Vivi a rejoint SOS MEDITERRANEE en décembre 2017, un mois avant le sauvetage critique du 27 janvier 2018 qui a fortement marqué les marins-sauveteurs en présence, en raison du grand nombre de personnes à l’eau, de la difficulté de l’opération et des échanges de plus en plus complexes avec les garde-côtes libyens. Vivi était membre de l’équipe des marins-sauveteurs à bord de l’Aquarius jusqu’au blocage du navire. Elle a rejoint l’Ocean Viking pour cette 5e rotation.
« Je suis sicilienne, j’ai grandi avec l’amour de la mer. Quand j’étais sauveteur, mon travail consistait en fait à protéger les gens qui s’amusaient en mer. Il n’est pas facile d’accepter que la mer puisse se transformer en un passage terriblement dangereux et en une issue unique pour tant de personnes désespérées. C’était vraiment difficile pour moi de voir tout ceci se produire sous mes yeux. Travailler dans des camps de réfugiés était très intéressant, mais pas suffisant pour moi, c’est pourquoi j’ai décidé de rejoindre SOS MEDITERRANEE.
Mon premier sauvetage le 27 janvier 2018 a été une expérience qui m’a beaucoup marquée. Je pourrais témoigner à quel point les personnes fuyant la Libye sont désespérées. Même si c’était très effrayant et frappant, je savais que j’étais au bon endroit. Je sais que je ne peux pas changer la situation, mais avec ma modeste contribution et l’aide de l’équipage, nous essayons de sauver des vies. C’est pourquoi j’ai continué jusqu’à ce que le navire soit bloqué et c’est pourquoi je suis toujours là aujourd’hui. L’hiver arrive maintenant. Il n’y a pas de moyens de secours dans la zone de recherche et de sauvetage au large de la Libye pour le moment. Pourtant, malgré l’hiver et l’absence de bateaux de sauvetage, les gens continueront à fuir la Libye dans des conditions de plus en plus difficiles. Ils seront épuisés et la mer sera probablement agitée. Compte tenu de tout cela, nous devons être prêts à faire face à n’importe quelle situation. »
Crédits photo : Yann Levy / SOS MEDITERRANEE