La tragédie qui se joue en Méditerranée a fait 22 nouvelles victimes noyées et asphyxiées par les émanations de fuel malgré la présence de la marine militaire italienne sur place.
Ce jour à 10H07, l’Aquarius de l’association SOS MEDITERRANEE en partenariat avec Médecins sans Frontières a répondu à l’appel du MRCC concernant deux canots pneumatiques en détresse. Alors que le bateau naviguait vers Trapani pour procéder au changement d’équipe, il s’est dérouté pour répondre à l’appel.
Arrivé sur place à 15hH15, l’équipage a été informé par la marine militaire italienne qu’il y avait à bord de l’un des canots de nombreux cadavres. Les opérations de sauvetage ont été menées en collaboration avec la marine militaire italienne qui a apporté l’assistance de deux canots rapides mais qui n’est pas médicalement équipée pour accueillir à son bord les rescapés. Au total, ce vingtième sauvetage a secouru 209 personnes dont 177 hommes et 32 femmes parmi lesquels figurent 50 mineurs. Malheureusement 22 corps ont été retrouvés dont 21 étaient des femmes.
« Cette nouvelle tragédie prouve une fois de plus qu’il manque cruellement en Méditerranée de moyens pour porter secours. Elle prouve aussi que les conditions de la traversée sont de plus en plus précaires et que ceux qui la tentent malgré tout préfèrent effectivement prendre le risque de mourir plutôt que de rester en Libye. Quand aura enfin lieu le sursaut ? Quand est ce que cette situation effroyable sera enfin prise en considération ? » demande Fabienne Lassalle Directrice Générale Adjointe de SOS MEDITERRANEE France.
« Lorsque notre équipe a approché le premier canot, ils ont vu des cadavres gisant au fond du bateau dans une mare de carburant », a déclaré Jens Pagotto, chef de mission Médecins Sans Frontières en charge de la recherche et du sauvetage sur les opérations. « Les survivants sont restés sur le bateau avec les corps de ces femmes à bord pendant des heures. Beaucoup sont encore trop traumatisés par ce qu’ils ont vécu pour être en mesure de raconter ce qui s’est passé. Il est encore difficile de savoir comment ces femmes sont mortes exactement. Ce qui est clair c’est que la perte de ces vies était inutile et est le résultat d’une réponse globale insuffisante et inadéquate à cette crise. Les décisions politiques qui consistent à vouloir empêcher ces personnes de traverser ne fonctionnent pas. Combien d’autres vies devront être encore perdues avant que l’on ne fournisse à ces personnes qui ont besoin d’assistance et de protection une voie sécurisée ? »
À l’heure où nous écrivons ces lignes, les équipes de SOS MEDITERRANEE et de Médecins sans Frontières continuent de porter secours et donner des soins aux survivants de cette tragédie. Une cellule psychologique sera d’ailleurs offerte aux rescapés de ce drame lors de leur débarquement prévu vendredi matin à Trapani en Sicile.