Moustady* a 35 ans, il vient du Mali. Secouru en mer par les équipes sur l’Ocean Viking en juillet 2021, il raconte ce qu’il a vécu en Libye.
En Libye, tu vas travailler mais ils ne te paient pas. On entend des coups de feu chaque nuit. Une fois, on a été attaqué dans notre appartement, ils sont entrés avec des vraies armes de guerres. Ils tirent sur les migrants chaque jour là-bas, et souvent, il y a des morts.
En Libye, un Noir, c’est de l’argent. Ils nous appellent les “diamants noirs”. J’étais en prison à Tripoli. Dans un lieu qui s’appelle Tarik al-Sikka. C’est une prison officielle. On n’y a même pas le droit à un avocat, et puis on nous y frappait jour et nuit. Même les femmes enceintes, même les nouveau-nés, ils tapent tout le monde là-bas. Pour sortir, c’est 500 euros pour les hommes, et 700 euros pour les enfants et pour les femmes aussi. Or, quand on est envoyé en prison, on nous prend tout. L’argent, le téléphone, tout. Donc on passe par un intermédiaire entre la police et nous pour payer. Ce sont les passeurs qui organisent l’échange, mais eux aussi, ils ont encore un intermédiaire. C’est du business, tout le monde profite de nous.
On a vraiment trop souffert en Libye. Si tu fuis, ils tirent à balle réelle.
* Le prénom a été modifié pour préserver l’anonymat du rescapé.
Crédit photo : Flavio Gasperini / SOS MEDITERRANEE