Un portrait

Une histoire

Rodrigue et Chantal

Côte d'Ivoire

Pays d'origine

Rodrigue et Chantal ont fui leur Côte d’Ivoire natale en 2004, lorsque la reprise des combats entre l’armée régulière et la rébellion des Forces Nouvelles rendaient la vie normale impossible. Pour eux, la Libye du début des années 2000 a été une vraie terre d’espoirs. Chantal explique : “Nous étions deux ans au Ghana, et ensuite nous sommes allés en Libye. À l’époque, c’était la meilleure opportunité qu’on avait. La crise de la Libye nous a fait sortir de là, pour être en sécurité.” 

Rodrigue poursuit : “En Libye, et ce n’était pas facile. Mais on travaillait, on gagnait nos salaires. Après la guerre, en 2011, c’est devenu différent. Ils kidnappent les gens pendant qu’ils vont travailler. On te met en prison, souvent on te frappe, on te demande d’appeler tes parents pour payer une rançon. On était menacés tout le temps.”

En 2015 et 2016, Chantal précise, la situation est devenu encore plus périlleuse. Plusieurs de leurs amis proches ont été emprisonnés. Le couple lui-même a eu de la chance. “On a été kidnappés, mais un Monsieur nous a amené chez lui pour travailler, et dès qu’il est sorti, nous nous sommes évadés,” précise Rodrigue. “On ne savait pas où aller, on s’est retrouvés au camp de Zabrata où nous avons trouvé beaucoup d’africains.” 

À Zabrata, ils ont été témoins de violences.  Chantal poursuit: “Les hommes sont plus violentés que les femmes, mais en tant que femme tu restes traumatisée quand tu vois ton homme maltraité. Tu te réveilles avec les coups de fusil, tu t’endors avec les coups de fusil, dès qu’ils sont de mauvais humeur on rafale, brrrr. Quand tu vis avec la peur au ventre, rien n’est facile, même boire de l’eau.” 

Rodrigue et Chantal finissent souvent les phrases l’un de l’autre. “Là-bas, il y a seul Dieu qui peut te sauver,” dit Rodrigue. “Une personne seule ne peut pas s’en sortir.” 

Chantal conclut: “Même si tu es fort, il y a toujours Dieu qui veille sur toi. Mais on est fort ensemble. L’union fait la force, je pense.” 

Par Ruby Pratka

Crédits Photos : Yann Merlin

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« Ils ont fait descendre les Bangladais et quelques Pakistanais dans la cale du bateau ; les Syriens et les Égyptiens étaient à l'extérieur, sur le pont supérieur. Nous étions 60 ou 70 personnes au total. Nous manquions d'oxygène dans la cale, et lorsque le bateau est parti, l’air était saturé de vapeurs de carburant. »

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Kojo*

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