Un portrait

Une histoire

John*

Nigéria

Pays d'origine

19/05/2022

Date de sauvetage

En 2021, le nombre de personnes interceptées en mer par les garde-côtes libyens et ramenées de force en Libye a pratiquement triplé1. Secouru en mai 2022, John*compte parmi ces 32 425 personnes et raconte les blessures que lui ont infligées les gardiens du centre de détention où il a été amené après son interception en 2021.

John* est Nigérian. Il a été secouru par l’Ocean Viking le 19 mai 2022 alors qu’il se trouvait à bord d’une embarcation en détresse surpeuplée en pleine mer, dans les eaux internationales au large de la Libye. Lors de sa première tentative pour fuir ce pays en traversant la Méditerranée centrale en novembre 2021, il a été intercepté par les garde-côtes libyens et emmené dans un centre de détention en Libye. Il y a été battu si violemment que son poignet et sa jambe ont été fracturés. Il raconte ce douloureux épisode.

« La première fois que j’ai essayé [de traverser la mer], quand nous sommes arrivés dans les eaux maltaises, les garde-côtes libyens sont venus nous arrêter et nous ont ramenés en Libye, puis nous ont emmenés en prison. Plusieurs bagarres ont éclaté dans la cellule car nous étions plus de 500 personnes entassées dans une petite pièce. Plusieurs d’entre nous restaient debout, d’autres pouvaient s’asseoir, certains pouvaient même s’allonger. »

Comme John, de plus en plus de personnes rescapées racontent de multiples tentatives de traversée. Certaines expliquent avoir tenté de fuir par la mer et avoir été interceptées puis retournées de force en Libye trois, quatre, cinq et parfois même six fois. Ces rescapé.e.s disent avoir été de nouveau enfermé.e.s dans un centre de détention, où le cycle des violences recommence.

L’OIM confirme que « les migrants et les réfugiés débarqués en Libye se retrouvent souvent dans des conditions épouvantables où ils peuvent être exposés à des abus et à des extorsions. D’autres sont portés disparus et ne sont pas retrouvés, ce qui fait craindre que certains d’entre eux n’aient été acheminés vers des réseaux de traite des êtres humains. »

« Ils m’ont cassé la jambe avec leurs fusils. Ils nous ont frappés. Puis des policiers sont venus. Quand ils m’ont attrapé, ils m’ont vu et [ils m’ont dit] : « Tiens, tu t’es cassé la jambe quand tu as essayé de t’échapper, toi ! » C’est alors qu’ils m’ont cassé la main. Vous voyez ! J’ai du métal dans ma jambe maintenant, juste pour qu’elle tienne en place. Ils m’ont battu avec leurs fusils. Je me cachais le visage pour ne pas être blessé. C’est là que j’ai été blessé ici [aux bras]… Ils m’ont alors gardé pendant presque 24 heures sans s’occuper de moi. Je saignais beaucoup… Personne ne s’en préoccupait. Je ne pouvais que prier Dieu. »


*Pour protéger son identité, le prénom et la photo ne correspondent pas à la personne qui témoigne

Photo : Flavio Gasperini / SOS MEDITERRANEE

1 Organisation internationale pour les migrations (OIM Libye) https://libya.iom.int 

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