Un portrait

Une histoire

Diawoye

Mali

Pays d'origine

Pour Diawoye, l’avenir semblait radieux. Sorti d’un petit village agricole du centre du Mali, il a été sacré l’un des meilleurs élèves du pays à sa sortie du lycée. Le voilà parti à Bamako, la capitale, pour étudier la littérature anglaise à l’université. “Il était un de nos meilleurs élèves, un des héros du Mali en 2009,” s’enthousiasme un garçon de 15 ans que Diawoye a pris sous son aile. L’intéressé sourit timidement.

Diawoye raconte son histoire, passant du français à l’anglais avec facilité, alors qu’un groupe d’adolescents sans famille restent pendus à ses lèvres. Pendant quelques minutes il devient le professeur de lycée qu’il rêve d’être. “Ce que j’aimerais le plus, ce serait d’être prof d’anglais ou d’informatique,” nous précise le jeune homme. 

Au bout d’un an, il explique que son ambition s’est confrontée à la réalité. Il avait bien une bourse d’études, mais il ne pouvait pas se payer un endroit où dormir dans la capitale. “À cause de la pauvreté, je n’ai pas continué mes études. J’avais des problèmes de logement, des problèmes de transport, trop de problèmes,” se souvient-il. “Alors j’ai quitté Bamako et je suis retourné au village. Il n’y a pas d’emploi pour un villageois qui a étudié. Il n’y a pas de travail du tout, à part sur un ferme.

Diawoye est parti travailler en Mauritanie et ensuite en Côte d’Ivoire. “En Côte d’Ivoire, je ne suis pas pas resté parce qu’il y a toujours un conflit là-bas, il y a souvent des attentats terroristes.

Il a repris son sac pour partir en Algérie, et ensuite en Libye. “Nos amis nous ont dit qu’il y avait du travail en Libye, qu’on était bien nourris, bien logés. Mais en arrivant là-bas, on s’est rendu compte que ce n’était pas facile. La Libye, c’est un pays en guerre. En fait, on voulait revenir au Mali, mais on ne pouvait pas.

Il a été emprisonné à deux reprises en Libye. A chaque fois ses parents et amis ont réussi à acheter sa liberté. Quelques-uns de ses codétenus l’ont mis en contact avec des passeurs. 

“On croyait qu’au bout de deux ou trois heures nous serions en Italie, qu’on avait seulement 20 kilomètres à faire. On ne savait pas que c’était comme ça.” 

En parlant de l’Aquarius, il ajoute : “c’est super effrayant. Si vous avez de la chance vous pouvez avoir un gros bateau comme ça qui vous aide, mais si vous n’avez pas de chance vous allez mourir. On a pris des risques, on doit vivre avec. Tu n’as pas le choix.”  

Par Ruby Pratka

Crédits Photos : Anna Psaroudakis

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