13 heures de sauvetages non-stop en Méditerranée, plus de 20 embarcations en détresse repérées en quelques heures : les sauveteurs de SOS MEDITERRANEE sont intervenus dans une dizaine d’opérations au cours d’une nouvelle journée intense de traversées au large de la Libye.
Bilan : 731 personnes secourues accueillies saines et sauves à bord de l’Aquarius et une catastrophe évitée grâce à la collaboration entre les ONG et les Gardes-Côtes italiens.
Collaboration avec les Gardes-Côtes italiens
Vendredi matin à l’aube, les équipes de SOS MEDITERRANEE ont secouru un premier bateau pneumatique, à 17,5 milles nautiques des côtes libyennes.
Ce premier sauvetage à peine conclu, plus de 20 embarcations en difficulté étaient repérées et signalées au Centre de Coordination des Sauvetages en Mer (MRCC) situé à Rome qui a alors mobilisé tous les bateaux présents dans les environs et envoyé en renfort son patrouilleur CP 920, pour coordonner les opérations de secours délicates.
En fin de matinée, 731 personnes avaient été secourues, accueillies à bord de l’Aquarius et prises en charge par le personnel de Médecins sans Frontières (partenaire médical à bord de l’Aquarius) tandis que les équipes de SOS MEDITERRANEE intervenaient en renfort sur d’autres opérations de sauvetages coordonnées par les Gardes-Côtes italiens.
« Alors qu’ils avaient déjà secouru plus de 700 personnes qui se trouvaient à bord de quatre bateaux pneumatiques et deux canots en bois, les sauveteurs de SOS MEDITERRANEE ont ensuite participé au transfert des passagers de cinq bateaux pneumatiques en difficulté vers les unités des Gardes-Côtes italiens » explique Nicola Stalla, coordinateur des secours de SOS MEDITERRANEE.
« Cette contribution et l’excellente collaboration des sauveteurs de SOS MEDITERRANEE avec les équipes en charge de la coordination des secours a été saluée par les Gardes-Côtes italiens. Cette journée a été encore un exemple de solidarité en mer, face au drame des traversées qui se poursuit » indique le SAR Coordinator de SOS MEDITERRANEE.
Une embarcation portant l’inscription en anglais « Libyan Coast Guard », a assisté au déroulement des opérations de sauvetages dans les eaux internationales, sans montrer de signe d’hostilité, a constaté le capitaine de l’Aquarius qui en a signalé la présence aux autorités compétentes.
« Je préférais mourir en mer que mourir en Libye »
Parmi les 731 personnes accueillies à bord de l’Aquarius figurent deux nouveaux-nés et en tout 15 enfants de moins de 5 ans. Parmi les 87 femmes secourues, 18 sont enceintes. Parmi les 116 mineurs, 80 mineurs sont non-accompagnés.
Toutes les personnes secourues sont hors de danger immédiat. Le personnel médical de MSF a soigné plus de 30 cas de brûlures dues au mélange d’eau de mer et de carburant dans les canots et relevé des cas de traumatismes psycho-physiques liés au mauvais traitements subis en Libye, à la traversée en mer et à une exposition au soleil. Un jeune homme souffrant de douleurs musculaires a expliqué avoir été battu pendant des mois à coups de crosse d’arme à feu en Libye.
« J’avais peur de la mer, mais je n’avais pas le choix » a raconté l’un des rescapés aux volontaires de SOS MEDITERRANEE à bord de l’Aquarius. « Je ne savais rien ni de l’Italie, ni de la mer, je voulais juste voyager » raconte un jeune ivoirien. « Mais après tout ce que j’ai enduré, j’étais prêt à risquer ma vie pour fuir la Libye» a-t-il poursuivi. L’une des femmes secourues a expliqué avoir fui un mariage forcé avec un Libyen qui la menaçait. Une mère de famille, secourue avec ses trois enfants, a raconté avoir fui la Libye après que son mari ait été kidnappé par des hommes armés.
Déployer d’urgence des moyens de sauvetage adéquats
«A bord de l’Aquarius, nous sommes les premiers témoins de la détresse de ces exilés qui mettent leur vie en danger en mer après avoir été piégés dans les réseaux de traite humaine, dans les camps de l’enfer libyen. A l’heure actuelle, en l’absence de voies de passage sûres vers l’Europe, ils n’ont d’autre alternative que de prendre la mer au péril de leur vie » a rappelé Sophie Beau, co-fondatrice et vice-Présidente de SOS MEDITERRANEE. « Nous exhortons tous les Etats, toutes les institutions, toutes les agences à considérer la préservation de la vie humaine comme une priorité absolue et à déployer d’urgence des moyens de sauvetage institutionnels adéquats. SOS MEDITERRANEE poursuivra sa mission, tant que le besoin sera là » a-t-elle ajouté.
Depuis le début de l’année 2017 SOS MEDITERRANEE a effectué pas moins de 53 opérations de sauvetage et sauvé 5753 vies en mer.
Crédit photos : Kenny Karpov / SOS MEDITERRANEE