Solidarité en mer face à l’urgence en Méditerranée
A peine l’Aquarius avait-t-il quitté vendredi 27 janvier au soir le port de Catane, après ravitaillement et changement d’équipes, faisant route vers la zone de sauvetage, qu’il croisait dans la nuit de samedi à dimanche le ASSO25. Ce navire de ravitaillement offshore avait secouru 86 personnes quelques heures plus tôt: 72 hommes parmi lesquels un enfant de 11 ans et 14 femmes, issus du Nigéria, de Gambie, du Maroc, Sénégal, Cameroun, et même de Libye, toutes transférées sur l’Aquarius vers 4H00 ce matin.
Selon les témoignages recueillis lors de leur arrivée à bord de l’Aquarius, les rescapés ont été secourus pendant la nuit, à 55 milles du rivage près des plateformes offshore, par le navire ASSO25. Ils indiquent avoir quitté Sabratah vers 9h00 le samedi 28 janvier mais, manquant vite de carburant, ils sont tombés en panne et se sont perdus en mer, dérivant assez loin de la zone SAR (Search and Rescue).
Vers 8H30 ce dimanche 29 janvier, l’Aquarius a reçu un autre appel du MRCC (Centre de coordination des opérations de sauvetage de Rome) lui demandant de porter secours à un bateau pneumatique repéré et sécurisé une heure plus tôt par le navire Deep Vision, un autre navire de ravitaillement situé à 15 milles des côtes libyennes, à l’ouest de Tripoli.
Arrivé sur zone, Max Avis, coordonnateur adjoint de l’équipe de sauvetage de l’Aquarius, constatait que le bateau pneumatique était en train de se dégonfler. Deux canots de sauvetage ont été lancés pour sécuriser les naufragés et les navettes ont commencé vers l’Aquarius, alors que les vagues et le vent commençaient à monter en puissance.
125 personnes venues d’Afrique sub-saharienne (Nigéria, Côte d’ivoire, Sénégal, Gambie), parmi lesquelles 17 femmes (dont deux enceintes) et 21 mineurs, ont été secourues et recueillies à bord de l’Aquarius, une opération qui s’est déroulée sans encombre.
Après les deux interventions de ce jour, un transfert et un sauvetage, on compte à présent environ 211 rescapés en sécurité à bord de l’Aquarius. Seul navire de sauvetage présent sur zone pour le moment, il y restera jusqu’à lundi matin au cas où de nouvelles embarcations en détresse lui seraient signalées, en attendant les instructions du MRCC.
« L’enchaînement incessant des opérations en janvier nous le rappelle, la situation reste critique sur l’axe Libye-Italie en Méditerranée. En raison de l’insuffisance des moyens de sauvetage sur zone, on déplore 8% de mortalité sur cet axe en janvier et plusieurs embarcations ayant émis un signalement de détresse n’ont pas pu être secourues. Combien de personnes ont tenté la traversée et sont disparues sans laisser de traces, sans même être comptabilisées ? Face à la tragédie humanitaire qui continue, il est urgent que les Etats prennent leurs responsabilités », alerte Sophie Beau, Directrice générale de SOS MEDITERRANEE France.
Crédits photos : Federica Mameli