560 personnes secourues par l’Aquarius au large de la Libye Les naufragés présentent des signes de tortures
23 mai 2017

Nouvelle journée intense en Méditerranée : l’Aquarius de SOS MEDITERRANEE, opéré en partenariat avec Médecins Sans Frontières, a secouru jeudi 18 mai 4 embarcations en détresse à 15 milles marins des côtes libyennes.

Au terme d’une journée d’opérations de sauvetage, ce sont en tout 560 personnes qui ont été accueillies à bord de l’Aquarius, dont plusieurs femmes enceintes et enfants en bas âge.

La plupart des naufragés recueillis à bord de l’Aquarius sont originaires d’Afrique de l’Ouest (Nigeria, Mali, Guinée Conakry) mais aussi du Soudan (nord), d’Erythrée et du Bangladesh.

« Nous sommes partis de nuit, le bateau était plein à craquer. Nous étions très nombreux ! Ceux qui nous ont poussés en mer nous ont dit que dans une heure nous serions en Italie. Plus tard, nous avons compris que nous étions perdus et nous avons eu peur que personne ne puisse nous retrouver » a expliqué Ibrahim, 18 ans, originaire de Guinée.

Déshydratation, tortures, souffrance psychologique

Les opérations de sauvetage se sont déroulées dans de bonnes conditions, sur une mer calme après plusieurs jours de mauvais temps.

« Le professionnalisme de nos équipes de sauveteurs et la bonne coopéation entre les différentes ONG présentes dans la zone, sous la coordination du MRCC Rome, a permis de faire face à une situation critique avec de nombreuses embarcations en détresse » a déclaré Mathias Menge, coordinateur des secours de SOS MEDITERRANEE.

Parmi les personnes secourues, plusieurs présentaient des signes de tortures, de déshydratation et de souffrance psychologique a indiqué le personnel médical de MSF partenaire de SOS MEDITERRANEE à bord de l’Aquarius.

« J’ai quitté le Nigéria pour aller chercher du travail en Libye. Mais quand je suis arrivé, j’ai été kidnappé, puis enfermé dans une maison. Puis un homme est venu pour me louer, comme un esclave. Tous les jours à cause de ma couleur de peau on me crachait dessus, on me traitait comme un chien. Les noirs ne sont pas respectés en Libye, il y a un esclavage moderne dans ce pays » a raconté John, 29 ans, originaire du Nigeria, à un volontaire de SOS MEDITERRANEE.

«A bord de l’Aquarius, nous sommes les premiers témoins de la détresse de ces exilés qui mettent leur vie en danger en mer après avoir été piégés dans les réseaux de traite humaine, dans les camps de l’enfer libyen. A l’heure actuelle, en l’absence de voies de passage sûres vers l’Europe, ils n’ont d’autre alternative que de prendre la mer » a rappelé Sophie Beau, co-fondatrice et vice- Présidente de SOS MEDITERRANEE. « Nous exhortons tous les Etats, toutes les institutions, toutes les agences à considérer la préservation de la vie humaine comme une priorité absolue et à déployer d’urgence des moyens de sauvetage institutionnels adéquats. SOS MEDITERRANEE poursuivra sa mission, tant que le besoin sera là » a-t-elle ajouté.

Depuis le début de l’année 2017 SOS MEDITERRANEE a effectué pas moins de 57 opérations de sauvetage et sauvé 6313 vies en mer.

Crédit photos : Kenny Karpov / SOS MEDITERRANEE