187 personnes ont été secourues vendredi 28 avril par les équipes de SOS MEDITERRANEE et son partenaire MEDECINS SANS FRONTIERES, au cours de trois opérations de sauvetage délicates en Méditerranée Centrale.
Les embarcations en détresse, des petits canots en bois surchargés, ont été secourues dans les eaux internationales au large des côtes libyennes, alors que la mer commençait à grossir.
« Malgré des conditions météorologiques peu favorables, 187 personnes ont été secourues à temps et recueillies saines et sauves, et cela en partie grâce à la coopération des autres bateaux humanitaires : le Sea Eye de l’ONG Sea Eye et le Iuventa de l’ONG Jugend Rettet, et à la coordination du MRCC (Maritime Rescue Coordination Center) de Rome » a expliqué Nicola Stalla, le coordinateur des secours de SOS MEDITERRANEE.
Blessé par balles par des passeurs en Libye
Epuisés par la traversée éprouvante, certains rescapés se sont effondrés sur le pont de l’Aquarius, nécessitant une intervention urgente de l’équipe médicale à bord. L’ensemble des personnes secourues, dont dix enfants de moins de 13 ans, étaient cependant hors de danger en fin de journée.
Parmi les 187 personnes secourues figurent 44 Syriens, dont plusieurs familles, ainsi qu’un groupe de 68 Bangladais et 39 Soudanais. Selon des témoignages recueillis par les équipes de volontaires à bord de l’Aquarius, les familles syriennes ont fui la guerre dès 2013 pour se réfugier en Libye, pays qu’ils ont dû fuir à leur tour face à la recrudescence des violences. « La Libye c’est trop dangereux, tout le monde a des armes, même les enfants de 8 ou 10 ans » témoignent les rescapés accueillis à bord de l’Aquarius.
Un jeune homme d’origine sub-saharienne présentant des blessures par balles sur la jambe, a indiqué au personnel médical de MSF, avoir essuyé des tirs d’armes à feu en tentant d’échapper à des trafiquants d’êtres humains qui le retenaient prisonnier. Ces derniers, selon le témoignage de la victime, l’avaient kidnappé alors qu’il tentait de s’embarquer pour traverser la Méditerranée.
Gardes côtes libyens dans les eaux internationales
Une petite embarcation, portant l’inscription « Libyan Coast Guard » écrite en anglais, a assisté sans intervenir, à l’intégralité des deux premières opérations de sauvetages coordonnées par le MRCC de Rome dans les eaux internationales vendredi matin, a constaté le coordinateur des secours de SOS MEDITERRANEE.
Les 4 membres d’équipage de cette embarcation identifiée comme une patrouille de la garde des côtes libyennes, portaient des treillis mais pas d’armes visibles. Ils n’ont pas communiqué avec les équipes de secours de SOS MEDITERRANEE et ont quitté les lieux, sans montrer de signe d’hostilité particulier mais après s’être saisis du moteur du canot en bois vidé de ses passagers.
La troisième embarcation secourue vendredi après-midi par l’Aquarius avait été préalablement retrouvée par un bateau de pêche alors qu’elle dérivait, sans moteur, avec 41 personnes à bord. Les rescapés ont raconté avoir été abandonnés en pleine mer, après que des hommes armés, aient volé le moteur de leur bateau dans les eaux libyennes.
Une solution adéquate et urgente
Suivant les instructions reçues par le MRCC de Rome, qui coordonne les secours en mer dans les eaux internationales au large de la Libye, l’Aquarius a continué de patrouiller la zone dans les heures qui ont suivi la troisième opération de sauvetage de la journée ce vendredi.
L’Aquarius a ensuite reçu l’ordre de se diriger vers le port de Pozzallo (Sicile) pour le débarquement des personnes secourues en Méditerranée Centrale. Ce port a été estimé « port le plus sûr » par les autorités compétentes coordonnant les sauvetages en Méditerranée Centrale.
« Le travail des ONG qui sauvent des vies en Méditerranée a essuyé de violentes critiques ces dernières semaines dans les médias européens. Chaque minute passée à polémiquer a un coût en vies humaines. Chaque minute passée à accuser injustement les ONG est une minute perdue dans la recherche d’une solution adéquate et urgente à cette crise humanitaire qui dure depuis trop longtemps aux portes de l’Europe » a commenté Sophie Beau, co-fondatrice et vice-Présidente de SOS MEDITERRANEE.
Depuis le début de l’année 2017 SOS MEDITERRANEE a effectué pas moins de 47 opérations de sauvetage et sauvé près de 5000 vies en mer.
Crédit photos : Kenny Karpov