Maryam, professeur de danse, Marseille
25 janvier 2020

« On ne peut pas tous être de grands militants, mais chacun peut y mettre son grain de sable. » Maryam est danseuse. A bientôt 42 ans, cette parisienne banlieusarde d’origines « franco-hispano-guinéenne », prône le multiculturalisme et l’ouverture à l’autre. Depuis son retour de Rio, elle s’est installée à Marseille, où se situe le siège de SOS MEDITERRANEE. Elle nous fait part de son engagement.

 

Cette ancienne gymnaste de haut-niveau est une passionnée. La danse c’est toute sa vie, à tel point qu’elle a co-fondé, en 2013, un concept d’afro-fitness avec une amie : AFROVIBE. Son leitmotiv est de faire du sport autrement en alliant « le côté sportif du fitness et le côté fun de la danse ». Elle met en avant la danse africaine afin d’honorer ses origines tout en valorisant le lâcher prise, le « self-love » et l’estime de soi.

Elle raconte une étape-clef de sa vie et de son engagement. « J’ai dansé au Carnaval de Rio en 2017. J’y ai ouvert une grande école de samba et il m’est arrivé un truc incroyable : j’ai dansé devant 80 000 personnes et depuis, plus rien ne me fait peur. Mais là-bas, ce n’était pas toujours facile, il y avait beauoup de racisme. »

Crédit Photo Louis Perrin

Lorsqu’elle évoque son engagement, elle redouble d’énergie. « La question des réfugiés, des demandeurs d’asile, ça a toujours été quelque chose qui me touchait. J’avais un terrain propice puisque ma mère était assistante sociale et qu’elle aidait les femmes africaines dans les années 70. Et puis mon père – qui ne m’a jamais vraiment raconté – est sûrement arrivé par bateau et sans papiers en France. »

« Afrovibe Solidarity Danser c’est vivre » : un atelier pour soutenir SOS MEDITERRANEE

Mais c’est à Rio, qu’elle a réalisé qu’elle voulait agir concrètement. Alors, en rentrant en France, elle a co-fondée AFROVIBE solidarity avec l’idée de « faire danser les gens pour reverser de l’argent à des associations. » Pour elle, il n’était pas utile de créer sa propre association car « il y a des personnes qui savent comment agir et qui ont déjà des structures qui fonctionnent ». Son choix s’est porté sur SOS MEDITERRANEE à l’époque où l’Aquarius était bloqué et ne pouvait plus secourir de personnes en mer. Au même moment, avait lieu l’Appel du 8 juin, dont l’objectif était de mobiliser les citoyens autour de ce sujet. Elle était aussi marraine d’un réfugié « pour créer du lien social avec lui. »

C’est là que l’idée de l’atelier « Afrovibe Solidarity Danser c’est vivre », qui s’est déroulé les 8-9 juin 2019, lui est venue. « On s’est dit qu’on allait créer tout un week-end de danse et reverser l’intégralité de nos recettes à SOS MEDITERRANEE. Ma force c’est de fédérer alors ça n’a pas été difficile pour moi. Je suis allée voir les gens que je connaissais et tout le monde m’a dit oui. On a eu des financements facilement, tout a été limpide. » 

Crédit Photo: Christophe Simon 

Elle rappelle également que l’antenne de SOS MEDITERRANEE à Marseille l’a soutenue. En tout, c’est une vingtaine de proches et de bénévoles qui l’ont accompagnée dans ce projet. Pas moins de 120 personnes sont venues danser durant ce week-end, pour lequel elle a fait venir d’autres danseurs professionnels qui ont animé les ateliers. Elle en garde un excellent souvenir : « ce week-end, c’est l’une des choses les plus folles que j’ai faites après Rio. » D’autant plus qu’elle a reçu un très bon retour de la part des participants. Les professeurs étaient convaincus par le projet et les danseurs ont pu apprendre à découvrir l’ONG, grâce à un stand de SOS MEDITERRANEE tenu par des bénévoles sur place. 

Un marathon de la danse pour 2020

L’expérience a été si positive qu’elle a eu l’idée de refaire un week-end de trois jours, cette fois avec un véritable marathon de la danse, ponctué par des moments de convivialité avec un « grand évènement festif le samedi soir ! »

Pour elle, c’est important de réitérer l’aventure car elle considère que la danse amène à se sentir mieux avec soi et avec l’autre. « Quand tu commences à danser, tu te rends compte que ça fait sauter beaucoup de barrières, ça te rend meilleur, plus à l’écoute. Ça aide aussi à s’accepter, et ça c’est fondamental dans la relation à l’autre. »

Peu de temps après son événement, le navire de SOS MEDITERRANEE, l’Ocean Viking, repartait en mer. Maryam se souvient avoir senti qu’elle avait joué son rôle à son échelle dans cette reprise des opérations de sauvetage. Chacun peut contribuer à sauver des vies en mer : « Je pense que c’est facile de s’engager. L’engagement se situe dans plein de petites choses au quotidien. Rien n’est compliqué. On ne peut pas tous être de grands militants, mais chacun peut y mettre son grain de sable. C’est la part du Colibri et ça peut être pour tout engagement. On peut tous faire quelque chose. »

Elle ajoute que son engagement a donné un véritable sens à sa vie : « Je me sens mieux quand je fais ça, quand j’aide les autres, c’est gratifiant. Il y a des gens qui se sentent inutiles, mais avec des petites actions on peut faire beaucoup. »

Pour rejoindre Maryam et danser aux couleurs de SOS MEDITERRANEE, plus d’informations à venir dans la rubrique «Événements».

Crédits Photo : Christophe Simon