Sept skippers portant les couleurs de l’association appellent au devoir de solidarité en mer
26 novembre 2018

PHOTO : Lijian Zhang

SOS MEDITERRANEE sur la Route du rhum

Ils s’appellent François Gabart, Kito de Pavant, Alexia Barrier, Isabelle Joschke, Thibaut Vauchel-Camus, Romain Pilliard et Luke Berry… Tous soutiennent SOS MEDITERRANEE dans sa course contre la montre pour retourner sauver des vies en mer. C’est pour cela qu’ils portaient ses couleurs lors du départ de la 11e édition de la Route du rhum le 4 novembre dernier.

Quelques jours avant le départ de la grande course, les sept skippers ont rencontré Théo, Tugdual et Antoine, marins-sauveteurs à bord de l’Aquarius, et ont rappelé devant la presse que l’assistance en mer est une obligation pour tout marin. C’est parce qu’ils tiennent à porter haut et fort ces valeurs fondamentales que ces navigateurs solitaires ont décidé de prendre publiquement la parole afin que les équipes de SOS MEDITERRANEE puissent reprendre leur mission d’assistance en mer au plus vite.

Atterrés par la multiplication des morts en mer Méditerranée, alors que l’Aquarius est amarré à Marseille en raison de pressions politiques, les marins-sauveteurs cachent mal leur incompréhension et leur impatience. « Notre association a été créée par un capitaine, un marin comme nous tous, qui a voulu que soient respectées les valeurs de solidarité des gens de mer et la règle d’or qui veut que toute personne en détresse soit secourue sans délai et débarquée dans un lieu « sûr », comme le prévoit le droit maritime. Moi, tout ce que je veux, c’est retourner en mer plutôt que d’assister impuissant aux naufrages qui se multiplient en silence aux portes de l’Europe » a rappelé Théo, marin-sauveteur sur l’Aquarius, lors de sa rencontre avec les skippers de la Route du rhum.

« L’assistance à personne en danger n’est pas un crime : c’est un devoir »

La course mythique de la Route du rhum tire à sa fin, mais le combat de François Gabart pour que soit respecté le devoir d’assistance en mer est loin d’être terminé. « On a du mal à laisser les gens en détresse sur notre terrain de jeu. Je soutiens SOS Méditerranée depuis plusieurs années. L’assistance à personne en danger est universelle et ancrée en nous, les marins. Et si on peut faire quelque chose, c’est déjà ça. » avait-il déclaré avant son départ. Fidèle à ces valeurs de solidarité, le skipper arrivé second en catégorie ULTIME malgré diverses avaries le 21 novembre compte continuer de soutenir l’association.  

Le drame de ces personnes qui risquent leur vie sur des embarcations de fortune sur la grande bleue, Kito de Pavant l’a pour sa part touché du doigt lors du convoyage de son abteau « Made in Midi »  vers Saint-Malo, alors qu’il a croisé trois embarcations de fortune qui tentaient de rejoindre les côtes de l’Europe. Son engagement n’en est que plus fort : « L’assistance à personne en danger en mer n’est pas un crime : c’est un devoir. Je suis sidéré que l’Aquarius ait été privé de pavillon sous des prétextes fallacieux et que le sauvetage en mer soit visiblement devenu un délit ! C’est un scandale que les États n’organisent pas eux-mêmes le sauvetage de ces personnes qui sont soumises aux caprices de la mer sur des coques de noix ! »

Bien au-delà de ses performances sportives, Romain Pilliard, qui concourrait en classe Ultime, ne peut pas se résoudre à voir la mer qu’il fréquente se transformer en cimetière sous ses yeux : « Ça fait plusieurs années qu’on essaye d’aider SOS MEDITERRANEE. On est tous amenés à naviguer dans ces zones en Méditerranée et à quelques centaines de milles de nous, des personnes sont en train de mourir. Il y a toujours eu des migrations dans l’histoire des grands peuples, c’est une force pour un pays. On devrait être ouvert aux autres. Que la France ne soit pas leader dans ce domaine me paraît inconcevable. »

Arrivée ce samedi 1er décembre, Alexia Barrier (en photo) a aussi tenu à porter haut les couleurs de SOS MEDITERRANEE : « L’Aquarius était le dernier navire venant en aide aux migrants en Méditerranée. Cette situation est inacceptable. C’est pour ça que j’ai choisi de soutenir l’Aquarius dès mon parcours de qualification sur la Méditerranée, la mer qui a bercé mes premiers souvenirs. Une mer que je refuse voir se transformer en cimetière sans rien faire ! »

SOS MEDITERRANEE souhaite encore remercier François, Kito, Alexia, Isabelle, Thibaut, Romain et Luke ainsi que toutes celles et ceux qui portent les valeurs d’humanité sur la scène publique… Et bon vent !