Deux citoyens – Klaus Vogel, capitaine de marine marchande, et Sophie Beau, coordinatrice de projets sociaux et humanitaires – décident de créer SOS MEDITERRANEE. L’association aura pour objectif de mener des opérations de sauvetage en Méditerranée centrale, route migratoire maritime la plus mortelle au monde. Après l’Allemagne et la France, l’Italie puis la Suisse rejoignent le mouvement européen.

L’Aquarius fait escale sur l’esplanade du Mucem à Marseille, avant de partir vers la zone de recherche et de sauvetage de Méditerranée centrale, avec ses marins-sauveteurs et l’équipe de son premier partenaire médical, Médecins du Monde. Une journée de visite est organisée pour permettre à tous les citoyens qui ont participé au projet de découvrir le navire et ses aménagements. 1300 visiteurs sont accueillis à bord !

Lors de « l’Appel du 8 juin 2017 », des personnalités publiques, marins-sauveteurs, bénévoles de l’association et artistes se succèdent sur la scène de La Criée à Marseille pour enjoindre les citoyens européens à se mobiliser et refuser la mort de milliers de personnes en mer. L’appel est entendu par 800 personnes. En 2018, cet appel à mobilisation est renouvelé au Mucem, puis en 2019 au Rocher de Palmer à Bordeaux.

Le 22 septembre 2018, après un sauvetage, un communiqué officiel du Panama annonce son intention de retirer son pavillon au navire, invoquant des pressions du gouvernement italien. Le lendemain, l’Aquarius reçoit le signalement d’un bateau en détresse en eaux internationales. Sous coordination des gardes-côtes libyens, l’Aquarius procède à la mise en sécurité des passagers. Le 30 septembre, les rescapés sont transférés à bord d’un navire de la marine maltaise pour être débarqués à Malte. L’Aquarius reprend sa route vers Marseille pour effectuer les démarches administratives relatives à son immatriculation.

Malgré l'environnement hostile ciblant les ONG travaillant en mer, SOS MEDITERRANEE reprend ses opérations de recherche et de sauvetage le 4 août avec un nouveau navire, l’Ocean Viking, toujours en partenariat avec MSF. Le 14 septembre, après 14 mois de fermeture des ports aux ONG, l’Ocean Viking est le premier bateau humanitaire autorisé à débarquer dans un port sûr en Italie, des rescapés qui seront redirigés vers plusieurs états de l’Union européenne.

Le 21 décembre, suite à une nouvelle inspection des garde-côtes italiens, l'Ocean Viking a été libéré, après avoir été retenu dans un port sicilien pendant cinq mois. Après des mois de discussions avec les parties concernées et des aménagements coûteux pour répondre aux exigences de sécurité supplémentaires fixées par les autorités italiennes, SOS MEDITERRANEE
est soulagée de pouvoir reprendre la mer et ses opérations de recherche et de sauvetage
en 2021.

Le 22 avril 2021, l’équipe à bord de l’Ocean Viking a assisté aux conséquences d’un naufrage meurtrier au large de la Libye qui a coûté la vie à 130 personnes. Dans des conditions extrêmement difficiles en mer, l’Ocean Viking avait recherché sans relâche cette embarcation et deux autres, signalées en détresse par la hotline civile Alarm Phone dans les 24 heures précédant la sinistre découverte. Malgré nos tentatives de contacter les centres de coordination de secours maritimes (MRCC), aucune autorité n’a coordonné l’opération de recherche. Finalement, notre équipe a été rejointe dans ses recherches par trois navires marchands, mobilisés par un Mayday relayé par un avion de Frontex. Des recherches qui se sont malheureusement terminées par la seule découverte des débris d’une embarcation pneumatique naufragée et de plusieurs corps inanimés flottant au milieu de la haute mer.

Après six sauvetages difficiles réalisés du 22 au 26 octobre, 46 demandes de port sûr auprès des autorités compétentes et un blocage sans précédent aux portes de l'Europe, l'Ocean Viking a finalement reçu l'ordre de débarquer 230 personnes rescapées, dont plus de 55 mineur.e.s, dans le port français de Toulon le 11 novembre. 

Épuisées, les personnes secourues sont restées bloquées pendant trois interminables semaines avant de pouvoir débarquer, marquant la plus longue impasse en mer à laquelle SOS MEDITERRANEE ait jamais été confrontée. Face au silence et à l'absence de réaction des autorités maritimes compétentes - d'abord celles de la Libye et de Malte, puis les autorités italiennes - et au risque d'une dégradation critique de la situation à bord de l'Ocean Viking, SOS MEDITERRANEE n'a eu d'autre choix que d'élargir son appel à l'aide. Suivant les protocoles du droit maritime, l'aide des pays jugés les plus aptes à leur venir en aide - dont la Grèce, l'Espagne et la France - a ainsi dû être sollicitée. Finalement, c'est la France qui a ouvert le port militaire de Toulon pour débarquer les rescapé.e.s de l'Ocean Viking. Un sentiment de soulagement teinté d'amertume a gagné le navire après 21 jours d'incertitude et de détresse à bord. 

Alors que l’Ocean Viking était en pleine opération de sauvetage, le 10 juillet 2023, la vie des personnes naufragées et celle de l'équipe de SOS MEDITERRANEE et de la FICR (Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge) a été mise en danger. Les garde-côtes libyens ont tiré des coups de feu à proximité de l'équipe de sauvetage, marquant le troisième incident de ce type en 2023 et soulignant un contexte croissant d'insécurité en mer Méditerranée. 

En 48 heures d'opérations en mer, l'Ocean Viking a mené avec succès 15 sauvetages les 10 et 11 août. Au total, 623 personnes ont été secourues d'embarcations en détresse en Méditerranée, dont 15 enfants, 146 mineur.e.s non accompagné.e.s et 462 adultes. Ces chiffres stupéfiants témoignent de la situation humanitaire catastrophique en Méditerranée et de l'extrême nécessité d'augmenter les ressources de recherche et de sauvetage dans la région. 

Déclaration commune de 22 organisations non gouvernementales (ONG) impliquées dans les activités de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale. Il y a un an, le 24 février 2023, le parlement italien promulguait le Décret-Loi 01/2023 en loi 15/2023. Cette loi traduit la stratégie des autorités italiennes pour restreindre la présence des navires des ONG en mer, limiter leur capacité à opérer des sauvetages et réduire à tout prix les arrivées sur les côtes italiennes. 2 476 hommes, femmes et enfants sont morts ou disparus sur cette route migratoire en 2023 – l’année la plus meurtrière depuis 2017. Face à cette situation, nous demandons au gouvernement italien de mettre fin immédiatement à l’obstruction de nos activités de sauvetage en mer.