Une formation aux premiers secours en réanimation 
11 juillet 2024
Les premiers secours en réanimation (Basic Life Support) figurent parmi les formations dispensées à bord de l’Ocean Viking à toute l’équipe par le personnel médical de SOS MEDITERRANEE et de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR). Prérequis à l’embarquement dans le monde maritime, cette compétence peut sauver des vies. 

Pour Dominika, responsable de l’équipe médicale, qui a élaboré les formations en matière de soins en lien avec Marc, le responsable de la formation et du développement des opérations, « toute personne à bord, du journaliste au responsable de la logistique, doit être en mesure de pratiquer la réanimation cardio-respiratoire (RCR) en cas d’arrêt respiratoire (par exemple en cas de noyade lors d’un sauvetage critique) ou savoir comment réagir dans d’autres situations où une personne est inconsciente. 

Anne-Claire, qui a fait sa première patrouille en juin 2024 comme assistante logisticienne, a suivi un entraînement RCR de 45 minutes à son arrivée à bord. Pour la jeune femme, il s’agissait d’« un rappel d’une formation suivie auparavant, mais qui m’a permis de me remémorer les gestes à poser en situation réelle. Position latérale de sécurité, massage cardiaque, défibrillation… » elle a été testée sur différentes mises en situation. « On m’a demandé ce que je devais faire si je trouvais une personne évanouie dans l’abri des femmes, ce que je devais dire à la radio pour alerter l’équipe, comment faire un massage cardiaque à un bébé… même si lors de ma mission, je n’ai pas eu à l’appliquer, j’ai trouvé cela vraiment utile ! » 

Crédit photo : Flavio Gasperini / SOS MEDITERRANEE

Federica n’a pas eu la même expérience. Elle faisait partie de la mission de mars 2024 où un « plan d’urgence médicale » a été lancé en raison de plusieurs personnes inconscientes retrouvées sur l’embarcation. « C’était clairement la formation que j’étais le plus contente d’avoir suivie en amont, d’autant que l’équipe médicale m’a demandé de la seconder… J’ai dû transporter des personnes sur la civière à leur arrivée sur le navire, découper les vêtements qui étaient imbibés d’eau et d’essence1, donner à boire à des personnes déshydratées, savoir placer les personnes en position latérale de sécurité… » Travailleuse humanitaire avant d’arriver chez SOS MEDITERRANEE, Federica avait pourtant connu des terrains difficiles, « mais je n’étais jamais intervenue sur des tâches médicales… heureusement j’étais préparée, je savais quoi faire sans avoir à réfléchir ! » 

Les étapes à connaître 

« Avant de procéder à une réanimation, on rappelle aux apprenant.e.s les trois actions à poser : écarter le danger, vérifier la réaction et appeler à l’aide » rappelle Dominika. Puis chaque personne peut s’exercer sur un mannequin à effectuer la RCR, ou encore mettre en position latérale de sécurité un.e collègue qui joue la personne inanimée ». 

  1. ÉLOIGNER LE DANGER.  

Lorsqu’on trouve une personne inconsciente, la première chose à faire est de vérifier l’environnement pours’assurer que tous les risques sont neutralisés : présence de produits chimiques, d’électricité, de feu, d’objets contondants…  
 

  1. SOLLICITER UNE RÉACTION.  

Quand l’environnement est sécurisé, on doit ensuite vérifier si la victime réagit, par exemple en lui demandant si elle vous entend, en lui secouant l’épaule, en l’appelant par son prénom….  

  1. APPELER L’ÉQUIPE MÉDICALE  

Si elle ne réagit pas, les équipes de l’Ocean Viking ont pour consigne d’immédiatement appeler l’équipe médicale par radio en précisant « urgence médicale, urgence médicale », et en indiquant le lieu, par exemple l’abri pour femmes…   

  1. VOIES AÉRIENNES 

En attendant l’intervention de l’équipe médicale, on montre aux « stagiaires » comment ouvrir les voies respiratoires : commencer par incliner la tête vers l’arrière et ouvrir la bouche de la victime en maintenant le menton.  

  1. RESPIRATION 

Dans cette formation très pratique, on s’entraîne à percevoir l’expansion de la poitrine sur un.e collègue. Se soulève-t-elle ? Redescend-t-elle ? Si la personne respire, il faudra alors la mettre en position latérale de sécurité (PLS) 

« Si la victime ne respire pas, les apprenant.e.s doivent commencer la RCR » explique Dominika. Une formation qu’on doit parfois mettre en œuvre quelques jours plus tard.  

  1. CIRCULATION : réanimation cardio respiratoire 

On indique comment positionner ses mains, bien au centre de la poitrine.  

Puis, cette fois sur un mannequin, on leur demande d’appuyer vigoureusement sur le thorax à 30 reprises (pour un adulte) à raison de 100 à 120 pressions par minute. « Pour trouver le bon rythme, je leur rappelle la chanson disco des Bee gees « Stayin’ Alive ». Les compressions doivent s’enfoncer au tiers du thorax environ puis il va remonter à sa position initiale » précise Dominika.  

La formation comprend aussi l’utilisation d’un respirateur artificiel (ou ventilateur).  Mais en général, les équipes médicales sont déjà sur place pour s’en charger ! 

L’une des manœuvres qui a le plus impressionné Federica est  la RCR sur les nourrissons, faite avec un « bébé-mannequin. Rebecca, la sage-femme, nous a enseigné comment faire les pressions seulement avec les pouces (et non toute la main). Dans ce cas on doit faire 15 pressions pour 2 ventilations » se souvient-Federica.  

« Pour les victimes de noyade et les enfants, on commence toujours par cinq ventilations de secours » complète Dominika. 

  1. DÉFIBRILLATION  

Prochaine étape : apprendre à se servir d’un appareil de défibrillation externe automatisé, Il s’agit simplement de suivre les instructions audios qui décrit comment appliquer les électrodes et analyse le cœur, avant d’envoyer les décharges électriques si cela est nécessaire. Là encore , ce sont habituellement les équipes médicales qui s’en chargent, mais en cas d’afflux massif de blessés, tout le monde doit pouvoir le faire. 

Après les formations théoriques, ces formations très pratiques opérées sur le navire sont essentielles car elles permettent de réagir très rapidement en cas de problème : « et même si ce n’est pas nous qui devons le faire, le simple fait de l’avoir appris nous permet d’être plus efficaces si l’on doit donner un coup de main aux équipes médicales » ajoute Federica. 

Pour Dominika, enfin, à terre ou en mer, cette compétence peut sauver une vie et tout le monde devrait suivre ce type de formation : « toute personne désireuse d’en savoir plus devrait s’adresser à la Croix-Rouge locale pour suivre un cours de premiers secours de réanimation ». 

Illustrations : Raphaelle Bénar / SOS MEDITERRANEE 

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